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MEMOIRES

SUR LES

ANIMAUX SANS VERTÈBRES.

DE L'IMPRIMERIE IDE CRAPELET.

MEMOIRES

SUR LES

ANIMAUX SANS VERTÊBRES;

PAR JULES-CÉSAR SAVIGNY,

MEMBRE DE l'iNSTITUT d'ÉGYPTE ET DE l'oRDRE ROYAL DR LA LÉGION d'honneur, DE l'aCADÉMIE DE MARSEILLE, DE LA SOCIÉTÉ WERNERIENNE d'ÉDIMBOURG.

Patientia.

SECONDE PARTIE.

Description et Classification des Animaux invertébrés , non articulés, connus sous les noms de Mollusques, de Ra- diaires , de Polypes , etc.

PREMIER FASCICULE.

Mém. I' 3. Recherches anatomiques sur les Ascidies composées rt

sur les Ascidies simples. Système de la classe des Ascidies.

24 PLANCHES.

A PARIS,

Chez C. L. F. PANCKOUCKE, éditeur du Dictionnaire des Sciences médicales et de la Flore médicale , rue et hôtel Serpente, n* 16.

1816.

PREFxVCE.

Les observations consignées dans les deux parties de ce Recueil ont la même origine; les unes et les autres ont été entreprises dans la vue de donner à l'histoire des animaux invertébrés de l'Egjpte plus de précision, et d'y ajouter quelques déve- loppemens.

L'exécution , la gravure des dessins, sont deux points importans pour lesquels j'ai été puissamment secondé. L'insuffi- sance de mes collections m'eût cependant forcé d'abandonner ces recherches, si plu- sieurs savans français et étrangers n'eussent pris plaisir à y suppléer. Quels secours n'ai-je pas trouvé dans la bienveillance des illustres zoologistes qui, après avoir été mes maîtres, veulent bien être mes amis ! Leurs noms, cités à toutes les pages de ces Mémoires, prouvent l'intérêt qu'ils n'ont cessé d'y prendre, et la juste recon- naissance que je leur dois.

VJ P R E F A C K.

J'ai le plus vif désir de faire paraître deux à trois cahiers chaque année. Quel- ques personnes me proposaient d'en con- tracter l'engagement vis-à-vis du public; mais je m'y suis refusé. Des obligations trop impérieuses paralysent les facultés; elles semblent altérer la volonté même. Si les bonnes observations sont le fruit de la patience, elles sont aussi celui de la pleine et entière liberté. J^enena servitus, Ubertas ponia.

PREMIER MEMOIRE.

OBSERVATIONS

SUR LES ALCYONS GÉLATINEUX A SIX TENTACULES SIMPLES;

Lues à la première Classe de l'Institut, le 6 février i8i5.

J-JA classe des Polypes est la moins connue peut- être de celles que comprend le règne animal , et cependant aucune n'est étudiée avec plus d'ar- deur. Mais les obstacles qu'elle oppose aux pro- grès de la science sont innombrables. Le Pol3^pey retiré au sein des eaux, souvent au fond des mers, presque toujours infiniment petit, mou, irritable , contractile , changeant de forme au moindre mouvement, quelquefois libre, mais plus ordinairement engagé, enveloppé dans un corps commun à plusieurs individus; le Polype, jouissant de la vie et de ses facultés, échapyie de mille manières à l'œil et au scalpel de l'obser- vateur. Le Polype mort est robjct d'un examen

I

2 l" MÉMOIRE. nESCRIPTIOT»r

p]us facile sans cloute, mais aussi plus sléille. Ces nombreuses dépouilles qui encombrent nos cabinets, réduites aux parties solides, incom^- plètes, altérées , ne donnent sur les êtres auxquels elles sont substituées que des notions imparfaites : les méthodes qui en résultent, quelque belle ordonnance qu'elles présentent , n'étant point fondées sur des principes absolument certains , l'éunissent quelquefois dans un même genre les êtres de la nature la plus opposée. Les Alcyons décrits par les zoologistes modernes nous en offrent un singulier exemple.

Il y a dans ce genre des espèces qui n'ont ni estomac, ni bouche, ni tentacules, qui ne sont ni des Polypes composés , ni des Polypes simples , et auxquelles on pourrait, à bon droit, contester jusqu'à la vie animale; il y a des espèces évidem- ment douées de cette vie, et qui se présentent sous la forme de vrais Polypes, c'est-à-dire, qui ne possèdent que des organes encore peu nombreux , et des facultés assez limitées ; enfin , il y a des es- pèces pourvues de facultés plus étendues , et don t l'organisation est déjà même tellement compli- quée , que, si l'on avait égard au caractère essen- tiel de la classe des Polypes , il faudrait les en retirer, et les associer à des animaux d'un ordre plus élevé.

ce Le Polype, dit M. de Lamarck, est un petit y> animal à corps allongé ^ gélatineux, n'ayant in-

DES ASCIDIES COMPOSÉES. 5

» léuieurement aucun autre organe spécial qu'un )) sac alimentaire pourvu d'une seule ouverture, )) et séparé de la peau par du simple tissu cellu- laire». Les animaux particuliers des Alcyons que je vais décrire sont tout autrement organisés : ils ont le corps composé de deux cavités distinctes ; ils ont des viscères tlioraciques et des viscères îibdominaux ; ils ont pour ces viscères deux ou- vertures séparées; ils ont un organe spécial pour la génération : la plupart ont même sous la peau des vaisseaux très-apparens, des traces non équi- voques d'un système circulatoire.

Parmi les espèces d'Alcyons connues ^ je pense qu'on peut rapporter à cette famille YAlcyonium ficus, décrit et figuré par Ellis (a) ; VAlcjoniuin ascidioïdes , découvert par Gaîrtner, et publié par Pallas {b) ; et généralement tous les Alcyons géla- tineux ou cartilagineux à six tentacules simples. Ces sortesde productions sont vraisemblablement très-nombreuses. J'en ai observé plusieurs sur les côtes méridionales de la Méditerranée et dans le golfe de Suez. Ce n'est pas ici le lieu de les faire connaître. Je me contenterai d'en décrire quatre espèces, qui présentent des différences impor- tantes, et qui peuvent être prises pour les types d'autant de genres distincts.

(a) Ell,. Corail. , pag. 97, pi. xvi.

{b) Pall. Spicil , fasc. x . pag, 40 , lab. 4.

4 î" MtMÛîi;i:. DESCRIPTION

/, La pl-eiiiicre espèce (ApLiDiUMlobatum) (a)^ fixée communément sur les rochers, produit, en se développant, des masses horizontales, souples , peu épaisses, relevées en lobes irréguliers, d'un gris cendré, couvertes à leur surface d'un nombre infini de points saillans. Ces points on mamelons, examinés à la loupe, paraissent fendus en six l'ayons égaux. Ce sont autant de petites étoiles qui correspondent aux cellules de l'intérieur du polypier. Le centre de chaque étoile commu- nique directement à la bouche d'un Polype, et le nombre de ses rayons indique celui des ten- tacules dont cette bouche est couronnée.

Pour en apprendre davantage, il faut fendre l'Alcyon. On peut alors remarquer que sa sub- stance intérieure est demi - cartilagineuse , et cju'elle contient beaucoup de graviers, parmi lesquels s'étendent, dans le sens de l'épaisseur, les corps charnus des Polypes, qu'on reconnaît aussitôt à leur couleur d'un jaune vif. Ces Po- lypes, moins larges qu'un grain de millet, mais deux fois plus allongés, sont disposés parallèle- ment les uns à côté des autres, et séparés par de minces cloisons. Ils ne tiennent aux parois de leurs cellules que par quelques points, et s'en laissent aisément détacher. Il est donc facile de les isoler, et de chercher à saisir les détails par-

(a) Planche m, fjg. /^ , et planche xvi , fig. i.

DES ASCIDIES COMPOSÉES. 5

ticiilicrsdeleiir organisalion. Je vais lâcher cl en donner une idée.

La boLicIie de cette espèce de Polype est ronde, un peu hexagone , entourée de six tentacules aplatis, courts et pointus : ces petits tentacules sont fixés aux six rayons de l'ouverture de la cellule par une fine membrane, et supportés par un cou cylindrique , rétractile , qui leur permet de s'élever et de s'épanouir à la surtace du polypier , ou de s'abaisser et de rentrer dans son intérieur. Ils ne peuvent d'ailleurs se retirer en eux-mêmes comme ceux des Limaces, et moins encore s'incliner et se plonger dans Festomac , faculté que possèdent ces organes chez quelques autres familles. Leçon , la bouche, les tentacules, sont ici les seules parties véritablement rayon- nantes ; les autres affectent plutôt cette apparence symétrique qu'on retrouve constamment chez les animaux d'un ordre supérieur.

Au-dessous du cou, le corps du Polype est comprimé par les côtés, et il se divise en deux tronçons ou cavités distinctes , qui peuvent prendre les noms de thorax et ^abdomen.

Le thorax, plus court et plus cylindrique que fabdomen, est charnu , opaque, marqué de ner- vures longitudinales, sillonné sur les côtés de quatorze à quinze rides transverses , étranglé sensiblement à sa partie moyenne , enfin épais&i €t tronqué à sa base, dont les deux bords dcs<-

6 1^^ MOIOIRE. DESCRIPTIO:^

ceiiderit obliquement en arrière. Il est aussi un peu bossu près du cou, l'on remarque un tubercule poreux. A ce tubercule aboutissent deux vaisseaux bruns, parallèles, qui parcourent le dos (a) sur sa longueur. La région antérieure du tliorax, ou la poitrine, est également pourvue d'un tubercule rond, et au-dessous elle laisse écliapper un filet membraneux qui pénètre dans la substance du polypier, et se fixe à son écorce. Je nomme ce lilet Yappendice anal. C'est sans doute par son moyen que les animaux particu- liers du même Alcyon communiquent les uns avec les autres, et jouissent en quelque sorte d'une existence commune. A la base de cet ap-

(a) Ces expi-essions c/o5 , ventre, et autres semblables , nécessaires à la netteté de la description , ne doivent pas être prises ici dans un sens rigoureux. L'application que yen ai faite dans ce premier Mémoire a été déterminée par une sorte d'apparence extérieure^ et par la position d'une petite production, \ appendice anal , que je considérais comme le siège du principal sens de ces animaux.'Je la conserverai dans les Mémoires suivans, parce que les régions que je nomme dos et ventre correspondent à celles que MM. Cuvier et Bosc ont désignées par les mêmes noms dans les Biphores, animaux très-voisins des Alcyons gélatineux. Mais si nous voulions comparer et les Biphores et les animaux des Al- cyons en question aux Mollusques bivalves, ces régions seraient obligées d'échanger leurs dénominations : le ventre et la poitrine deviendraient le dos ; la gauche, la droite, etc. Je prie le lecteur de ne pas perdre cette note de vue.

DnS ASCIDIES COTvIPOSÉrS. 7

peiîdice est une assez grande ouverlure qui cor- respond à rorifice intestinal, que je désignerai ci-après sous le nom à^a?ius.

C'est dans la cavité du thorax qu'est situé le principal ventricule, qu'on pourrait ainsi nom- mer le ventricule thoracique. Il m'a paru fait en forme de bourse, et divisé transversalement pardes plis en nombre égal à celui des rides extérieures.

Le thorax est revêtu, surtout par-derrière, d'une peau très-colorée, et son opacité dérobe à l'œil les organes qu'il contient. 11 n'en est pas de même de l'abdomen, dont la peau, extrêmement fine et transparente, laisse apercevoir tous les viscères intérieurs. On peut d'abord distinguer un petit canal membraneux, ondulé, qui descend du ventricule thoracique en se dirigeant vers le dos. Je lui donne par allusion le nom àHntestin grêle. Vers le milieu de l'abdomen, cet intestin se dilate en une poche elliptique, un peu com- primée, dont les côtés, séparés du centre par deux profondes incisions, forment deux cellules oblongues , légèrement courbées , et opposées l'une à l'autre. Cet organe est ce que j'appelle le ventricule abdominal. Après un court trajet , l'intestin se dilate de nouveau en une poche glo- buleuse beaucoup plus petite que la première, en une sorte de cœcuni. Le reste de ce canal , qu'on peut considérer comme le gros intestin y descend jusqu'au bas de l'abdomen \ il se recourbe

8 l'"" MEMOIRE. DESCRIPTION

ensuite comme un si})hon , et va en remontant jusqu'à la poitrine se terminer à Vanus.

11 paraît que la premièie digestion s'opère dans le ventricule thoracique, qui contient souvent des animalcules, tandisqu'on n'en aperçoit jamais dans les viscères de l'abdoinen. C'est un fait que je ne veux pas laisser ignorer; car j'avoue que je n'ai aucune liiunère certaine sur la nature des fonctions de ces divers organes. On peut cepen- dant supposer que les substances grossières et essentieikment indigestes sont revomies par le Polype , à peu près comme elles le sont par certains oiseaux de proie nocturnes, et que les molécules les plus déliées et les plus nutritives sont les seules qui passent de la cavité thoracique dans l'intestin grêle. Cet intestin et le ventricule qui le termine ne contiennent ordinairement qu'une matière liquide et peu abondante. INéan- moinslegros intestin est presque toujours rempli , depuis son origine jusqu'à Tanus, d'une matière assez compacte, quelquefois grumeleuse, plus souvent homogène, d'un gris jaunâtre, moulée par petites masses arrondies ou ovoïdes, mais que, malgré leur forme, on prendrait à tort pour des œufs, ou ])our des amas d'œufs. J'ignore si elles ont dans l'économie de l'animal quelque usage particulier ; je ne les considère ici que comme les excrémens.

L'organe que je crois destiné à la génération

DES ASCIDIES COMPOSÉES. 9

est kmt différent de ceux-ci : il termine inférieu- rement le corps du Polype. C'est un sac oblong, membraneux , quelquefois vide , mais le plus souvent occupé par vingt-cinq à trente corpus- cules oviformes attachés à deux ou trois cordons ondulés. Ces corpuscules sont sans doute des germes, et le sac, un véritable ovaire. Il ne paraît pas communiquer immédiatement avec l'abdo- men. Les germes inférieurs sont ordinairement les plus gros. Je pense qu'à leur maturité le sac s'ouvre, et les laisse échapper par un petit canal qui monte avec le rectum. On trouve en effet souvent un de ces corpuscules engagé dans ce canal, et faisant saillie au-devant du thorax.

Telle est la première espèce. La seconde espèce (PojLYCLiJSUM saturnium) («) , étendue de même sur le sable ou sur les rochers, produit des masses un peu convexes , molles , demi-trans- parentes , violettes , comme irisées , semées d'un nombre prodigieux de mamelons jaunâtres , la plupart groupés autour de quelques grands pores, qui, par leur dilatation et contraction successives , semblent avoir la fonction d'agiter et renouveler l'eau. Après avoir détaché douce- ment l'Alcyon pour l'examiner de plus près, on voit que tous ces grands pores sont autant de centres auxquels aboutissent certains filets mem-

(«) Planche xix, fig. i. Voyez aussi pi. iv, fîg. 2 , et p), XVIII ; fig. I , PoLYCUNUM constellatum.

lO 1*^ MÉMOniE. DESCRIPTIOÎNT

braneiix , qui parlent des mamelons , et que la transparence générale laisse apercevoir (a). On voit de plus que tous ces mamelons sont découpés en six dents , et qu'ils donnent passage , en s'ou- vrant , à de petites étoiles saillantes et mobiles. Ce sont les bouches des Polypes formées d'une ouverture un peu hexagone, et de six tentacules ovales ou lancéolés , aplatis , semblables aux pétales d'une fleur en rose, tous très-cnliers et très -réguliers. Les étoiles rapprochées et groupées autour des pores semblent constituer autant de systèmes particuliers qu'il y a sur l'Al- cyon de pores difïerens. Dans les intervalles qui séparent ces divers systèmes, sont d'autres étoiles plus ou moins isolées.

Au reste , il ne faut pas être surpris de la ten- dance que montrent les animaux particuliers de cette espèce d'Alcyon à se réunir, et à se former en systèmes autour de certains centres. La même disposition est commune à toutes les espèces con- génères de celles-ci. Elle se retrouve même dans des genres étrangers à celte famille, notamment dans les Flustres. Elle est tellement marquéedans lesBotrylles, que, malgréles judicieuses observa- tions d'Ellis (Z>) sur ces animaux composés, chaque

{a) Ces filets ne diffèrent point de f appendice anal, décrit ci-devant page 6.

{U) Er-T,is, Act. angl., vol. 49, part. 2, n" 61 , p. 449, in Scho lia ad observa tioiiojn Schlosseri.

DES ASCIDIES COMPOSÉES. II

système de Bolrjlle est considéré par les zoolu- gisles actuels comme un seul Polype, et chaque Polype comme un seul tentacule. J'ai eu occa- sion d'examiner récemment une très-belle espèce de ce genre , qui m'a été communiquée par M. Desmarets fiis; et je puis assurer que chacun de ces prétendus tentacules est pourvu d'une bouche , d'un intestin , d'un anus , de deux ovaires, en un mot, est un animal très-complet. Ces systèmes si bien ordonnés, et doués de pro- priétés si extraordinaires , ]ie sont pas même nécessaii';s à l'existence particulière des indivi- dus. On trouve toujours quelques animalcules isolés et séparés des autres. Mais je reviens aux Alcvons.

J'ai dit que l'extraction et l'examen des Po- lypes de la première espèce se faisaient sans dif- llculté. Il n'en est pas ainsi des Polypes de la seconde espèce. On le croira sans peine, si l'on se représente que chaque Polype n'est pas contenu dans une seule cellule, mais dans plusieurs ; il y en a une pour le thorax, une pour l'abdomen, \n\Q pour l'ovaire, et ces trois cellules, qui n'ont pas toujours la même direction , ne communi- quent entre elles que par deux fort petits trous. Il résulte de cette disposition singulière, qu'à l'ou- verture du polypier , au lieu d'un seul rang d'animalcules, on croit en voir plusieurs rangs superposés les uns aux autres, et dont laspect

Î2 l"^' MÉMOIRE. DESCRIPTION

présente beaucoup de confusion. Ajoutez que la consistance molle et extensible de l'enveloppe gélatineuse, qui la fait céder à l'instrument tran- chant sans se diviser , s'oppose encore à leur ex- traction.

Quand on est parvenu à se procurer un Polype bien entier, on est étonné qu'un animal si diffé- rent en apparence de l'espèce précédente y soit si semblable en effet par le nombre et l'organisa- tion essentielle de toutes ses parties. La bouche , le cou, les tentacules paraissent conformés de même. Le thorax est relativement beaucoup plus grand ; il présente d'ailleurs la même forme cylindrique , le même étranglement vers le milieu, les mêmes tubercules devant et derrière le cou, les mêmes vaisseaux bruns et ondulés sur le dos, le même appendice à la poitrine, et au-dessous la même ouverture , à laquelle aboutit aussi l'anus : l'ou- verture est seulement plus spacieuse. Dans cette espèce, l'anus sort à peu près au milieu du tho- rax ; mais il y a d'autres espèces voisines de celles-ci, dans lesquelles l'intestin monte plus haut, et s'ouvre plus près du cou. La peau est lâche, et semblable à une tunique par-devant. On voit courir à sa surface et aux bords de son ouverture antérieure quelques nervures , qui descendent des tentacules , et qui s'arrangent avec beaucoup de symétrie. On remarque souvent au- dessus de l'anus une protubérance semblable à un

DES ASCIDIES COMPOSEES. l5

petit jabot , mais qui est loin d'être un jabot véri- table, si elle est produite, comme je le pense, par un germe arrêté dans cet endroit , et non par les animalcules que le Polype peut avoir avalés. Cette espèce en prend néanmoins d'assez gros, et j'ai trouvé dans son premier ventricule des Crustacés à quatorze pattes, qui diflerent par leurs tarses en pinceaux des autres Crustacés connus.

En ouvrant ce ventricule, on voit que son en- trée forme un bourrelet saillant, entouré de douze lilets cylindriques , et recourbés , dont six plus lon<ïs alternent avec les autres. Le même ventri- cule est aussi garni d'un appareil bien propre à le soutenir et à en fortifier les parois. C'est une sorte de réseau transparent, élastique, dont la structure est très-régulière. Il est composé, dans cette espèce, de trente-deux bandelettes, seize de chaque côté -, dans d'autres , de vingt-quatre ou de trente-six, disposées horizontalement à égale distance, et unies les unes aux autres au inoyen de traverses plus étroites. Ces bandelettes se joignent par-devant à un filet simple, et par- derrière elles s'attachent à deux autres filets qui s'étendent le long du dos. Je n'ai observé un semblable appareil que dans quelques espèces de cette famille; mais dans toutes, le thorax offre à l'extérieur des plis saillans , plus ou moins pro- noncés , et je présume qu'ils sont dus à quelque chose d'analogue.

l.\ 1^^ MÔTOIRE, DESCniPTTOX

Uabdomeii, des deux tiers au moins plus petit que le thorax, est attaché à sa base antérieure , et semble n'y tenir que par un fil. On ne peut mieux en cela le comparer qu'au ventre d'un Sphex ou d'une Guêpe. pédicule donne pas- sage cà l'intestin grêle; le ventricule abdominal se montre à travers la peau; il est simplement ovoïde , lisse et charnu. Le gros intestin se recourbe en arrière, et faisant un tour de spi- rale sur lui-même, il monte en suivant le côté gauche de l'abdomen , traverse aussi le pédicule, et se porte au-devant du thorax. Les excrémens sont d'un gris clair, et forment assez souvent unelongue chaîne de globules, cj^ui s'étend depuis le bas de l'intestin jusqu'à l'anus.

De même que l'abdomen est suspendu au tho- rax, l'ovaire l'est à l'abdomen : il s'y attache à gauche par un petit pédicule, et se prolonge sous la forme d'une massue ovale, terminée par un long filet tubuleux. Les germes qu'il contient sont semblables à ceux de l'espèce précédente, et fixée de même à quelques vaisseaux.

Les Polypiers que nous avons examinés jus- qu'ici sont gélatineux ou cartilagineux. Celui de l'espèce dont je vais maintenant parler (Didem- NUM candidum) (a), est plus opaque, et comme fongueux ou spongieux. Il s'étend sur les tiges

(«) Plandie iv, fig. 5 , el plaudie xx , fig. i .

DES ASCIDIES COMPOSEES. 10

des Madrépores , qu'il enveloppe plus ou moins. Les incrustations qu'il y forme sont d'un blanc de lait, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Leur surface est couverte de mamelons saillans, fenduy en six rayons, et disposés à peu près en quin- conce. Les Polypes sont jaunes et très-petits; ils égalent à peine en volume deux graines de pavot : à la vérité, ils occupent seulement deux loges. Il n'y en a qu'une seule pour l'abdomen et Tovaire.

La bouche de ces Polypes ressemble à un en- tonnoir : son limbe ou bord supérieur est dé- coupé en six dents très - simples , écartées et pointues. Le thorax est court, arrondi, sillonné transversalement; le dos très-gibbeux, et divisé par une gouttière longitudinale. La f)oitrine est échancrée au-dessous du tubercule , elle laisse voir l'anus à sa place ordinaire. Elle se prolonge ensuite en un filet auquel tient l'abdomen , qui par conséquent est pédicule comme dans l'espèce précédente ; mais au lieu d'être des deux tiers plus petit que le thorax, il est une fois plus grand. Sa direction est presque horizontale, et sa forme elliptique ; le ventricule abdominal en occupe la région supérieure et postérieure. Ce ventri- cule est ovoïde et charnu. Le gros intestin , après être descendu jusqu'au fond de l'abdomen, se replie en avant, et remonte vers le pédicule, par lequel il passe pour se rendre à l'anus. L'ovaire

l6 1^*^ MOrOIRE. DESCRIPTION"

ne pend point j il est orbiculaire, et appliqué sur le côté gauche de Tabdomen, qu'il dépasse sen- siblement; il contient de très-petits grains. Je n'ai pu me rendre compte de leur disposition ; je suppose qu'elle diffère peu de celle que j'ai observée dans l'espèce suivante.

Celle-ci (Euccelium hospiliolum) (a), qui est la quatrième et dernière, recouvre aussi les Ma- drépores et d'autres corps marins, sur lesquels elle s'étend en petites plaques qui sont d'un blanc laiteux, mais à leur surface seulement, car leur intérieur est mou et transparent comme un« gelée ; il recèle souvent des Crevettes , auxquelles ces Alcyons servent de refuge. J'ai voulu savoir à quoi tenait la couleur opaque et laiteuse de cette espèce et de la précédente , et après en avoir placé quelques fragmens sous une forte lentille, j'y ai découvert une multitude d'atomes lenti- culaires, tout hérissés d'épines, et comme ra- diés. Ces molécules calcaires ne sont pas des corps étrangers à la substance du Polypier, comme on pourrait le croire, et comme le sont en effet les graviers qu'on rencontre quelquefois ailleurs.

Il y a donc une sorte d'analogie entre la troi- sième et la quatrième espèce; mais elles diffèrent sous des rapports très-importans. Les mamelons ovales dont la surface de la quatrième espèce est

(a) Planche iv, fig. 4, et planche xx, fig. a.

DES ASCIDIES COMPOSEES. I7

parsemée ont une ouverture peu ou point appa- rente ; ils ne représentent point des étoiles à six rayons : on aperçoit seulement à travers leur demi-transparence les bouts de huit à dix filels qui seml)lent sortir du ventricule thoraciquc. Les Polypes sont trcs-rapprocliés de la surface do leur enveloppe, et ils n'occupent chacun qu'une seule loge. Leur cou est plus ou moins grêle ; peut-être se déploie-t-il à_ son limbe en six vérita- bles tentacules, mais je n'ai jamais réussi à les voir s'épanouir. J'y ai fait des efforts, et j'insiste sur ce point, parce que la nécessité d'observer ces organes n'est pas assez généralement reconnue. Les naturalistes en font rarement mention dans l'exposition des caractères, et ils semblent n'avoir aucune idée fixe sur leur degré d'importance. Il n'est pas rare de trouver dans un seul genre des espèces à tentacules ailés et à tentacules simples, à tentacules en nombre défini et en nombre indé- fini^disposés sur un seul rang, etdisposés sur plu- sieurs. Cette négligence s'étend sur les espèces elles- mêmes. N'attribuet-on pas au Botrylle étoile des tentacules dont le nombre varie depuis trois jus- qu'à vingt? On croirait que les parties rayon- nantes des animaux composés ne sont soumises à aucune loi constante : elles le sont cependant comme les parties rayonnantes des plantes , comme les organes symétriques des autres ani- maux. Un système des Polypes fondé sur la seule

l8 1**^ MÉMOIRE. DESCRIPTION

considération des tentacules ne serait ni moins naturel ni moins solide que les systèmes établis, par exemple, sur la simple inspection des man- dibules et des mâchoires dans les insectes. On peut poser en principe qu'à certaines exceptions près, qu'il serait facile de déterminer, la dispo- sition, la forme, le nombre des tentacules, ne varient point dans les espèces du même genre, et à plus forte raison dans les individus de la même espèce.

Le cou de celle dont il s'agit ici est supporté par un grand thorax, dont la peau délicate et transparente laisse paraître de chaque côté six à sept lignes transversales, unies par des lignes longitudinales plus étroites, et décèle ainsi l'or- ganisation de son ventricule intérieur ; elle offre aussi deux tubercules supérieurs et deux vais- seaux dorsaux. Le premier intestin est fort court; il aboutit à un ventricule charnu , très -renflé, presque globuleux, qui s'appuie sur le fond un peu prolongé du thorax. Le second intestin des- cend obliquement en arrière ; il éprouve deux étranglemens successifs dans le fond de l'abdomen, se relève ensuite, toujours en arrière, et décri- vrant une anse arrondie , il passe à droite sur la base du thorax pour venir se fixer à son bord antérieur et le suivre jusqu'au sommet. Il est rempli, comme à l'ordinaire, d'une pâte assez fine , jaune ou grise , moulée par petites masses j

DES A-SCiniES COMPOSÉES. I9

mais ce qu'il a de particulier, c'est qu'il parai C aboutir directement à un pore visible, percé sur un des côtés du mamelon, et qui ne peut en effet répondre qu'<à l'anus. Cette disposition suffisamment constatée , et les observations de Gasrtner sur les Distomes (a) m'ont conduit à penser qu'il existait, à la surface de tous les Al- cyons à six tentacules , deux pores pour chaque Polype, un destiné à l'entrée des alimens, et l'au- tre destiné sans doute à leur sortie après l'entière digestion. Le nom à^anus que j'ai donné jusqu'à présent à l'orifice supérieur du gros intestin lui suppose une issue au-dehors. Si cette issue existe réellement, je dois convenir que dans la plupart des espèces elle est si petite ou si exactement fer- mée, qu'elle échappe à toutes les tentatives que l'on fait pour la découvrir.

Il me reste à parler de l'ovaire. Il est orbicu- laire comme dans l'espèce précédente , et appliqué de même contre l'abdomen, mais du côté droit. Il s'en détache facilement. On y distingue presque toujours trois, quatre ou cinq germes disposés en cercle, et attachés à un placenta central.

Si j'ai réussi à mettre quelque clarté dans les descriptions que je viens de lire, on a pu remar- quer que les espèces qui en font le sujet ont des

(a) \oyez la description du Distomiis varioloszis on u4.lcyonium ascidioïdcs , ci-aprùs^ P^o" ^'^'

20 1^^ jWÉMOIRE. DESCllIPTIOX

caractères communs qui pcrmeltcnt de les réunir . en famille, et des caractères propres qui auto- risent à les distinguer en autant de genres. J'éta- blis ces derniers de la manière qui suit :

r"^ Section. Ovaire pendant, inférieur.

1^' Genre , Aplidium. Polype occupant une seule loge ^ abdomen et ovaire sessiles.

Je le divise en deux tribus :

I °. Ovaire plus court que le corps.

2°. 0(^aire de beaucoup plus long que le corps.

a^ Genre , Polyclinum. Polype occupant trois loges f abdomen et ovaire pédicules,

-j.^ Section. Ovaire appliqué, latéral.

5^ Genre, Didemnum. Polype occupant deux loges ^ abdomen pédicule,

4^ Genre , Euccelium. Polype occupant une seule loge ^ abdomen sessile.

Quant aux caractères comnmns à ces divers genres, il suffira, je crois, de rappeler ici les principaux. Je les réunirai, sans aucjin égard pour leur degré ifimportance, sous le titie de

TtTS ASCII>IES COMPOSÉES. 2 E

la famille aux espèces de laquelle on pourrait conserver exclusivement le nom d'Alcyons.

Les ALCYONS ou ALCYONÈESy ALCYONE^.

Polypes simplement agrégés, renfermés dans les cellules d'une enveloppe commune , et n'ayant avec la substance gélatineuse ou cartilagineuse de cette enveloppe que de faibles adhérences. Six tentacules courts et simples. Tronc divisé en thorax et en ab- domen; chacune de ces cavités contenant un ventricule. Intestin abdominal unique, replié sur lui-même, terminé par un orifice distinct. Ovaire compris dans une poche séparée et munie d'un oviductus.

Après avoir rendu la famille des Alcyons à des limites naturelles, je devrais, pour consolider le résultat de mes observations à son sujet , examiner par combien de points importans elle diffère des autres familles de Polypes ; mais cet examen exigerait l'emploi de plusieurs élémens que je ne puis encore réunir. Je me contenterai d'observer qu^elle est très-voisine des Botrylles : ce sont , si l'on veut , deux familles d^un même ordre. Elle est, au contraire, éloignée des Alcyo- niuni exoSj A. digitatuni, A. arboreiimyeX. de tous les autres Alcyons arborescens à huit tentacules pinnés. Ceux-ci appartiennent à une famille

?-2 I*' MÉMOIRE. IlESCRIPÏIOiV

parliculièrede Polypes composés, que j'étaLlirai dans le Mémoire suivant {a). Elle ne peut de même avoir que de faibles rapports avec les Po- lypes nus, qui, comme les Hydres, sont tout estomac, et n'ont, suivant les zoologistes, tii ovaires ni intestins distincts. Enfin , il me parait difficile de lui en supposer aucun avec \Alcyo- nîum hursa, déjà réclamé par les botanistes; ni avec les Alcyonium lyncurium et cjdonium , dont M. de Lamarck a fait, je crois, son genre Tétliie(è), genre qui doit, à mon avis, sortir de la classe des Polypes. Mais on peut, jusqu'à un certain point, la rapprocher des Holothuries, comme on peut rapprocher les Alcyons à huit tentacules des Actinies et des Zoanthes. Je dois faire remarquer à ce sujet que M. de Lamarck, avec cette sagacité profonde qui lui est propre, et qui lui fait souvent prévoir et devancer les résultats de l'observation, a placé depuis peu (c)

(«) La famille dont il a'agit comprendra les Pennatulef, Veretilles, Coraux, Gorgones, el les autres Polypes fixes ou floltans, à huit tentacules communément jiectinés.

[h] Ces Tétines diffèrent beaucoup des 7'e//i/« d'Aristote, qui sont précisément les Ascidies dont il est fait mention ci-après.

(c) Dans Y Extrait du Cours de Zoologie du Muséum d'histoire naturelle , sur les Animaux sans vertèbres. Paris, i8i3.

DES ASCIDIES COMPOSEES. îiS

les Alcyons en tête des Polypes , et dans le voi- sinage des Radiairés. A-t-il eu raison d'y mettre de même les Téthies et les Eponges? Je ne le pense pas. L'existence des Polypes, à l'égard des Alcyons, est certaine. Elle est encore douteuse à l'égard des Eponges, quoique d'illustres natu- ralistes aient tenté de l'établir par dea raisonne- mens présentés avec beaucoup d'art , mais qui ne sauraient balancer le témoignage des sens. Pourquoi n'admettrait-on pas une classe d'êtres privés d'organes pour la digestion et le mouve- ment spontané, et conservant, sous cette appa- rence propre à la plante, quelques signes d'irri- tabilité? Ces êtres, parmi lesquels prendraient place les Eponges, les Téthies, et tant de genres qui leur sont analogues, mériteraient, à plus juste titre qu'aucun autre, le nom de Zoophytes. Leur existence dans la nature peut n'être encore que vraisemblable ; mais tout me porte à croire que des observations prochaines et décisives viendront la confirmer (a).

(a) Le lecteur que ce point intéresse peut consulter , clans l'ouvrage sur l'Egypte , les planches qui représentent les Eponges et les autres productions de même nature^

SECOND MEMOIRE.

OBSERVATIONS

SUR LES ALCYONS A DEUX OSCULES APPARENS , SUR LES BOTRYLLES ET SUR LES PYROSOMES ;

Lues à la première Classe de l'Inslitut , le i*' mai 181 5 (a).

A.PRÈS avoir exposé mes observations sur les Alcyons à six tentacules, je me proposais de passer aux Alcyons qui en ont huit; mais je suis obligé de revenir sur les premiers. La Classe, en me permettant de lui communiquer mon travail, m'a fait acquérir les moyens de le perfectionner. Les nouveaux faits que je vais lui soumettre sont dus à la bienveillance dont m'honorent ses membres , et aux secours inattendus que quel- ques-uns d'entre eux m'ont généreusement accordés.

Dans mon premier Mémoire j'ai prouvé que

{a) Ce Mémoire a été présenté le 17 avril; mais les travaux de la Classe en ont fait dillérer la lecture.

26 2* MÉMOIRE. SUITE

les Alcyons à six tentacules simples avaient nne organisation compliquée , différente de celle que l'on suppose essentielle à tous les Polypes ; que leur bouche communiquait d^abord avec une pre- mière cavité, qui pouvait prendre le nom de pe?i' tricule thoracique ; qu'un seul intestin partait de cette cavité pour se rendre à une autre, que j'ai nommée ventricule abdominal } qu'au sortir de ce second ventricule, l'intestin, toujours unique, mais plus gros , se recourbait et remontait vers la surface du Polypier, sous laquelle il se terminait par un orifice distinct ou un anus. J'ai de plus observé que ce gros intestin était communément lempli d'une matière demi-liquide, divisée par petites masses , et ressemblant à des excrémens. Enfin , j'ai remarqué que l'évacuation de ces ex- crémens ne pouvait s'efïèctuer que par une ou- verture extérieure correspondant à l'anus. Or^ cette ouverture, indiquée d'une manière équivo- que sur quelques espèces, demeurait invisible sur toutes les autres. Des organes , si semblables en apparence à un système digestif, auraient-ils eu une autre destination ? La difficulté était fâ- cheuse , mais l'amour de la vérité ne me permet- tait pas de la dissimuler.

Il existait: une espèce dont l'examen aurait éclairci mes doutes. Je veux parler de VAlcjo- nium ascidioïdes ^ que Gaertner avait réuni a quelques Ascidies , et compris dans son genre Di-

TtLS ASCIDILS COMPOSAIS. 27

stoj7ius , parce qu'il avait observé à la surface de ce corps des cellules proéminentes , pourvues chcicune de deux oscules ou petites bouches. En supposant le fait exact, un des deux oscules ne pouvait que servir d'anus; mais deux ouvertures parfliitement semblables , et couronnées égale- ment de six raj^ons , ne répondaient-elles en effet qu'à un seul animal?

Cette question est aujourd'hui résolue. J'ai observé, dans la collection de M. Cuvier, deux espèces d'Alcyons gélatineux, qui méritent, aussi bien que le précédent , le surnom à^ascidioïdes^ parce que leurs petits animaux ont, de même que les Ascidies , deux ouvertures tubuleuses , semblables pour la forme, quoique leurs rela- tions soient très-ditrérentes , puisque l'une con- duit à la bouche, et l'autre à l'anus. L'examen de l'organisation intérieur de ces Alcyons à deux oscules m'a prouvé qu'elle ne différait point de celle des Alcyons précédemment décrits. Il est donc démontré par l'analogie , que les espèces d'Alcyons pourvues de six tentacules simples, quel que soit le nombre des oscules apparens, en ont toujours deux à chacune de leurs cellules.

La position et la forme de ces ouvertures , lors- qu'elles sont également visibles , et qu'elles sur- montent des cellules elles-mêmes proéminentes, donnent aux Alcyons gélatineux l'aspect général des ascidies. Il parait certain que les rapports de

aS 2* MÉMOIRE.

SUITE

ces animaux entre eux ne se bornent pas à celle apparence extérieure, et que leur analogie s'étend très-loin. M. Cuvier, en examinant avec moi les dessins relatifs à mon premier Mémoire , a cru y Toir une organisation rapprochée de celle des Ascidies de sa quatrième division. La comparai- son que nous avons faite aussitôt de ces dessins et de ceux qu'il avait lui-même exécutés pour l'anatomie des Ascidies, a confirmé ce soupçon {a). 3'ai donc dirigé mon attention-de ce côté ; et après avoir comparé de nouveau sur la nature les Ascidies et les divers genres d'Alcyons gélati- neux, scrupuleusement organe par organe, je me suis convaincu qu'il manquait peu de chose à leur parfaite ressemblance, et que l'analogie se soutenait dans presque tous les points.

Ainsi le ventricule thoracique des Alcyons ré- pond au sac ou ventricule branchial des Ascidies. Son entrée est garnie des mêmes filets- sa struc- ture présente de même des vaisseaux longitudi- naux, se croisant à angles droits avec des vais- seaux transverses, qui tiennent par un bouta une veine, et par l'autre vraisemblablement à deux artères pulmonaires : on doit donc penser qu'il sert aussi à la respiration . Ce qu'il y a d e singulier y

(ci) Le 17 février 181 5. Ce résultat, que sa parfaite évi- dence rendait intéressant^, était connu huit jours après de tous les zoologistes de la capitale. Jj

DUS ASCIDIES COMPOSÉES. P-Q

c'est la quantité cranimalcules dont ce vcnhiculc respiratoire est souvent rempli et gonflé. Un fait non moins remarquable , est la grosseur et la soli- dité que ces vaisseaux , si fins dans les Ascidies, prennent dans quelques Alcyons. On en aura une idée quand on saura que le réseau , presque carti- lagineux , que j'ai trouvé chez certaines espèces, et dont j'ai donné ci-devant une description dé- taillée, n'est autre chose que le tissu vasculaire de leur sac branchial.

L'ouverture, couronnée de six tentacules, par laquelle l'eau et les alimens s'introduisent dans la cavité du thorax, ne peut être comparée qu'à l'orifice branchial des Ascidies , lequel est aussi quelquefois marqué de six plis. D'après ce prin- cipe, la véritable bouche du Polype serait, comme dans l'Ascidie , non l'orifice qui reçoit les ali- mens du dehors , mais la petite ouverture qui les transmet immédiatement au tube intestinal. Néan- moins, comme cette ouverture, située au fond du sac branchial (a), n'a point de lèvres, onpour-

(a) La bouche des Ascidies et des animaux que je leur compare est placée vers l'extrémité inférieure de la veine branchiale, à sa droite, et fait face au dos ou aux deux artères. Sa position , relativement à la cavité, est tantôt plus haute, tantôt plus basse : on peut dire qu'elle n'est jamais au-dessus de son milieu, mais qu'elle est très-rarement à son extrême fond, surtout dans les Ascidies ordinaires;

5o 2e MÉMOIRE. SUITiî

rait lui appliquer le nom de pharynx, et laisser celui (le bouche à Torifice extérieur, dont les tentacules ou rayons charnus représentent en i effet les tentacules des Polypes proprement dits , et les lèvres des Mollusques bivalves. On suppo- serait alors le ventricule branchial formé par vnie dilatation de la partie du tube alimentaire bîLuée entre les lèvres et le pharynx {a).

Le premier intestin , que j'ai nommé intestin grêle , doit être considéré comme un œsophage, et le ventricule qui lui succède comme un véri- table estomac. J'observe cependant que ce ven- tricule, lorsqu'il est profondément divisé , diffère beaucoup du renflement qui constitue l'estomac de l'Ascidie. D'ailleurs chez celle-ci l'estomac est souvent enveloppé dans un foie volumineux, et les animaux en question n'ont pas de foie bien distinct, ou s'ils en ont un épais, et faisant masse comme celui des Pyrosomes, il est autrement placé. Leur intestin , après être remonté sur lui- même, se termine toujours par un anus libre , exactement comme dans les Ascidies, chez les-

d'où il suit que les artères branchiales , qui aboutissent aussi vers la bouche , sont presque toujours notablement plus longues que les veines.

[à) Pour éviter 1 équivoque, je substituerai souvent an mot hoiic/i,? le mot pharynx.

DES ASCIDIES COMPOSJÉES. 3i

quelles l'extrémité du rectum flotte sous l'orifice destiné à Tévacuation des excrémens (a).

La cavité qui contient les intestins, ou l'abdo- men, n'est pas placée de même dans les deux familles. Les Ascidies ont l'abdomen latéral , je veux dire qu'il est entièrement appliqué sur un des côtés du sac branchial , dont il ne dépasse point la base. Les Alcyons gélatineux, au con- traire, ont l'abdomen inférieur, et souvent même il est pédicule. Le rectum est la seule partie du tube intestinal qui s'appuie sur le thorax. Il y a néanmoins quelques Ascidies, telle que V^Isci- dia lepadiformis et VA. clavata, dont l'abdomen se rapproche par sa position de celui des Alcyons,

L'ovaire de ces derniers est toujours unique , tantôt appliqué sur le côté de l'abdomen, tantôt pendant au-dessous. Celui de plusieurs Ascidies est double; il y en a un de chaque côté du corps. Nous trouverons aussi un ovaire double dans les Botrylles et dans les Pyrosomes.

Tous ces petits animaux composés sont com^ plètement hermaphrodites. Leurs œufs sont des germes susceptibles de se développer sans fécon- dation préalable, du moins apparente. Ne peut- on pas en dire autant des Ascidies , et même de

{a) Cet orifice dans les Ascidies n'a point de filets comme l'autre, mais deux replis en forme de valvules, ou un simple repli cii'culaire.

'6l MÉMOIRE. SUITE

tous les Mollusques acéphales. Eu cela , cette classe cl'etres semble se rapprocher des Polypes autant quelle s'éloigne des autres Mollusques.

J'ai dit qu'on observait aux animaux des Al- cyons gélatineux , deux tubercules , un entre le cou et l'appendice de l'anus , et un autre derrière le cou le premier ou l'antérieur , qui se retrouve dans les Ascidies (a) , près de leur ganglion , m'a paru sur les Alcyons avoisiner également un gan- glion logé dans l'épaisseur de la tunique ; ce gan- glioaestunpeu allongé, et fournit quelques filets qui se dirigent en sens contraire : les uns se portent à l'anus , les autres vont au cou du ven- tricule tlioracique. En un mot, ce qu'on aperçoit du système nerveux des Alcyons, des Botrylles et des Pyrosomes, rappelle entièrement celui des Ascidies. Il en est de même du système sanguin , quoiqu'on ne puisse assurer que l'identité soit complète , car le cœur de ces petits animaux est encore à trouver.

Du côté du corps opposé à l'anus , entre les deux bords des branchies , on voit dans l'As-

(a) Il y jjavaîj, composé d'un filet roulé sur lui-même , et décrivant plusieurs spirales. C'est au-clessoiis de ce tuber- cule que leurs veines branchiales se rapprochent, non pour s'appliquer simplement l'une conlre l'autre, mais, à ce qu'il parait, pour se l'éunir en nn seul tronc. Le tubercule situé à la naissance des artères brancliiales , vis-à-vii le pi-écédent j n'est visible que dans quelques espèces.

I>ES ASCIDIES COMPOSÉES. 55

cklie qualre cordons jaunâtres, droits ou ondu- lés, qui descendent du tubercule postérieur, et vont aboutir à une fossette située tout près du pharynx. Ces cordons occupent le profond sillon qui sépare les deux artères branchiales , et dont les bords se ferment sur eux. Ils sont d'une sub- stance molle ou friable , se détachant sans diffi- culté, et se divisant et subdivisant de même, surtout en travers. Les deux cordons extérieurs paraissent quelquefois composés d'une série non interrompue de lamelles minces et demi-circu- laires ; ils sont plus gros que les intérieurs, et bordés de deux autres filets. Je crois m'être aperçu que ces cordons si délicats n'étaient plus apparens dans les individus malades ou moins nourris que les autres. Quoi qu'il en soit , ils jexistent dans tous les Alcyons : c'est à leur pré- sence que sont dus les vaisseaux bruns et ondu- lés que nous avons vu parcourir le dos de chaque espèce dans le sens de sa longueur.

La peau ou tunique qui enveloppe ces sortes de Polypes , sans adhérer aux parois de leur cel- lule , ne diffère pas de la tunique propre des Ascidies, laquelle ne tient , comme on sait, à leur manteau cartilagineux que par le pourtour des deux orifices supérieurs. Les bandelettes muscu- hures, nécessaires à sa contraction , constituent les nervures longitudinales que nous y avons re- marquées.

3

04 '-i^ MLMOIRE. SUITE

Enfin, le Polypier, c'est-à-dire, le corps car- tilagineux qui contient les Polypes , est leur manteau; c'est du moins un manleau analogue à celui des Ascidies , et nourri des mêmes vais- seaux. On ne peut trouver deux corps dont la substance, la contexture soient plus semblables. Mais je crois que le véritable manteau des Asci- dies est leur tunique intérieure et musculeuse , et que le sac cartilagineux et extérieur, auquel on donne communément ce nom , est, de même que le Polypier des Alcyons , plus analogue au test des Mollusques bivalves (a).

Une ressemblance si soutenue prouve qu'on peut considérer les Polypes des Alcyons à six tentacules comme de petites Ascidies réunies eu société, et dont les facultés sont coordonnées et soumises à de certaines lois. C'est un pliéno- / mène digne d'attention que cette propension de la nature àraproclier des individus de la même espèce , et à régler tous leurs mouvemens de ma- nière à les faire concourir à une action com- mune. Quand ils sont libres et agiles comme les Guêpes, les Fourmis, les Abeilles, elle les unit par l'instinct. Quand ils sont privés de sens actifs et d'organes propres à changer de lieu , elle les enchaîne par des liens plus matériels , dont les

(a) M. Cuvier compare aussi le sac extérieur des Asci- dies ù la coquille des Bivalves.

Dl-S ASCiniES COMPOSÉES, 55

eiTets cîifFèrent de ceux de l'instinct , mais ne sont ni moins certains, ni moins admirables. Ces associations intimes ne sont donc point la pro- priété exclusive d'une seule classe d'animaux. Il est à croire que les êtres agrégés ou composés , aujourd'hui compris sous la dénomination de J*oIjpes , appartiennent à des familles souvent très éloignées, et qu'ils montreront une diversité d'organisation à laquelle on ne s'attend guère, à mesure que les observations se multiplieront.

Les genres que je dois ajouter à ceux que j'ai précédemment établis, parce qu'ils s'en rappro- chent par leur organisation compliquée, sont au nombre de six : deux nouveaux , Diazona et SiGiLLiNA ; et quatre déjà connus , Disïoma ,

SyNGÏCLtM (a), BOTRYLLUS etPYROSOMA.

Le genre que je nomme Diazona, a pour type une belle espèce (Diazona violacea) {b) actuel- lement déposée dans la collection de M. Cuvier, et découverte, il y a quelques années, dans le portd'Iviça, parM. Delaroche, jeune observateur^ que son caractère aimable et ses talens feront long-temps regretter. Il l'avait lui-même désignée comme un genre inédit. C'est un corps orbicu- laire, demi-gélatineux, transparent, blanchâtre,

(«) Les genres Distomci et Synoïciiin ne m'ont été coni- niuaiqués que depuis la lecture de ce Mémoire. J'ai cru pouvoir les y £aire entrer pour éviter un supplément.

{h) Planche ii, Gg. 5, et planche xii, Tig. i.

06 MEMOIRE. SUITI-

qui est fixé par une base épaisse à quelque rocher, et dont les cellules proéminentes, incli- nées en dehors, et disposées smr plusieurs cer- cles concentriques, se colorent d'un violet léger, plus foncé à leur sommet ; elles s'élèvent par de- grés du centre à la circonférence , et s'élalent en coupe ou en couronne. Chacune de ces cellules est comprimée , et terminée par deux orifices inégaux, tubuJeux, marqués de six plis, qui, lorsqu'ils viennent à s'épanouir, se transforment en six rayons de couleur pourpre.

Les animaux que leur couleur cendrée fait distinguer à travers la substance gélatineuse des cellules, n'ont pas moins de deux pouces de long; ils sont formés d'un thorax, auquel s'unit, par un pédicule grêle , un abdomen assez court : ou voit celui-ci descendre dans la masse , qui sert de base aux portions proéminentes des cellules , et dont la substance, plus compacte, offre beau- coup de ramifications vasculaires. Le tliorax est oblong, surmonté de deux tubes pyramidaux, que couronnent six tentacules lancéolés, cannelés en dessous. Le tube le plus élevé correspond au pharynx; on sait qu'il en est de même chez les Ascidies, l'orifice le plus saillant conduit à la cavité branchiale (a). Le tube le plus court, qui

[a) Cet orifice clans les Ascidies est aussi plus ouvert que fautre , et souvent couronné de festons plus nombreux.

DES ASCIDIES COMPOSLES. OJ

dans le système général est aussi le moins éloigné du centre des cercles, reçoit l'extrémité du rectunu Des deux orifices descendent sur la tunique environ vingt bandelettes ou nervures muscu- laires, longitudinales croisées par des nervures transverses plus fines. Le tubercule situé entre les orifices, est gros; les vaisseaux dorsaux sont très-colorés , très-sinués. L'entrée du ven- tricule branchial est garnie de quelques filets déliés , inégaux , les grands et les petits alternant ensemble; son réseau peu régulier, composé de vaisseaux ondulés, formant des mailles inter- ceptées par des vaisseaux longitudinaux très- grêles. L'œsophage descend de la base antérieure du thorax ; il s'unit au gros intestin pour pro- duire ce long pédicule auquel est suspendu l'ab- domen : il est toujours vide; ainsi les alimens ne s'y arrêtent point. L'estomac est médiocre , peu charnu, quoique glanduleux, de même qu'une portion de l'intestin, qui m'a paru garni un peu au-dessous du pylore de petits tubes ver- dâtres, simples, bifides ou trifides, probablement hépatiques. Cet intestin se recourbe bientôt en devant, et remonte directement vers l'anus : il est rempli d'excrémens d'un gris clair, réduits en filamens au-dessous du pédicule, mais au- dessus moulés en cinq à six petites masses. L'ovaire est une poche placée dans l'abdomen , et entourée par l'anse de l'intestin. Il est attaché

'J.^ MEMOIRE. SUITE

à un corps irrégulier, compacte et blahclialre. Les oeufs qu'il coulient, el qu'on aperçoit du côlé gaii- (lie, sont nombreux, petits et lenticulaires. L'ovi- ductus suit visiblement le pédicule de l'abdomen pour se rendre à l'anus.

L'espèce que je donne comme exemple d u genre DisroMA (D.rubrum) («), parce qu'elle me paraît absolument congénère du Distomusvariolosus de Gaertner {h\ dilTère beaucoup de la précédente par l'aspect général , quoique la conformation , la dis- position même de ses petits animaux semblent l'en rapproclierinfiniment. Elle offredes massesdemi- cartilagineuses, irrégulières, aplaties, d'un rouge vineux, garnies sur les deux faces de cellules un peu proéminentes, que les animaux qu'elles contiennent colorent en jaune. Ces cellules se présentent à l'extérieur sous la forme de mame- lons ovales, pourvus, à chaque bout, d'un oscule

(«) Planche iii^ fig. i , et planche xiii, fig, i.

(ô) Distonius variolosus.

(c Crusta coriacea , tenax , crassiusoulct , sub tus plana , 5) supra verrucis crebris, variœque magnitudinis consper- D) sa, coloris vel dilate rubicundi, velex croceo albicantis.

» Verrucce seu tubercula maximani partein ovalia eC » ex croceo rubrasunt; singulum autem duplici perj'o- 5) ratum est orificio minimo coccineo , quod turgidulus. )) rnargo ejusdeni coloîis atque sex distinctus radiis , f) quasi in tôt discissus fuerit dentés cingity). Gj:rtn. apud¥\ï.L.. Spicii. ZooL, fasc. x.

DlîS A SCI m ES COMPOSÉES. 3(j

pourpré, fenclu. en six raj^ons. Elles sont tan lofe très-pressées , tantôt moins ; et Ton voit alors qu'elles se disposent par groupes circulaires, plus ou moins complets, mais dont la circonférence est toujours occupée par le gros bout et le grand oscule de chaque mamelon.

Les animaux sont grêles , composés d'un petit thorax, auquel un abdomen , un peu plus grand et en massue, tient par un long pédicule, qui se recourbe comnninément en arrière. Le thorax est cylindrique , oblique à sa base , surmonté d'un cou pyramidal, dont l'ouverture est ronde et découpée en six tentacules courts et obtus. La tunique a , de chaque côté , quelques ner- vures musculaires, longitudinales, fines, et ré- gulièrement espacées. Les vaisseaux du dos sont très-ondulés, et le tubercule postérieur paraît plus gros que l'antérieur. La mollesse et les si- nuosités des parois de la cavité branchiale n'en laissent pas distinguer le tissu. C'est de sa base antérieure que descend l'œsophage ; il est fort mince, et parvient à un estomac charnu , sim- plement ovoïde. Au-dessous du pylore, l'intestin , d'abord un peu renflé, se dirige bientôt en arrière,, en formant une autre poche oblongue, qui occupe le fond de l'abdomen ; il se relève ensuite , monte sur le côté droit de l'estomac , suit le pédicule ou l'œsophage, et va s'ouvrir un peu plus haut, sous un tube cylindrique, dont l'ouvei ture et les tenta-

4o 1^ MÉMOIRE. SLITE

cnîes imitent parfaitement ceux de l'orifice tîiora- cique. L'ovaire est latéral comme clans le genre Diazona , mais il est placé à droite, et au lieu d'être compris dans l'anse intestinale, il la recou- vre entièrement : les œufs sont grands, au nombre de quinze à vingt, et disposés par lignes régulières. On en voit souvent de plus gros que les autres, qui sont déjà engagés dans la base de l'oviductus. Celui-ci monte avec le rectum, et le dépasse 5 son bout supérieur est presque toujours occupé par un de ces gros germes , qui fait saillie sur le devant du thorax , au-dessus de Fanus.

Cette espèce m'a offert un phénomène que j'ai aussi remarqué sui**quelques autres, notamment sur les Aplidium , dont les cellules sont pro- fondes. A l'ouverture du corps gélatineux, on voit, souvent avec surprise, que les petits animaux qu'il contient sont à plusieurs lignes de distance delà surface extérieure, comme s'ils n'avaient aucune communication au-dehors. La véritable cause de ce phénomène me paraît exister dans la contraction violente et subite de ces animaux Éj plongés dans l'alkool, contraction qui rompt leur adhérence avec les oscules de l'enveloppe , et qui les repousse au fond des cellules. Un accident ana- logue arrive quelquefois à Y Ascidia intestinalis. Le genre que j'appelle Sigillina s'éloigne plus des Ascidies que les précédens. Je n'en con- nais de même qu'une seule espèce ( Sigijllina.

PES jiSCIDIJiS COMPOSEES. /jl

niistnilis) (a) ; elle a été trouvée sur la côte sud-ouesl de la Nouvelle-Hollande, à une pro- ibndeur de vingt brasses. Elle consiste en des cône^' allongés, gélatineux, demi-transparens, supi^ortés et fixés par des pédicules plus grêles, 11 j^araît que ces cônes sont souvent rapprochés, Q^ groupés en faisceaux. Leur surface est garnie alemamelons ovales, colorés par les petits animaux qu'on aperçoit au travers, et pourvus de deux oscules fendus en six parties. L'oscule inférieur, ou le moins éloigné de la base du cône , répond la bouche , et est toujours le plus grand des deux.

Le thorax, plus court du double que l'abdo- rtien qui le termine, a la forme d'un demi-globe, ou d'un globe aplati en dessus, comprimé par les côtés; il est roux et opaque; sa partie plate , qui est entourée d'un large anneau blanc -laiteux , laisse voir les orifices un peu tubuleux de la bouche et de l'anus, et les deux tubercules. L'ori^ fice de la bouche occupe le centre ; il est cou- ronné de six tentacules arrondis. L'orifice de l'anus , découpé en six dents obtuses , est sur le bord antérieur; le plus petit tubercule est entre les deux orifices , et le plus gros sur boid pos- térieur. Les cordons colorés et ondulés qui par- tent de celui-ci, décrivent deux demi -cercles

(ci) Planche m, fig. -2, et planche xiv, fig. x.

42 2*^ MÉMOIRE. SUITE

saillans avant de gagner rabclomeii. Le ventricule branchial a quatre ou cinq grands vaisseaux circu- laires , qui s'unissent par des vaisseaux longitu- dinaux très-déliés. Son entrée est garnie de douze filets tenlaculaires, disposés sur deux rangs, et surmontés d'un anneau nieinl)raneux ; les filels supérieurs sont plus courts que les inférieurs , avec lesquels ils alternent. A l'extérieur , le contour du thorax est marqué de vingt-quatre nervures musculaires, qui descendent de son sommet, et vont en convergeant aboutir au ])harynx. Celui-ci, percé au fond du sac bran- chial , est directement opposé à son orifice supé- ]ieur. L'abdomen n'est pas pédicule ; il est seule- ment rétréci à la base , et un peu en massue. La transparence de la peau permet d'examiner les viscères. On voit que l'œsophage , ou premier intestin, descend tout droit, et qu'après avoir parcouru le premier tiers de l'abdomen , il se renfle en un gros ventricule qui en occupe le second tiers. Ce ventricule est ovoïde, un peu comprimé , divisé de chaque côté en trois j)arties par deux sutures longitudinales. On pourrait donc le croire subdivisé en trois loges ; mais cette apparence «st trompeuse , et il est facile de s'as- surer , en le coupant, qu'il est véritablement uniloculairc. Il est ferme et compacte. Au-dessous de ce vcntiicule, l'intestin se dilate en une poche conique 3 ensuite il se recourbe en arrière , ac-

DUS ASCiniKS COMPOSLLS. /p

quieit, eu rcii'ioiilaiil, i:)Ius de diamètre ; et après avoir traversé obliquement le côlé droit de l'ab- domen ]K)ur suivre le devant du thorax, il se rétrécit de nouveau en arrivant à l'anus. Il ne contient jamais que peu d'excjémens.

L'ovaire est un long filet tubuleux, pourvu de deux j)etits vaisseaux ; il est d'ordinaire roulé en spirale près de son origine, et un peu dilaté à son extrémité inférieure , qui contient les germes, et qui pénètre plus ou moins dans l'axe du cône et dans son pédicule. Le bout supérieur de ce filet, ou l'oviductus, s'engage sous la peau du côté gauche de Fabdomen, et suit le rectum.

C'est après le genre Sigillina , et dans le voi- sinage des Aplidium, que je placerais volontiers le SynoÏcum (S. turgens) («7) , découvert et publié ]wur la première fois par le capitaine Phipps dans son voyage au pôle boréal , et depuis associé, aussi mal à piopos que tant d'autres espèces , au genre des Alcyons , sous le nom t)^ Alcy onium synoïcum. Il consiste en un groupe de corps cylindriques, demi-cartilagineux, gris, un peu velus, légèrement cannelés, réunis sur une tige courte et dichotome. Ces corps sont renflés à leur sommet , au centre duquel on observe une grande étoile en rose, composée de nombreux rayons, et entourée d'un cercle de petites étoiles à six

[a] Planche m , fig. 5 , et planche xr, fig. i.

[\ \ 2- MÉMOIRE. SUITO:

rayons égaux. Celles-ci, dont le nombre varie de cinq à neuf, correspondent aux bouches des animaux particuliers renfermés dans chaque cylindre ; tandis que la grande étoile centrale , analogue à l'hiatus frangé des Polyclinum, est percée d'un nombre de trous égal à celui des anus.

Les animaux que contiennent les cellules ou les côtes du cvlindre sont rangés circulairement autour d'un axe vertical comme eux. Ils pa— l'aissent très-allongés ; mais l'ovaire qui les ter- mine fait la moitié de la longueur totale. Le thorax et l'abdomen y sont chacun pour un quart. La tunique qui recouvre le tout est une ])eau délicate et transparente , rayée de fines nervures. La cavité thoracique est rétrécie aux deux bouts , droite par-devant , très-renflée par- derrière; son orifice imite une petite fleur tu- buleuse découpée en six rayons , et son cou est garni d'un double cercle de filets tentaculaires courts et renflés. Le réseau est très-visible et très-régulier ; il se compose des deux côtés de quinze vaisseaux demi-circulaires, placés à des distances égales, et unis par des vaisseaux lon- gitudinaux plus déliés. La veine à laquelle ils se réunissent par-devant est frangée d'un égal nombre de petits appendices. Les cordons co- lorés du dos et les deux tubercules se voient comme à l'ordinaire.

Le pharynx est percé verticalement au fond

DI-S ASCIDIES COMPOSÉES. 4^

du Vliorax; il est relevé en bourrelet, marqué de douze plis, et entouré par les deux derniers vaisseaux demi-circulaires des branoliies. L'œso- phage, qui descend tout droit, subit un étran- glement avant son insertion à l'estomac. Celui-ci est ovoïde, tronqué aux deux bouts, charnu, garni de glandes vésiculeuses, et marqué sur le côté droit de quelques plis qui s'étendent du cardia au pylore. L'intestin éprouve , à peu de distance de l'estomac, un renflement tran s verse; il se dilate ensuite en une poche oblongue, après quoi il se rétrécit extrêmement : c'est le point il se recourbe en se dirigeant en arrière. A peine commence-t-il à monter , qu'il se renfle une troisième fois pour donner un gros rectum qui passe obliquement sur le côté droit de l'esto- mac et de l'œsophage, et va se terminer au-devant du pharynx par un anus bifide. L'orifice auquel correspond cet anus se prolonge en un tube dont le bout est obliquement tronqué et fendu en trois dents, sous lesquelles on distingue sou- vent trois petites pointes, qui font voir que ce second orifice a , comme le premier, une tendance naturelle à se partager en six divisions. Les dents les plus longues font partie du limbe de la cavité centrale; de sorte que les rayons de la grande étoile que figure cette cavité sont en nombre trois fois égal à celui des animaux, et par conséquent des petites étoiles qui l'entourent.

46 2* MÉMOIRE. SUITE

LWalre est cylindrique et pendant sous l'ab- domen; il renferme, dans une substance mu- queuse , beaucoup d'œufs ronds et jaunâtres qu'on n'aperçoit bien que du côté droit. L'ovi- duclus paraît comme un gros fil que l'on voit monter avec l'intestin. C'est donc une règle constante dans les animaux de cette famille qui n'ont qu'un ovaire, que le canal de cet ovaire s'attache à l'intestin , et s'ouvre au même endroit que le rectum.

Tous les Alcyons à six tentacules sont dans ce cas ; ils ne possèdent qu'un ovaire. Les deux genres qui vont suivre se distinguent par des caractères opposés. LesBotrylleset lesPyrosomes ont deux ovaires, un de chaque côté du corps; ils ont, de plus, les orifices de la bouche et de l'anus toujours très-distincts, mais aussi toujours privés de tentacules extérieurs.

L'établissement du genre Botrylle est au célèbre Gasrtner. Schlosser, Ellis, et Gaertner lui- même, ont successivement publié sur ce genre des observations fort curiçuses relativement à ses fa- cultés naturelles, mais qui ne nous ont pas dés'oilé sa véritable organisation intérieure. Je vais es- sayer de l'exposer en décrivant une espèce de ce genre que M. Desmarets fils a trouvée sur nos côtes, et qu'il m'a permis de faire connaître («).

(a) Le l'ô tnar.i i8i5. .le naurcus pas profité de cette

DES Ascinins composées. /|7

Ce Botr}lle(BoTRyLLUs polycyclus) (a) est en quelque sorte un eorps parasite, car il enveloppe (le ses expansions, comme d'un manteau, certaines Ascidies et d'autres êtres qni vivent ordinaire- ment fixés au fond de la mer; il les recouvre d'une croûte mince, gélatineuse, demi-transpa- rente, d'un gris cendré clair, à la surface de laquelle on voit saillir des animaux ovoïdes, un peu claviformes, agréablement tachetés de bleu et de pourpre, et formant différens systèmes proéminens contigus les uns aux autres. Ces systèmes sont composés chacun d'un nombre d'individus indéterminé, quelquefois de deux ou trois, quelquefois de quinze à vingt, disposes sur un seul rang, en ellipse, en ovale, encercle parfait, autour d'une légère cavité dont le limbe membraneux et dentelé peut s'élever, se pro- longer en tube cylindrique ou coniqne, et par ses contractions et dilatations successives, agiter et faire tourbillonner l'eau. Le bord extérieur de la croûte gélatineuse offre de petits rameaux

permission , si M. Desinarets ne m'eût assuré le même jour qu'il n'avait fait lui-même aucune observation sur l'orga- nisation intérieure des Botrylles. Il en a publié depuis avec beaucoup de succès. Voyez le Nouveau Bulletin de la Société pJàloinatlque , i8i5, et le Journal de Physique , même année.

(a) Planche iv, fig. 5 , et planche xxi , fig. i.

/|8 a^ MÉMOIRE. SUITE

vasculaires, renflés en cylinche vers le bout, et terminés par un pore. Ces petits tubes , qui par- ticipent (le la couleur des animaux, se rencon- trent sur toutes les espèces de Botrylles ; mais ils ne leur sont pas particuliers : la Diazone en offre de tout semblables.

Chaque animal est compris dans une cel- lule, dont le bout le plus étroit se prolonge sous la cavité centrale et commune à tous les individus du même système. Les deux ou- vertures de cette cellule sont très -différentes : l'une, placée à la circonférence, est grande, circulaire , à rebord entier ou imperceptible- ment crénelé; elle conduit à la bouche : l'autre, située dans la cavité du centre, et comprise dans son limbe, est petite, tubuleuse , rétrécie en pointe (a); elle répond à l'anus, et paraît con- formée pour lancer au loin les excrémens. Le corps proprement dit est un ovoïde comprimé par les côtés et incliné en arrière , dont la grande

(a) Les dents qui terminent le limbe répondent aux ouvertures anales. Suivant Gaertner , il en descend dans le Botryllus stellatus des rayons jaunes ou blancs qui se pro- longent jusqu'aux ouvertures brancliiales ; ils y sont divisés par le petit sillon longitudinal qui sépare les deux oscules. Ces rayons , pendant la vie, brillent de l'éclat métallique ; mais , après la mort , cet éclat s'évanouit , et fait place ù une lécère villosité. Vovez rAi,r,. Joe. cit.

DES ASCIDIES COMPOSÉES. 49

ouverture occupe le gros bout, et la petite, le jiiilieu de la face supérieure. La tunique qui l'enveloppe est dépourvue de nervures , mu- queuse, et peu transparente : toutefois elle laisse apercevoir le ganglion , les tubercules et les vais- seaux colorés postérieurs à leur place ordinaire.

Le ventricule branchial, qu'on peut examiner en ouvrant la tunique, est grand , à mailles très- visibles , formées par des vaisseaux coriaces , cylindriques , d'un violet foncé. Les vaisseaux transverses sont gros, et seulement au nombre de six ou sept de chaque côté ; ils sont croisés par des vaisseaux longitudinaux fins et serrés, dont trois sont communément plus gros que les autres. L'entrée de ce ventricule est garnie d'un cercle de huit filets tentaculaires, sétacés et iné- gaux, que l'animal a la faculté de produire au- deliors (a).

L'œsophage sort de la partie antérieure et in-

(rt) Toutes les Ascidies ont de ces filets, dont la direction est de bas en haut, et qui se montrent nécessairement quand l'orifice branchial se dilate. Ce sont les huit filets ten- taculaires du Botrylle que Géertner a nommés des dents : ostia exteriora sub-octùdentata. M. Renier, qui a décrit aussi le Botrylle, et sur le travail duquel je reviendrai, n'a vu que quatre filets. La figure que j'en donne, pi. xxi, fig. 1,5, est conforme à celle que MM. Le Sueur et Des- marets en ont publiée.

5o 2^ MÉJMOfnr:. «suiTt:

férieure du sac branchial ; il est assez courte L'estomac, auquel il aboutit, est situé transver- salement à droite de ce même sac, contre le fond duquel il s'appuie par son bord supérieur, qui m'a ]>aru pourvu d'un petit coecum. Cet estomac eut charnu, ovoïde, marqué de cannelures obli- ques, moins profondes sur cette espèce que sur quelques autres que je rapporte au même genre. L'intestin , après s'être un peu éloigné du pylore, se recourbe, passe au-dessus de l'estomac, et se dirige vers le pharynx, pour se terminer un peu plus haut sous l'ouverture destinée à l'anus.

C^est immédiatement au-dessus des intestins, sur les deux côtés du sac branchial, qu'on aperçoit les ovaires, remarquables par leur blancheur; ils sont attachés à la tunique, et composés l'un et j'au tre d'œufs ou de germes de diverses grosseurs , agglomérés en unemasse tantôt complètement or- biculaire, tantôt incomplète et lunulée, suivant l'âge. 11 paraît que les germes, qui sedétachent à leur maturité, glissent dans un canal plus ou moins tortueux, car on les trouve communément dis- persés sous cl ifférens points de la tunique. Néan- moins ceux du côté droit suivent assez souvent la direction du rectum. Les ovaires au nombre de deux, et la position un peu latérale de l'ab- domen, donnent aux animaux du Botrylle un air frappant de ressemblance avec certaines As- cidies j mais ces Ascidies sont précisément celles

DES ASCfDIES COMPOSEES. 5t

dont le sac branchial a de grands plis longitudi- naux, tandis qne les branchies du Botrylle n'ont aucune sorte de plis. Ce qui est particulier à ce genre, c'est que les ovaires sont infiniment plus gros et plus saillans dans les jeunes individus que dans les adultes («). Ces petits individus ont une tunique mince, très - renflée , blanchâtre ou incolore, ainsi que leurs autres viscères. A quelque âge qu'on les examine, on les trouve toujours intercalés parmi les adultes , ou unis entre eux ; ce qui porte à croire que les animaux du Botrylle ne naissent pas isolés, mais déjà tout assemblés en systèmes.

Nous n'avons observé jusqu'ici que des corps fixés et pour ainsi dire immobiles au fond des eaux. Les Pyrosomes sont des corps flottans et libres {b) ; ils n'en appartiennent pas moins à l'ordre des Alcyons gélatineux et des Botrylles. Nous verrons par la suite le même phénomène se reproduire dans des familles plus naturelles encore. Le genre Pyrosome a été découvert et décrit pour la première fois par MM. Pérou et

(a) (S. Proies sparsa , freqiie?ts , ad inteîstitia dactylo- » i'u?n ; neque minus niunerosa ad ipsum gelatinosœ 5) crustce marginein ; figura pro œtate variât , pi'imo n siib-globosa , dein ovata , tandem clavatay). G.ertn. ap. Pali^. loc. cit.

[h] Et qui répandent la nuit une Inraière comparable h celle d'une bougie.

Sa 1^ MÉMOIRE. SUITE

Le Saeur. Us l'avaient d'abord considéré comme un Polype simple; mais je sais que, dans un travail plus récent, ils ont réparé cette erreur involontaire [a). Les observations que je donne ici me sont propres ; je les ai faites sur une espèce que M. Cuviera reçue de JNice, d'où elle lui a été envoyée par M. Risso.

CePyrosome(PYRosoMA giganteum) {b) est un grand tube cylindrique, de substance gélatineuse, diaphane, dont un bout est fermé et arrondi, et l'autre tronqué et ouvert, mais rétréci à son entrée par un diaphragme annulaire, qui n'est pas sans analogie avec le cercle membraneux des Botryllcs. La superficie de ce tube se compose d'éminences coniques, lisses et polies , de diverses grosseurs, les unes simples et très-courtes, les au- tres plus longues et terminées par une pièce lan- céolée. Chaque éminence est percée au sommet, derrière la base de la pièce lancéolée , quand celle-ci existe, d'un petit trou circulaire, en- touré d'un bord brun et saillant. Ce trou est, suivant moi , l'oscule qui donne entrée à l'eau, et qui conduit au pharynx. La paroi intérieure

(ci) Ce travail, qui appai'tient plus particulièrement à M. Le Sueur , a paru avec celui du même auteur et de M. De.smarets , sur les Botrylles. JSoiiv. Bullet. de la Soc. Philoinat. et Journal de r hysique , i8i5.

(Ji) Planche iv, fig. 7, et pi. xxii et xxiii.

PFS ASCIDÎES COMPOSJÉES. 53^

cTa lube offre de légers renflemens hcniisphéri^ qnes, qui correspoiHlentauxéniiiienccs coniques de la surface extérieure , et qui sont également percé sau sommet. Ces derniers trous, semblables aux précédens pour la forme comme pour le nombre, sont placés vis-à-vis des anus , et ser- vent à la sortie des excrémens.

C'est une nouvelle singularité du Pyrosome y d'avoir ainsi les orifices de ses cellules diamétrale- ment opposés , et c'est cette exacte opposition qui détermine la forme extraordinaire du corp& total. Quant aux fonctions propres à chacun de ces orifices , elle me semble indiquée par la seule position relative. Il est naturel de penser que , dans ce genre comme dans les précédens, c'est l'orifice le plus proéminent, qui transmet les ali- mens au pharynx et qui aspire l'eau nécessaire aux branchies. D'ailleurs, cette eau, renouvelée sans cesse à la surface extérieure du tube, ne saurait l'être aussi rapidement ni aussi complè- tement a la surface intérieure. La disposition des viscères dans chaque animal se trouve conforme à ce premier indice.

Pour décrire les animaux du Pyrosome, on peut supposer le cylindre posé verticalement sur sa base ; je veux dire sur son bout arrondi et fermé , car l'ouverture de ce corps en est évi- demment le sommet. Chaque animal repré- sente alors un Sévc elliptique , comprimé par les,

54 ^' MÉMOinr. SUITE

côtés, dont le grand axe est horizonlal , et par conséquent perpendiculaire à celui du cylindre. Ce sac, formé d'une tunique mince et diaphane, ne s'attache à la cellule qui le contient que par les ouvertures circulaires et opposées de ses deux bouts. L'extrémité tournée vers l'axe du cylin- dre est simplement arrondie; l'extrémité diri- gée vers la circonférence est prolongée en un cou, dont la longueur se proportionne à la saillie que la cellule fait à l'extérieur , et dont l'orifice est garni de festons membraneux. Le bord inférieur du sac laisse voir les mêmes vaisseaux bruns et ondulés que le dos des espèces précédentes, et doit en conséquence lui être assimilé.

La cavité branchiale est très-grande; elle oc- cupe les deux tiers de la tunique les plus rappro- chés de la circonférence du cylindre; son fond tout ouvert communique librement avec l'autre tiers , qui est destiné aux viscères de l'abdomen;, ceux-ci sont petits, et situés à droite. L'espace qu'ils laissent libre est ordinairement rempli par les fœtus, qui viennent successivement s'y pla- cer et s'y développer, comme nous le verrons plus bas.

La conformation du sac branchial dans lesPy- rosomes peut faire croire que l'eau , absorbée par l'orifice oral, ressort par l'oscule anal. Ce serait un trait de ressemblance avec les Biphores, chez lesquels cette direction de l'eau n'est pas

ï)tS ASCIDIES COMPOSIÎCS. 55

(?outeuse. Quoi qu'il en soit , le i cscan qui ta- pisse la cavité est autrement organisé : il est lâche, et composé de vaisseaux fins, ondulés, d'un blanc opaque , les uns longitudinaux, les autres transversaux , croisant les premiers à angles droits; caractère qui, comme on le voit, ne se dément point , et aj)partient , jusqu'à présent, à tous les genres de cette famille. Ce réseau n'oc- cupe pas la cavité toute entière , mais seulement ses deux parois latérales ; de sorte qu'il y a visible- ment dans ce genre deux branchies séparées et opposées , l'une à droite , l'autre à gauche , qui sont même très-rétrécies, et par conséquent très écar- tées à leur sommet. Dans les genres pr^cédens, les deux branchies, quoique réellement distinctes, ne sont séparées que par-derrière. Le pharynx est dans le fond de la cavité branchiale, vers l'angle supérieur. L'œsophage se courbe brusquement pour s'insérer à une échancrure de l'estomac , qui est situé derrière ce même fond. L'estomac est charnu, lisse, comprimé, de forme ovoïde, <ou approchant un peu de celle d'un cœur. L'intes- tin , très-grèle à sa naissance , se renfle subitement ; vin court trajet suffit pour le conduire au bord inférieur de la tunique, il reçoit l'insertion d'un gros organe analogue au foie : il revient en- suite à l'estomac, derrière lequel il se termine par un anus simple et arrondi. Les excréniens sont homogènes, d'un jaune clair, divisés par

53 - ^* MEMOIRE. SUITE

petites masses, dont la dernière est souvent déjà engagée dans l'oscnle anal , ce qui semble prou- ver que le rectum a la faculté de s'allonger et de s'adapter à cet oscule.

Je ciois remarquer que le foie, ou l'organe que sa position peut faire considérer comme le foie , s'attache à l'intestin par un faisceau de canaux divergens ; qu'il est arrondi , communément opaque , rose-, jaune ou brun , étranglé au-des- sus de son insertion , et divisé en huit à douze côtes par des sillons qui convergent de la base au sommet; il est très-mou , et susceptible de se décomposer en vésicules oblongues et pédiculées. J'ajouterai , comme un fait remarquable , que dans beaucoup d'invidus cet organe n'a pas de couleur, et qu'il ressemble à un globule cellu- leux et transparent; il varie aussi beaucoup pour le volume : tantôt, et le plus souvent, il est de la grosseur de l'estomac, tantôt cinq à six fois plus gros.

Le système nerveux des Pyrosomes ne paraît pas difierer essentiellement de celui des animaux précédens. Il y a de même deux tubercules, un de chaque côté du cou branchial. Le tubercule antérieur ou supérieur semble laisser échapper quelques filets nerveux, dont quatre montent sur ce cou , tandis que les autres vont du côté opposé. Le tubercule postérieur, qui est ici l'in- férieur, très apparent dans certains individus,

lins ASCI ni ES composéks. 5 7

est imperceptible sur le plus grand nombre, en naît quatre espèces de vaisseaux opaques, jaunes ou bruns, qui parcourent le bord infé- rieur de la tunique : ce sont évidemment les quatre cordons du sillon dorsal des Ascidies. Parvenus près du foie , ces quatre petits cordons se réunissent en un seul , qui se dirige vers l'insertion de ce viscère, et se perd en atteignant l'abdomen.

Le long du bord supérieur, vis-à-vis les quatre cordons du sillon dorsal, se voient deux canaux larges , courts, d'un jaune ou d'un bruns nébuleux, parallèles, et tellement unis, qu'on les jDrendrait pour un seul canal replié en siplion , qui, du milieu des branchies, s'éten- drait jusqu'à l'œsophage, aboutiraient ses deux extrémités. L'intérieur en paraît cellu- leux. Cet organe, qui est quelquefois vide et transparent , me semble avoir de l'analogie avec celui que M. Cuvier regarde comme l'ovaire des Biphores, ou du moins comme leur oviduc- tus; peut-être est-il en même temps l'oviductus et l'organe fécondant.

Les ovaires sont orbiculaires ou piriformes , opposés symétriquement l'un à l'autre, et placés sur les côtés du cou de l'oscule branchial, entre la tunique et le réseau des branchies, qu'ils dé- bordent le plus souvent. Ils communiquent aven deux pelits conduits, quelquefois colorés, qui

58 2^ MÉMOIRE. SUITE

embrassent le cou, et descendent jusqu'à Fanse formée par les deux canaux réunis en siphon. Ces ovaires contiennent une niullitude d'œufs arrondis, très-petits, mais très-distincts.

Si je ne me fais pas illusion, la manière dont les germes parviennent à leur maturité est très- curieuse. Il paraît qu'ils se détachent de l'ovaire très-petits, et successivement, un à un, pour aller se placer entre l'intestin et le fond de la lunique : c'est qu'ils continuent de croître et de se développer jusqu'à leur expulsion défi- nitive.

En effet, on trouve presque toujours dans cet endroit un germe isolé, qui varie beaucoup pour la grosseur. Encore petit , ce n'est qu'un iflobule parfaitement blanc et transparent, au- quel on distingue une ouverture ronde, en forme de bouche. Un peu plus gros , ce globule creux montre déjà quatre petites taches roussâtres. Plus gros encore, ces quatre taches sont deve- nues une chaîne de quatre petits fœtus bien distincts, qui entourent le globule aux trois quarts. Enfin, s'il a toute sa grandeur, les quatre fœtus pourvus de tous leurs organes sont réunis, et forment un anneau complet. Dans cet état, son volume équivaut au tiers de celui de l'individu qui le renferme. C'est, comme on voit, un nouveau Pyrosome déjà -composé de quatre animaux, et qui sera bientôt indépendant du

Tfliif ASCIDIES COMPOSÉES. Sf)

grand Pyrosome clans lequel il a pris naissance. Comment s'écliappe-t-il? Je l'ignore; si, comme il est probable, il sort par la même ouver- ture que les excrémens , il faut que cette ouver- ture soit susceptible de se dilater à un point excessif.

Ces observations, réunies à celles que j'ai faites sur le Botrylle, démontrent que les corpuscules contenus dans les ovaires de ces animaux sont des germes composés, non destinés à l'accroissement des systèmes , mais à leur multiplication. D'un autre côté, si l'on ouvre un Pyrosome, un Al- cyon , etc. , on trouve , entre les individus adultes, des embryons plus ou moins dévelop- pés, et qui ne peuvent provenir que de germes simples , dont l'existence se manifeste successi- vement (a). Ces derniers étaient donc tous con- tenus dans le germe composé et primitif. Ce serait peut-être ici le lieu de discuter les observations de Bohadsch sur certaines Ascidies ; njais le temps ne me permet pas de m'y arrêter.

Si les Botr3lles , les Pyrosomes , et les antres animaux composés du même ordre proviennent de germes eux-mêmes composés , il ne faut pas s'étonner que la disposition des individus qui se trouvent réunis en un seul être soit soumise à des lois si constantes.

(a) Voyez les planches xix , xxi et xxni.

6o l" MOTOIRE, STJITfî

i"^^ Loi. (( L,es petits animaux qui constiéucnt par leur réunion les êtres composés de Vordve des u4.lcyons , Pyrosomes, etc. , sont essentielle- ment coordonnés en système, chaque animal particulier est comme un rayon , ou l'origine d'un rayon, qui aboutit à un centre commun y). Ce centre semble quelquefois remplacé par un axe allongé, et plus ou moins ondulé. De \k naît l'irrégularité apparente de plusieurs de ces réu- nions. Ce centre n'est pas toujours unique. Le même corps peut être formé d'un seul s\'stème ; il peut l'être de plusieurs. Ainsi , comme il y a des animaux simples et des animaux composés , il y a aussi , parmi ces derniers , des agrégations simples et des agrégations composées.

2^ Loi. (( Dans tous les corps composés du même ordre , V orifice branchial des animaux particu- liers tend toujours à se rapprocher de la circon- férence du système , et l'anus^ à se rapprocher du centre n. 11 résulte de cette loi que, lorsque la position relative des oscules de tout un sys- tème est connue, le centre du système est aussi connu , et réciproquement, si l'on connaît le cen- tre du système, quelque ressemblance qu'aient les deux oscules de chaque animal , on ne peut prendre l'un pour l'autre.

3*^ Loi. Le dos ou le côté du corps qui com- prend les artères branchiales indiquées par les cordons très-colorés qui les séparent, est toujours

DES ASCIDIES COMPOSÉES. 6l

la partie de l'animal la plus éloignée du centre du système , et la moins élevée.

Après l'exposition de ces lois , j'en fais l'appli- cation aux dix genres précédemment décrits , et j'obtiens les résultats suivans :

Dans le Polyclinura, le centre du système est un hiatus rond et frangé. Les animaux sont situés verticalement, ou inclinés en dehors, et placés à des distances très-inégales de leur centre com- mun. Ils représentent des rayons de diverses longueurs , tous posés sur le même plan. L'agré- gation est généralement composée.

Dans les Aplidium, Didemnum et Eucœlium , la disposition est très-différente de la précédente. Il n'y a pas d'hiatus visible. Les animaux sont placés sur le même plan , mais à égale distance de leur centre, ou plutôt de leur axe, qui est souvent très-prolongé , plus ou moins sinueux, de sorte qu'au premier coup-d'œil les oscules sem- blent disposés en quinconce , ou semés sans ordre, et comme au hasard. L'agrégation est composée.

La Diazone a des animaux inclinés en dehors, qui décrivent des cercles concentriques, emboî- tes les uns dans les autres, et posés à peu près sur le même plan. L'agrégation est simple.

Les cônes pédicules du genre Sigillina sont aussi des agrégations simples. Le centre du sys- tème est au sommet du cône. Les animaux sont tiès-inclinés en dehors, Les cercles peu régulier*

6'! 2*^ MÉMOIRE. SUITE

qu'ils décrivent ne sont point sur un même plan , mais sur des plans différens, placés successive- ment les uns au-dessus des autres , disposition qui détermine la forme allongée et conique du corps total.

Les systèmes du Distome sont essentiellement les mêmes , aux hiatus près , que ceux du Poly- clinum.

Les cylindres du Synoïcum sont des systèmes très-simples. Les animaux y sont disposés en cercle sur un seul rang et sur un seul plan.

Dans les Botrylles, les systèmes figurent des cercles, des demi-cercles , des ellipses, etc. , com- munément formés d'un rang unique d'animaux. Quand il y a plusieurs cercles pour un seul sys- tème ou pour une seule cavité , ils sont successi- vement plus petits et plus élevés , et par consé- quent disposés en pyramide.

Enfin, dans les Pyrosomes les cercles sont 1res -nombreux , tous du même diamètre, et posés aplomb les uns sur les autres. Ainsi l'axe du système est celui du cylindre creux, formé par la superposition de tous ces cercles , et vers lequel sont en effet dirigés les anus des animaux particuliers. Si les cercles augmentaient graduellement de diamètre , le Pyrosome pren- drait la forme d'un cône creux. Voilà pourquoi il y a dans ce genre des espèces cylindriques et des espèces coniques. La silualion des quatre

RIZS ASCI Dits COMPOS"É£S. 65

cordons colorés démontre que les animaux . sont placés à peu près horizontalement , et que le sommet de leur assemblage doit être rapporté , à son ouverture annulaire.

Les mêmes lois , ou des lois analogues , parais- sent pouvoir s'appliquer à d'autres familles , telles que les Flustres , les Cellépores, les Cellu- laires , Sertulaires , etc. , et fournir des résultats ^ assez curieux. Je ne puis qu'indiquer ici cette I théorie. Ce n'est pas le lieu d'en donner les déve- , loppemens.

Les genres , qui sont le sujet de ce second Mé- moire , diffèrent de ceux décrits dans le premier, par leurs deux oscules apparens. On peut , en s'en tenant aux caraclères tirés de l'organisation indi- viduelle , les disposer ainsi qu'il suit :

i". Bouche et anus surmontés de tentacules extérieurs. Un seul ovaire.

Genre i*^*". Diazona. Abdome n pédicule . Ofaire latéral , entouré par F intestin.

Genre 2. Distoma. Abdomen pédicule. Ovaire latéral y dégagé de l'intestin.

Genre 5. Sigillina. Abdomen sessile. Ovaire dégagé de î intestin , pédicule , inférieur.

Genre 4- Synoïcum. Abdomen sessile. Ovaire sessile j inférieur, ^

64 ^^ MÉMOIRE. SUITE

a°. Bouche et anus non surmontés de tenta- cules extérieurs. Deux ovaires.

Genre 5. Botryllus. Branchies réunies par- devant, sans communication avec Voscule anal.

Genre 6. Pyrosoma. Branchies séparées , com- muniquant avec Voscule anal.

La série la plus naturelle des dix genres dont l'ordre entier se compose, paraît être celle-ci:

I. Corps fixé.

i'"'' Division. Les deux ouvertures supérieures et à six rayons réguliers. Genre i. Diazona.

2. DiSTOMA.

' 5. SiGILLINA.

2* Division. Les deux ouvertures supérieures ; l'une à six rayons réguliers ; Vautre irré- gulière ou simple.

Genre 4- Synoicum.

5. Aplidium.

6. PoLYCLINUM.

7. DiDEMNUM.

3^ Division. Les deux ouvertures supérieures et simples.

Genre 8. Eucoîlium:.

' 9. BOTRYLLUS.

DES ASCIDIES COMPOSÉES. 65

II. Corps libre.

/\ Division. Les deux ouvertures aux deux bouts diamétralement opposés.

Genre lo. Pyrosoma.

Voilà donc un nouvel ordre d'animaux com- posés déjà formé de quatre divisions et de dix genres bien distincts. 11 est à présumer que les recherches ultérieures augmenteront bientôt ce nombre. Quelques Alcyons peu connus, tels que les Alcyonium slellatum et corniculatum ^ quel- ques Flustrcs, semblent se rapprocher de cet ordre. On n'a presque rien encore observé de l'organisation de ces mêmes Flustres, des Cellu- laires, des Cellépores, et des autres Polypes que j'appelle agrégés. J'ai fait dessiner et graver, dans l'ouvrage de la Commission d'Egypte, un grand nombre d'espèces appartenant à ces genres , et ces figures seules suffiraient pour prouver que la structure de ces petits animaux est beaucoup plus compliquée qu'on ne l'avait cru jusqu'à pré- sent (ci).

;a) Ils paraissent pourvus d'un anus. Les Brachions ou Roiifères observés par M. Dutrochet, Ann. du Mus. d'/iist. fiat. , tom. XIX, pag. 355 , et par M. Leclerc , ont certainement un seul intestin et un anus. Ces animal- cules présentent d'abord un grand sac ou pavillon supé-

5

66 l" iMLJI. SUlTli DliS ASCIDIllS COMPOStl'S.

Ces considérations m'ont engagé à contiiuier^ l'emploi du nom de Polypes pour désigner les animaux composés qui sont l'objet de ces Mé- moires (a), quelle que soit d'ailleurs leur place naturelle dans le système zoologique. Je don- nerai donc à ceux dont il a été particulièrement question le nom de Polypes ascidiens. Peut-être fuudra-t-il leur accorder celui de Mollusques ; peut-être con vient! ra-t -il d'en créer quelque autre. Ces animaux devront suivre le sort des Ascidies. Je ne déciderai rien que je n'aie acquis, par de nouvelles recherches, une connaissance plus approfondie de ces dernières.

rieui' , dont l'orifice reçoit l'organe rotatoire. Au fond de ce sac est située la bouche ou le pharynx , qui communique par un oesophage avec l'estomac. L'intestin qui nait de celui-ci monte et va aboutir à un anus antérieur et supé- rieur. Sous l'intestin pend un ovaire. Le corps entier est contenu dans un étui cartilagineux fixé par la base. Cette organisation, vue dans son ensemble, ne manque pas de rapports avec celle des Alcyons précédemment décrits î elle en aurait de bien sensibles^ si, comme le soupçonne M. Cuvier, les organes ciliés desRotifères servaient à leur respiration.

{a) Il s'agit d'un recueil d'observations intitulé : Mé- moires pour servir à la classification des animaux composés.

I

RAPPORT

/ la Classe des Sciences de l'Institut, sur deux Mémoires relatifs a divers animaux composés placés jus qu a présent parmi les Alcyons j et a d autres animaux analogues .

vv Vo u s nous avez charges , M. de Lamarck et moi , )) d'examiner un Mémoire de M. Savigny , intitulé : » Observations sur VAlcyonium ficus , et sur quelques » autres espèces d' Alcyons a six tentacules simples; » et le même naturaliste vous ayant présenté depuis un )) deuxième Mémoire , intitulé : Observations sur V Al- » cyonium ascldioides et les autres Alcyons à deux » oscules apparens , sur les Botrylles et sitr les Pyro~ )) soines, vous nous les avez également renvoyées. Nous » ferons de ces deux Mémoires, traitant d'êtres ana- » logues, l'objet d'un seul rapport. Et comme les obser- » vations de M. S. sont de nature à faire époque dans )> l'histoire des animaux composés, nous remonterons » plus haut, et nous réunirons sous un seul point de vue » les observations de ses prédécesseurs, l'on aurait pu » trouver les premiers indices des idées qu'il expose et )> développe avec plus d'élendue, en même temps qu'il » les appuie sur des faits plus détaillés et plus précis.

)) Tous les naturalistes savent qu'un médecin de Mar- »seille, nommé Peysonel, qui avait voyagé dans le

6S a" MÉMOlliE. SIIITI-

» Levant et en Barbarie, fut le premier qui avança » nettement la nature animale du Corail et des autres 1 )) Lithophy'ies ; mais que son opinion ne commença à ' )> prendre du crédit que lorsque le Genevois Aijraîiam )> Trembley eut découvert la végétation du Polype ii »bra.s, et que Bernard de Jussieu et EUis eurent fait l » voir de véritables Polypes dans un grand nombre de » Lithophytes et de Zoopliytos de nos côtes. Depuis lors , » il parut naturel de supposer que tous les animaux I )) végétans, el portant sur un corps commun plusieur,^ » têles, plusieurs parties mobiles indépendamment l'une » de l'autre, étaient des Polypiers. Aussi est-ce l'idée )> que s'en sont fuite à peu près tous les naturalistes, et » qui est encore exprimée presque sans restriclion dans » les meilleurs ouvrages; et même lorsque Linné donne » des Néréides pour animaux aux Tubipores , et des » Méduses aux Madrépores, il se trompe, et, pour ce » dernier genre , il cite à faux EUis et Donati , qui n'ont j) rien dit de semblable. Donati dit même tout le con- )) traire. Hist. iiatur, de V Adriat. , tab. VII, trad. » franc., pag. 02.

» On a associé, à juste titre, aux vrais Polypiers cer- » taines espèces d'animaux composés , dont la masse » générale est de substance cbarnue ou fibreuse, et que » l'on a appelé Alcyons. Ceux que depuis long-temps » on connaît bien , tels que VAlcyoniurn exos et VAl~ » cyonium digilaium , sont en effet certainement des » êtres composés, dont les têles sont des Polypes; on les » reconnaît aisément dans l'état de vie, et même dans )) les morceaux conservés par l'alcool , à lein's huit bras » ciliés, à leur ouverture simple, et aux autres circou-

DES ASCIDIES COMPOSÉES. 6j)

tances de leur organisation. Mais on s'est trop litUé » de leur adjoindre d'autres êtres composés ^ qui ont bien » en gros la même texture charnue dans leur masse ?) immobile, mais dont les parties mobiles où, comme Y) l'on parle communément , les animaux particuliers » ont denx ouvertures chacun, et des tentacules, ou » plutôt des rayons plus simples , plus courts et moins )) nombreux.

)) 11 paraît que la première espèce qui ait fait aper- » cevoir une siruclure différente de celle qui est ordinaire » aux Polypes, est Y Alcyoniiini Sdilosseri Ao. Pallas et » de Gmelin, ou ce que nous appelons aujourd'hui 2»'o- ^> Iryllus d'après Gœrtner. On pouvait déjà présumer ;> cette différence d'après la description et les figures un peu grossières de Schlosser ( Traîis. phil. XLix) ; )) mais les observations délicates de Gsertner, rapportées » par Pallas ( Spicileg. X , oâ), achevèrent de démon- )) trer que chaque étoile de ce prétendu Polypier est, M lion pas un seul Polype, mais un assemblage d'autant » d'animaux qu'il y a de branches. Néanmoins Gœrtnei' » ne fit point connaître l'organisation particulière de ces » animaux.

» Ce même Gaertner, qui s'était beaucoup occupé de » zoologie avant de se consacrer enlièi-ement à ce grand » et célèbre ouvrage sur les fruits qui l'a immortalisé , » observa une autre prétendue espèce d'Alcyons, VAlr- yycyojiiuui ascidioïdes de Pallas et de Gmelin, qui » recouvre les tiges de certains fucus comme une croule, » et dont chaque papille a deux petites ouvertures. Cette » circonstance ne lui laissa pas de doute que ce ne îvX » encore un êlre diiTéient des autres Polypiers, et il

no 2= MEMOIRE. SUITE

» proposa d'eu faire un genre sous le nom de Dislomvs. » C'est aussi à Pallas que l'on doit la publication de cette. )) idëe : mais la descriptio«i de Gœrlner ne présente rien )) qui nous indique la structure intime de son nouveau » genre.

» Cependant Ellis, de son côte {Corail., pi. xr/J, y>fig. h, B CD), avait remarqué que les tentacules qui » entourent les b niches des animaux dans les Alcyons » ne sont pas toujours en même nombre. 11 en représenta » ujie espèce à six rayons, qu'il appela Figue de mer ; » mais il ne poussa pas la comparaison plus loin. Le » peu d'anatomie qu'il donna fut très- grossier, et cette production fut enregistrée, comme les autres, parmi )) les Alcyons, sous le nom ^ Alcyoniuîn ficus.

» Tel se trouvait l'état des connaissances à l'époque » Gmelin rt'digea sa grande compilation. Pendant )) les vingt-cinq années suivantes, on s'occupa peu de » l'examen des Zoopliy tes. Quelques zoologistes se bor- )) nèrent à adopter le genre Botrylle, mais sans prendre » une plus ample connaissance de sa structure intérieure. » L'un de nous fit de \ Alcyonium epipetruni un genre » particulier, qu'il appela V^eretille. Les autres change- » mens, s'il y en eût, se bornèrent de même à la nomen- » clature.

» Dans ces derniers temps, MM. Pérou et Le Sueur )) firent connaître un genre nouveau très-remarquable, «qu'ils appelèrent Pyroscme; mais ils ne le eonsidé- » rèrent d'abord que comme un animal simple.

)) En un mol , l'on peut dire qu'au commencement de » l'année dernière, personne ne se doutait encore qu'il »y eiit des animaux composés, dont chaque animal

DrS ASCIDIES COMPOSÉES, 7 1

» parîîculier jouit d'une organisation plus compliquée ?> que celle des Zoophytes ordinaires; par exemple, que » celle de VAlcjoniian exos , des Pennatules, etc.

» C'est depuis celte époque seulement (a) que M. S. de » son côté, et MM. Desmarets et Le Sueur du leur, ont » ouvert un nouveau champ de recherches , en nous » faisant connaître de ces- animaux beaucoup plus élevés »dans l'échelle que ne le sont les Polypes, et que Ton » pourrait même , à bon di'oit , revendiquer pour la > classe des Mollusques.

» M. S. en décrivant , pour le grand ouvrage sur «l'Egypte, les Zoophytes qu'il avait recueillis dans la » Méditerranée et dans la mer Rouge, fut frappé de » cette complication d'organisation dans quelques pro- » ductions en forme de croûte gélatineuse, qu'il consi- » dérait comme des Alcyoris. 11 remarqua que les petites » bouches de ces êtres plus compliqués étaient toutes à » six rayons, et il crut pouvoir attribuer la compli- » cation qu'il observait à toutes les espèces qui ont ce » nombre-là.

)) En effet , elle se trouve plus ou moins dans les quatre » sortes qu'il a disséquées, et dont il nous a donné la » description dans son premier xMémoire.

» La première sorte qu'il a supposée à peu piès la )) même que X Alcyonium fixons , lui offrit les petits )) animaux presque cylindriques , logés parallèlement »les uns aux autres, el seri'és dans autant de loges pra- » tiquoes dans l'épaisseur de !a croûte. Chacun d'eux a

{({) Los dessins qui accom]\ignaicnt mon pinnicr Rlémoir' oi'f «^lé cxcciités en i8;o.

7'-* 1^ MÉMOIRE. SUITE

>>une première cavité, que M. S. nomme tltorax , «dans laquelle donne la bouche, ou plutôt l'ouverture » primiliveet extérieure , et quiest marquée de vaisseaux » et de fibres musculaires, ou , comme s'exprime M. S., » de nervures longitudinales et transverses. M. S. a cru y » Voir un sac ou une tunique intérieure, qu'il a nommée y> ventricule tJioracique i il a supposé que la première >) digestion s'y fai' , attendu qu'il y a tu quelquefois de )) petites Chevrettes ou autres animalcules qui avaient » Fair d'y avoir été avalés. Au fond de cette première i) cavité est suspendu, par un petit canal, un autre sac )) moindre, que M. 8. nomme ventricule abdominal, » et qui est en eflÀ^t l'estomac. Il est profondément di- » vi. é , et ainsi paraît former deux cellules latérales; un » très-petit rœcum vient bientôt après; ensuite l'intestin, » après être un peu descendu, se recourbe, et va se » terminer vers le côté de la cavité thoracique, très-près )) de l'entrée primitive. Dans l'intérieur du thorax se » voient, d'un côté, deux vaisseaux bruns parallèles, )) aboutissant à un tubercule voisin de l'entrée; et à » l'extérieur, ce même thorax émet une petite produc- » tion qui communique dans la substance deTenveloppe )) générale tous ces petits animaux sont logés. Enfin, )) chacun de ces animaux particuliexs est terminé par » un paquet de grains, que M. S. a considéré avec vra;- )>semblance comme un ovaire.

» Une seconde sorte de ces prétendus Alcyons frappa )> M. S. , parce que \çs petits animaux sont comme » groupés autour de certains sillons qui aboutissent à de » grands pores, dont la fonction semble être d'agiter ;; l'eau eu l'aspirant et en l'expulsant par leur conUac-

DES ASCIDIES COMPOSÉES. rj

wtion; ilisposiliou qui marquait une analogie éviderile

«avec les jîolrylles Ces animaux de la seconde

» sorte offraient en outre ce caractère, que leur thorax, » leur abdomen et leur ovaire étaient séparés par des » étranglemens, et que , l'enveloppe générale se moulant »sur ces inégalités, chaque individu ou animal parti- » culier avait l'air d'y occuper trois cellules. Nous ne » parlerons pas de différences plus minutieuses.

)) Dans une troisième et dans une quatrième sortes qui «recouvrent des tiges de fucus, l'ovaire est rapproché » du ventricule abdominal; en sorte que la totalité de » l'animal occupe au plus deux cellules ^ et dans la der- » nière de ces sortes , l'ouverture aboutit l'anus est y> apparente à l'extérieur. Cette dernière circonstance fit » supposer à M. S. que , dans les trois premières espèces, î) il y a aussi pour l'anus quelque orifice extérieur qu'il » n'avait pu découvrir, et qu'en conséquence tous ces » animaux composés doivent se rapprocher beaucoup » des Distomes de Gaertner, et avoir ensuite, dans les » Botrylles du même naturaliste , leurs analogues les » plus prochains.

» Ce premier Mémoire de M. S., lu le 6 février 181 5, )) était terminé par un tableau de nomenclature sur » lequel nous reviendrons.

» A cette époque , l'un de vos commissaires venait » précisément de faire et de vous communiquer des » recherches anatomiques sur les Ascidies. Les figures et » les descriptions de M. S. offrirent une ressemblance si » frappante avec ce qui venait d'être dit et montré sur )> les Ascidies, que l'on put juger aussitôt que ces èlres, » viris pour des Alcyons et pour des Polypes, ne pou-

74 ^* MÉMOIRE. SUITE

» vaient que représenter très en petit les mêmes coinbT- » naisons d'organes qui s'observaient en grand dans le* » Ascidies. UAscidia clavata Gmel. , ou V ortlcella Y) Bolteni de Lin., offre même une disposition tout- » à-fait pareille dans le groupement des viscères. Mai». » comment croire c|ue des êtres aussi compliqués que )> des Ascidies, pussent jouir de celte coramunicatioa )> intime dont les seuls Polypes avaient jusqu'alors )) donné l'exemple ?

» De nouvelles observations, que M. S. a consignées i> dans son second Mémoire, vinrent donner de ce fait » des preuves encore plus palpables , parce qu'elles por- » tèrent sur des espèces aussi grandes que plusieurs- » Ascidies, et tous les organes se distinguent san» » aucune peine. La première surtout, qui avait élé rap- » portée il y a quelque temps de la Méditerranée par » M. Delaroche, jeune médecin trop tôt enlevé aux >> sciences, forme un groupe orbiculaire de quelques » pouces de diamètre, et a des animaux de plus de deux >) pouces de longueur. Cette enveloppe cartilagineuse , » ou plutôt gélatineuse, parfaitement organisée comme » celle de l'x^scidie mamelonnée ou de l'Ascidie intes- «tinale, est libre par l'extrémité sont les orifices, » qui tous deux sont facilement visibles : on distingue )) même une tunique intérieure musculaire, comme dans » les Ascidies. Le reste de l'enveloppe extérieure ou » gélatineuse est uni, avec ses semblables, en une seule «masse commune à tous les animaux particuliers, et » qui sert de base à l'êti-e total , tandis que l'ensemble » de ses parties proéminentes, disposées sur plusieurs ); cercles concentriques , représente assez bien une fltur

T)i:S ASriîHES COMPOSÉES. y.'i

)) double, et mieux encore une Aclinie on An(?raoiTe de » mer , surtout les extrémités saillantes des animaux » étant toutes d'un beau lilas.

» Dans les animaux particuliers de cette espèce, le » paquet abdominal, qui comprend aussi Tovaire, est » uni au thorax par une partie longue et grêle; en sorte » qu'il a l'air pédicule , et que l'on peut dire que l'animal » occupe comme deux loges dans la masse gélatineuse. » On distingue un foie tapissant en dehors Feslomac , » le même ganglion nerveux que dans l'Ascidie , les » mêmes vaisseaux : seulement M. S. n'a pu encore » l'econnaître le cœur ^ mais on sait maintenant, par » les recherches de l'un de nous, qu'il est très-difficile à » voir dans plusieurs Ascidies, et que quelques-nues » paraissent même être entièrement privées de cette » dilatation musculaire.

» Une autre sorte de prétendus Alcyons, rapportée » de la Nouvelle-Hollande par MM. Pérou et Le Sueur, » et examinée par M. S. , est en forme de longs cônes » gélatineux, portés chacun sur un pédicule cylindrique » et plus mince. La surface de ces branches est creusée » de cavités ovales, dont chacune répond à un animal » particulier, et a son fond peicé par les deux orifices » de cet animal. La cavité thoracique est ici très-courte. » le ventricule abdominal en est fort voisin , et les replis » de l'intestin s'en éloignent peu ; mais l'ovaire est grêle, >> et tient au reste de l'animal par un filet qui occupe )) presque toute la longueur de la masse commune et de » son pédicule cylindrique.

» Telles sont les six sortes d'animaux composés de la i)iïimille des Ascidies oui ont été observés exclusivement

70 2^ MIiMOIRr:. SUITE

» par M. S., et dont il a constaté, avec une rare exac- »litucle, l'organisation compliquée. Il en existe deux «autres sortes non moins jemai^uables , dont la struc- » ture a élé aussi examinée avec beaucoup de soin par ^> MM. Le Sueur et Desmarets, et dont M. S. a vérifié » l'analogie avec les siennes; de façon que nous réunis- »sons, à leur ('gard, le triple témoignage de ces natu- » ralistes.

» L'une de ces sortes est le Botryllus stellaius de » Gœrtner, ou W'ilcyonium Schlosseri de Pal las, déjà » aperçu par Rondelet. Les animaux particuliers en sont >' groupés circulairement autour de certains centres » creusés d'une cavité, ou prolongés en un tube com- )) mun à tous les individus du même cercle. Un des » orifices de cbaqne animal donne dans ce tube, et ré- » pond à l'anus : l'autre est à l'exlrémilé opposée ou ver* )) la circonférence du cercle , et donne dans la cavité » ihoracique. Tous deux manquent de tentacules, selon » xM. S. : mais l'extérieur en aurait huit, selon MM. Des- » marels et Le Sueur. L'estomac et l'intestin sont vers » le fond de la cavité Ihoracique ; les ovaires, au nombre » de deux, sur les côtés; le ganglion, à sa place ordi- » naire.

)) L'autre espèce est le Pyrosome. Cet être, que l'on » pourrait presque appeler merveilleux , tant il réunit >) de propriétés étonnantes, a été découvert et décrit pour » la première fois par MM. Péron et Le Sueur [u4nn». )) du Mas., tom. ir). Il est commun dans l'Océan et » dans la Méditerranée. La lueur phosphorique qu'il » répand est si vive, qu'elle peut se comparer à celle » d'une bougie. Sa forme générale est celle d'un lon^

DES ASCIDIES COMPOSÉES. 77

^ cylindre creux, de substance gélalineu e , arrondi et )> fermé par un bout, et donl la surfltce extérieure serait )> toute hérissée de pointes gélatineuses comme lui, sail- » lantes et inégales. Les observateurs que noua venons » de citer le décrivirent d'abord comme si c'eût été un )) animal simple de la classe des Polypes ; mais il paraît » qu'ils ont reconnu depuis sa composition, et vos com- » missaires ont entre les mains un Mémoire lu par » M. Le Sueur à la Société philoniatique, cet artiste » habile et zélé pour la science donne de grands détails » sur la slruclure des animaux particuliers de la réunion «desquels le Pyrosome est formé. L'un de nous, qui n s'était procuré un Pyrosome à Florence, et qui en » avait reçu d'autres de Nice par les soins de M. Risso , » en ayant remis un à M. S. , celui-ci en a fait l'anatomie )) avec son exactitude ordinaire.

» Chacune des pointes extérieures du Pyrosome fait » partie de l'enveloppe d'un animal particulier. Une des » ouvertures, percée un peu au-dessous du sommet de la » pointe, donne dans l'intérieur de la cavité thoracique, » et, par une circonstance propre au Pyrosome, la cavité » thoracique a son fond ouvert; en sorte que l'eau peut » la traverser et sortir par une ouverture opposée à la » première, et qui est percée à la surface interne du tube » général. Il est possible que cette eau prenne alternatif » vement les deux directions; ce qui expliquei^ait com- » ment M. Le Sueur, ayant rempli d'eau le tube général, » a vu ce liquide s'échapper par les ouvertures extérieures » de toutes les pointes appartenant aux animaux parti- » culiers. Quoi qu'il en soit, la cavité thoracique a des )) parois garnies de vaisseaux treillissés, comme tous les

78 2*^ MÉMOIRE. SUITE

»aulres animaux de cette famille^ les gros vaisseaux y )) sont disposés de même , ainsi que le ganglion nerveux. » Dans le fond de cette cavité le plus voisin de la cavil»- » commune du tube général, s'ouvre le petit conduit » qui mène à Testomac. L'intestin est court, et sou «extrémité, ou l'anus, regarde l'ouverture qui donne » dans l'intérieur du tube général; ce qui complète » l'analogie avec les Bolrylles.

)> On pourrait donc dire qu'un Pyrosome est com- » parable à un tube formé par un grand nombre de » cercles de Eotrylles empilés les uns sur les autres. » Cela serait surtout vrai du Pyrosome élégant décrit » par M. Le Sueur [Nouu. Bull, des Sciences) , les » animaux particuliers sont disposés très-régulièremenl )>par anneaux, ou de la manière que les botanistes » nomment verticillée.

» Ce qui est le plus remarquable dans les animaux » particuliers du Pyrosome, c'est leur manière de se » propager. On trouve dans le fond de leur cavité abdo- » minale de petits germes l'on dislingue déjà trois ou » quatre petits animalcules réunis en anneau; de sorte » qu'ils paraissent déjà groupés dans le sein de leur » mère , et ne se montrent au jour que dans cet assem- » blage , qui ne doit sans doute qu'augmenter par la » multiplication des individus.

» La Classe a pu remarquer que, dans le compte que » nous venons de lui rendre des intéressans travaux de » M. S. , nous avons évité de nous servir de la nomen- » clature de ce naturaliste.

)> Eu effet , il ne nous semble pas que les animaux )) particuliers qu'il a si bien fait connaître doivent porter

DrS ASCIDIES CO^ÎPOSLLS. 79

; le nom de Polypes, ni leur assemblage le nom de » Polypier. Depuis long-temps, le nom de Polype en 7) français, celui à'Hydra en latin, sont aifectés aux: )) animaux de nos eaux douces, dont Trembley a fait » 1 "étonnante histoire, et à ceux des animaux des Zoo- »phytes,qui leur sont analogues par l'organisation; » caractère qui assurément ne convient en aucune Hiçon >> à ceux que M. S. vient de décrire. Si Ton veut attribuer » à ces derniers un nom générique qui en donne une >) idée juste, on ne peut guère employer que celui d'-^-s- )) cidîe. 11 leur convient beaucoup mieux encore qu'aux » animaux des coquilles bivalves auxquels Pallas et Linné » le donnent.

» M. S. voudrait aussi réserver le nom d'Alcyons et » d'Alcyonées aux êtres composés de ces animaux voisins » des Ascidies; mais il faudrait l'ôter alors à V^lcyoniutn » digitaiuni, à V ^Icyonium. exos, qui depuis long-temps M le possèdent, et sont beaucoup plus connus sous ce » nom que les nouvelles espèces dont M. S. vient de «faire l'histoire. Le nom de Disiotniis , donné à une » espèce analogue par Gœrtner , peut fort bien être » conservé ; il nous paraît même devoir suffire , comme » nom générique, aux quatre premières espèces que nous )> avons indiquées ci-dessus, et dont M. S. voudrait faire » des genres sous les noms d^^plidium, de Polyclinum, )) de Dideninum et ô^Eucœlium. Les deux espèces plus » grandes qu'il établit aussi en genres , appelant, l'une » Diazona, et l'autre Sigillina, nous paraissent même » à peine devoir être distinguées des Distomes. Tous ces )) animaux ont les mêmes parties essentielles; et si l'on » devait fiire des genres d'après les diverses manières

8o 2^ MÉMOIRE. SUITE

» donl les iuteslins sont groupés , chaque espèce de «Mollusque prendrait presque un nom générique, ce )) qui fatiguerait la mémoire outre mesure.

» Quant aux Bolrylles et aux Pyrosomes, comme » leurs animaux ont les orifices différemment situés , » comme ils sont disposés dans un ordre particulier et : )> fixe, on peut leur laisser leur nom généri([ue; encore »n'a-t-on de motif pour distinguer le Pyrosome du » Botrylle que parce que le premier est libre , et le » second fixé ; car on voit déjà dans le Botryilus con- » glonieralus plusieurs cercles d'animaux empilés, ce » qui conduit manifestement au caractère du P3a'0- » some.

» Au reste , ces remarques n'ôtent absolument rien au » mérite du travail de M. S. _, mérite qui consiste à nous » avoir fait connaîti-e un ordre tout nouveau d'animaux » composés, dont les individus particuliers ont une struc- » ture beaucoup plus compliquée que celle des Polypes, » et infiniment voisine de celle des Mollusques; et à nous » l'avoir fait connaître, d'une manière très-exacte, par » des descriptions bien détaillées et de bonnes figures , )) ce qui était fort difficile , surtout pour les espèces que » M. S. a eu d'abord à décrire, et qui étaient extrême- » ment petites.

» MM. Le Sueur et Desraarets l'avaient prévenu par » rapport au Pyrosome et au Botrylle (a) ; mais il a » soin de leur rendre à cet égard la justice qui leur » est due.

(a) Voyez cependant l'article du Botrylle ci-dcYant , page 46 j note a.

DES ASCIDIES COMPOSÉES. 8l

» Vos Commissaires ont vérifié , sur les objets mêmes , » une grande partie des observations de M. S.; ils croient » pouvoir en garantir l'exactitude en tout ce qu'elles ont V) d'essentiel. Ils pensent que la Classe doit témoigner à »ce naturaliste la satisfaction qu'elle a éprouvée de son » travail, et l'engager à l'étendre, comme il le promet, »aux autres sortes d'animaux composés, afin de déter- » miner jusqu'à quel point cliacun d'eux se rapproche ♦)Ou s'éloigne de ceux qu'il a déjà décrits. Aucune «recherche ne peut être maintenant d'un plus grand «intérêt pour la connaissance des animaux sans ver- » tèbres ».

Fait au paiais de l'Institut, le 8 mai i8i5.

Signé G. CUVIER.

DE LAMARCK.

TROISIEME MEMOIRE. OBSERVATIONS

SUR LES ASCIDIES PROPREMENT DITES,

SUIVIES DE CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LA CLASSE DES ASCIDIES.

vj'est en examinant des corps dont les attributs extérieurs étaient loin de rappeler ceux des As- cidies ordinaires que nous sommes parvenus à la découverte de l'ordre des Ascidies composées ou sociales (a). L'intérêt de cette découverte exige

(a) A proprement parler, ces Ascidies sont plutôt re- trouvées que découvertes. Le genre Distomus , proposé par Gserlner il y a quaranle-cinq ans , présentait la réunion déjà effectuée des Ascidies sociales aux Ascidies solitaires. Voici ce que Pallas dit à ce sujet : ce Alcyoniuni ascidioïdes » &eu Distomus variolosus Gœrtneri novam indicat et per- yificit ajjinitatls seriem inter Zoopliyta et Testacea bival- » via^/jer Ascidia Basteri seu Priapos , quos Gœrtnerus in y> génère Distoraos vocare ainavlt , qiiique sunt quasi Bi- 3) valvia testis exeinta , hranv /disque lamellaceis orhata et m èasi rupiùus udnatav. (Spicil. Zool., fasc. x, pag. 55.)

84 "»' ivrmoiRE. description

que nous abandonnions momentanément la classe des Polypes , pour nous occuper des êtres pins compliqués qui font l'objet de ce troisième Mé- moire.

Les Ascidies ont l'organisation variée et l'aspect uniforme. La configuration qui leur est aliéctée ne permet pas que les différences intérieures se manifestent au-deliors par des signes fort sen- sibles. Aussi les distinctions nécessaires à la par- faite connaissance des espèces sont-elles difficiles à tracer. 11 ne me paraît cependant pas impossible de les diviser en plusieurs genres. Je vais essayer d'en établir quatre, et je ne doute pas que par la suite on n'en admette plusieurs autres.

Les genres que je propose sont fondés sur les

Ces observations sont de 1 774. En 1793 , M. Renier, natu- raliste de Venise, a fait imprimer, dans les Opuscoli ili Milano , tom. X.T'^I , une longue lettre, dont le but prin- cipal est d'établir l'affinité des Botrylles avec les Ascidies. 11 est vrai qu'il ne leur suppose d'autres viscères qu'un tube courbé en siphon , et allant d'un orifice à l'autre; c'est même ainsi qu'il les a représentés : mais il faut se rap- peler qu'à l'époque cet auteur écrivait, l'organisation intérieure des Ascidies était à peu près inconnue , et qu'au fond tous ces rapprochemens avaient leur principe dans des analogies purement extérieures. Je suis ariùvé à la vérité en suivant inie autre voie ; et le lecteur a pu remarquer que si l'existence des Ascidies sociales n'e^t pas encore reconnue dans mon premier Mémoire , du moins y trouve-t-on tous les élémens nécessaires pour la démontrer.

DES ASCIDIES SIMPLES. 85

considérations suivantes : Le test des Ascidies est coriace, ou il est gélatineux; il est sessile, ou il est pédicule (a).

Je range parmi les Ascidies à test coriace y celles dont l'enveloppe extérieure est d'une substance sèche, peu ou point transparente, dure à enta- mer, doublée intérieurement d'une peau dense, qui souvent a les reflets de la nacre et son opacité ; celles qui admettent dans l'épaisseur de leur en- veloppe divers corps marins, et qui s'incrustent de graviers, de coquillages, de lithopliytes , de fucus, etc. 5 celles dont la surface, sans être ainsi incrustée, est profondément ridée, ou verru-

(a) M. Ciivier ( Mém. du Mus. cl'hist. nat. , tom. ii) di- vise le genre des Ascidies en quatre tribus, dont les caractères sont pris dans la forme et les dimensions du sac branchial.

i". Sac branchial plissé longitudinalement, descendant jusqu'au fond de la tunique propre sans s'y recourber. Ascidia viicrocosmus , A. papillata.

qP. Sac branchial non plissé, descendant jusqu'au fond de la tunique propre sans s'y recourber. Ascidia phusca.

"b"". Sac branchial descendant jusqu'au fond de la tunique propre, se x-ecourbant ensuite, et remontant jusqu'au mi- lieu du corps. Ascidia mamillata, A. inonaclius.

4°, Sac branchial ne pénétrant pas jusqu'au fond de la tunique propre. Ascidia intestinalis , A. clavata.

Ces divisions sont très-simples , et disposées très-natu- rellement. Je ne m'en suis écarté que pour y ajouter quelques développemens , et doimer une sorte de priorité «ux caractères extérieurs.

9A ^»«

6" MliMOIRE. DLSCIIIPTIO.V

queuse, papilleuse, scabre, épineuse, velue. Les espèces auxquelles j'attribue un test gélatineux se distinguent par des qualités contraires. Leur enveloppe est plus molle , plus tendre et plus facile à couper ; elle a la transparence de la gelée ou du cartilage. Elle est doublée d'une membrane mince et séreuse. Sa surface est unie ou simple- 3Tient bosselée, le plus souvent glabre et polie.. Enfin , il est rare qu'elle reçoive dans sa sub- stance quelques corps étrangers.

Ces deux divisions présentent encore les diffé- rences suivantes. Les Ascidies à test coriace ont l'orifice branchial ouvert en quatre rayons ; l'anal demême, oufendu transversalement. Les Ascidies à test gélatineux, lorsqu'elles sont pourvues de rayons, en ont communément de huit à neuf à leur orifice branchial, et pas moins de six à l'orifice anal (a).

Enfin, comme le nombre des rayons, dans les Ascidies contractées ou privées de vie, est souvent difficile à déterminer, s'il restait de l'incertitude sur la place d'un individu cpelconque, on la ferait cesser par une simple section du sac bran- chial j car toutes les espèces que je considère comme des Ascidies à test coriace ont leurs

(«) La tunique adlière moins foi'tement aux orifices clans ceUe seconde division; la membrane veloutée qui double ces orifices a luoins d'épaisseur et de solidité. '

im:s ASCfnriîS simples. 5-

brancliics divisées longitudinalement par des |)!is profonds, réguliers et permancns (a), et toutescelles que j'admets parmi les Ascidies à test i^élatineiix ont leurs branchies unies et sans aucun pli.

Chacune de ces divisions possède des espèces scssiles et des espèces pédiculées, avec cette dif- IVrence néanmoins que, dans la première divi- sion, le pédicule naît du sommet du corps, et dans la seconde, de sa base; de sorte que chez les espèces de cette seconde division , le corps est véritablement supporté par le pédicule , tandis que chez celles de la première il y est phitot suspendu.

Tels sont les résultats généraux des observa- tions que j'ai pu faire sur les Ascidies de ma collection, et sur celles que M. Cuvier a bien voulu me communiquer.

Les Ascidies à test coria- ce et pédicule composent . le genre Boltenia.

Les Ascidies à test co- riace ^ sessile le genre Cynthia.

Les Ascidies à test géla- tineux, sessile le genre Phallusia.

Les Ascidies à test géla- tineux y pédicule le genre Cla VELIN A.

(«) Ces plis, suivant la remarque de M. Cuvier, « sont maintenus constans, quelles que soient d'ailleurs les di-

£8 3* MÉMOIRE. DESCRIPTION

Genre Boltenia.

Exemple {a). Boltenia ovifera {Vorticella ovifera Linn.).

Le corps est ovoïde, suspendu à un pédicule cylindrique très -grêle et très -long; tous deux couverts d'un poil ras, dur et serré. Les ori- lices extérieurs ou les ©seules sont fendus en croix, peu proéniinens, placés du même côté, l'un très - près du pédicule, et Tautre vers l'extrémité opposée. C'est le premier qui ré- pond à la cavité branchiale. L'entrée de cette cavité est garnie {}C\xwç, rangée de filets tentacu- laires divisés à leur bout. Je ne connais pas les plis des branchies je sais seulement que les gros vaisseaux forment entre eux des mailles car- rées , et que ces mailles sont interceptées par des vaisseaux longitudinaux très- fins, croisés eux-mêmes par deux vaisseaux transverses de moyenne grandeur» Le pharynx est au fond de la cavité, plus bas quç l'orifice anal. Il conduit à un estomac simple, et privé de foie , à ce qu'il

îatalions du sac branchial, par des^ ligamens et des vais- seaux sanguins qui traversent sur leurs bases et enve- loppent ce sac comme autant de cerceaux w,

(a) Planches i et v.

DES ASCIDIES SIMPLES. 8(}

l^araît. L'iiitesliii niorile jusqu'au pédicule, mais il n'y péiièlre pas , et redescend aussitôt paral- Jrlcment à lui-même; il se termine par un anus <l(>nte]é. Il y a deux ovaires très-inégaux; le plus p; lit est du côté des intestins, entre l'estomac et le rectum, et le plus grand du côté opposé. Ils sont tous deux allongés, placés longitudinale- ment , et terminés par de courts oviductus, qui aboutissent , comme on le pense bien , à l'orilice anal. Tous ces viscères sont enveloppés dans une tunique dont le sommet se prolonge, s^amincit, cl renij^lit comme une moelle l'intérieur du pé- dicule. Les muscles dont elle est garnie sont d'étroites bandelettes , les unes longitudinales , se portant aux deux orifices ; les autres circu- laires. Ces bandelettes se croisent à angles droits, et simulent ainsi un réseau branchial; mais le plus léger examen suffit pour dévoiler leur na- ture. L'insertion du pédicule se fait visiblement ici, non au milieu, mais sur le côté du sommet; et c'est ainsi qu'Edwards l'a représentée. On conçoit alors que le corps doit, par son poids, courber l'extrémité du pédicule, quand celui-ci s'élève verticalement, et se remettre ainsi dans sa position naturelle. Dans une autre espèce que Bol- ten a décrite, et que la distance qui existe entre ses ouvertures me fait rapporter à ce genre, le pédicule naît directement du sommet, et ne paraît pas disposé à perdre sa direction verticale.

t)0 o' MlÎMOIRE. DESCrtlPTION

Telle que celle espèce est représentée, le fond du sac branchial monte au lieu de descendre; de sorte que l'animal est, à proprement parler, dans une situation renversée.

Genre Cynthia.

Plusieurs espèces de ce genre ne se distinguent du précédent que par le défaut de pédicule. D'autres s'en éloignent encore par la présence d'un foie , d'autres par l'unité de l'ovaire , d'autres par l'interruption du tissu des bran- chies, etc. Elles doivent donc différer beaucoup entre elles. Le petit nombre de celles que j'ai examinées pourraient former quatre tribus, si l'on avait égard aux variétés d'organisation que présentent les exemples suivans.

Premier exemple {ci).

Cynthia Momus , microcosmus, panlex , Gangelion, claudicans , pupa.

Les oscules, plus ou moins tubuleux, s'épa- nouissent en quatre festons non frangés. L'entrée de la cavité brancliiale est pourvue d'un cercle de fdets tcntaculaires composés, généralement pinnés ou sub-bipinnés. Celte cavité n'a pas

{ci) Planches i^ il, v^ vi.

DES ASCÎDIIS SIMPLES. ()1

moins de douze ])iis Ooltans dans son inté- rieur, et quelqueiois elle en a dix-huit très- complets, neuf de chaque côté, qui tous suivent parallèlement la courbure de la cavité, et vont aboutir à un petit espace lisse situé au-dessous du pharynx. Les gros vaisseaux longitudinaux sont les plus saillans de tous; ils forment, avec les gros vaisseaux demi-ciiculaires, des mailles en carré long, que trois autres vaisseaux moins gros subdivisent en quatre mailles transverses : ces dernières sont interceptées par des vaisseaux longitudinaux extrêmement fins. Le pharynx conduit à un estomac pourvu d'un foie ver- dàlre, grenu, ou feuilleté. Ce foie, qui adhère d'une manière intime à l'estomac, Fenveloppe en tout ou en partie, et y verse la bile par des trous distincts percés au fond de certaines ca- vités. L'intestin est peu glanduleux ; il forme une anse peu élevée , toujours écartée du rec- tum, qui se termine par un anus découpé ou entier. Il y a au moins deux ovaires; ils sont attachés à la tunique, et appliqués contre le sac branchial, l'un du côté des intestins, et l'autre du côté opposé. Ces ovaires sont terminés par de courts oviductus dirigés vers l'orifice anal.

Telle est l'organisation commune aux sept espèces indiquées ci-dessus, et que diversifient quelques caractères sujets à varier. i°. Le nombre des plis de la cavité branchiale : on en compte

9^ Û"^ MÉMOfRr. DESCRlPTIOrf

douze (]ans la Cjnthia Gangelion , quatorze clans ]cs C. microcosmus y pantex , pi/p a ; seize dans la C. papillata , dix-huit dans la C. Momus ; enfin, dix -sept ou même dix -neuf dans la C. claudicans , qui les a toujours en nombre impair. i^. La position du pharynx, qui s'éloigne plus ou moins du fond de la cavité, ce qui peut beaucoup cliangcr la proportion relative de ses plis. La C. Monius y il est le plus élevé, a les plis postérieurs ou voisins des artères branchiales très-longs, et les plis voisins de la veine bran- chiale très-courts. 3°. La conformation de l'esto- mac , dont l'intérieur , ordinairement simple ,. est garni de plusieurs feuillets saillans dans la C. papillata. 4°. La disposition du foie, que les C. Momus y microcosmus , pantex et Gangelion ont divisé en deux masses , dont une est à gauche du sac branchial , et comme hors de Fabdomeii'. 5°. Le nombre, la forme et la situation des ovaires. Du côté de l'abdomen , l'ovaire est toujours iniique, mais tantôt compris dans l'anse de rinteslin sans y adhérer, tantôt couché sur l'intestin, et adhérant au rectum. Ce dernier cas est celui des C. papillata, claudicans et piipa. La C. microcosinus est la seule qui ait deux ovaires du côté gauche, et la C. pa- pillata, la seule qui ait des deux côtés un oA'aire recourbé, et terminé par un oviductusà chaque bout. Je ne liens pas compte ici de difiérences

DES ASCIDIES SIMPLES. (j5

l^lus minutieuses qu'on trouveia d'ailleurs enumérées ci-après clans le tableau systématique des espèces.

Second exemple (a). Cynthia Dione.

Cette espèce a les deux orifices extérieurs dé- loupés en quatre lobes ; les filets tentaculaires branchus et comme bipinnés; quatorze plis flot- tans au sac branchial ; l'estomac enveloppé dans un foie cannelé et verdàtre ; les ovaires au nombre de deux, un dans l'abdomen et contigu à l'in- testin, quoique non compris dans son anse; l'autre du côté opposé. Elle semble donc partager la conformation des précédentes, et devrait en effet leur être réunie, si elle ne présentait deux caractères par lesquels elle se distingue , non- seulement de ses congénères , mais encore de toutes les Ascidies simples et composées qui me sont connues.

Le premier consiste en de petits fîlamens qui bordent les festons de ses oscules, et qui la font reconnaître pour l'espèce gravée dans Forskaol (tab. xxrii , Jig. E) , à laquelle on trouve ces singulières franges de filets. Le second , et le plus

(a) Plauclievii^ fig. i.

94 ^^ MÉMOIRE. DESCRIPTIOIV

important de ces caractères, réside dans la dis- position du tissu branchial, qui n'est pas con- tinu sur les plis, mais interrompu à des dis- tances égales, et de manière à dessiner une suite de festons très -réguliers. Chaque })li en a un second à sa hase, qui n'est pas libre comme lui, et dont les points d'attache correspondent aux intervalles qui séparent les festons. La totalité des plis est ainsi de vingt -huit, quatorze de chaque côté; ils sont bordés par un égal nom- bre de grands vaisseaux longitudinaux. Les vaisseaux qui composent le tissu sont excessi- vement fins ; les transverses cependant moins déliés que les autres , moins serrés aussi, et s'ac- commodant très -bien par leur courbure à la' circonscription des festons. Ce dernier point est une légère exception à la loi qui veut que, dans cette famille, les vaisseaux des branchies s'unis-, sent en formant des angles droits entre eux.

Celle espèce est encore remarquable par la dis- positiondes fibres charnues de sa tunique , dont les principaux trousseauxdechaquecôté descendent des deux orifices en convergeant, et se terminent brusquement avant de s'atteindre; ils sont peu nombreux , courts , et épaissis par le bout. La Cjnthia 7Ï/omw5 présente une oiganisation mus- culaire assez analogue; mais dans les autres espèces de ce genre, les muscles circulaires des orifices se répèlent concentriquement sur

DES ASCIDIES SIMPLES.

(ont le corps en se croisant. Les muscles lon- gitudinaux de ces incines orifices se prolongent aussi , et vont s'épanouir à la base ; ils s'unissent avec les autres; et tous se serrent tellement dans les deux tribus suivantes, que la tunique ne présente plus qu'un tissu continu sans distinc- tion de faisceaux. A la vérité, les espèces d'As- il cidies dont la tunique intérieure est la plus jnusculeuse et la plus propre à lancer de longs lilets d'eau, appartiennent à ce genre.

Troisième exemple [a). Cynthia Canopus, polycarpa, pomaria.

On trouve à ces espèces des orifices à qualie lobes non frangés ; des filets tentaculaires très- simples ; des plis branchiaux au nombre de huit seulement, quatre de chaque coté, à réseau continu; un estomac feuilleté intérieurement, dépourvu de foie et de toute autre annexe à l'extérieur; enfin, un ou plusieurs ovaires sur chacun des côtés du corps.

L'organisation viscérale semble simplifiée; la cavité branchiale a moins de plis , et en outre des plis moins profonds ; plus de lilets tentacu- laires divisés; plus de foie : les glandes, renfer- ma) riunclicà II, vil et via.

gf) 5"^ MÉRfOIRE. I)i:SCRIPTIO]V

niées clans l'épaisseur des parois intestinales, | peuvent y suppléer. L'intérieur de l'intestin est ' pourvu d'une eôte eylindrique qui s'étend du pylore à l'anus , et qui se montre ici pour la première fois.

La conformation du tube alimentaire varie. La Cynthia Canupus a l'estomac très-grand , cylin- drique, et un très-long rectum. Dans les C. polycarpa et pomaria^ l'estomac est très-petit, elliptique, et l'intestin très-court : il y a , de plus, un petit cœcum en avant du pylore.

Les organes de la génération montrent des différences plus frappantes et plus difficiles à concevoir. Les ovaires de la C. Canopus sont en nombre limité, deux ou quatre au plus; ceux du côté droit contigus au rectum ; tous terminés comme à l'ordinaire par des oviduclus ou des canaux propres à l'émission des œufs. A en croire les apparences, les ovaires des C. poljcarpa et pomaria seraient en nombre pour ainsi dire illi- mité, et n'auraient aucun oviductus. En effet, parmi les organes que possèdent ces espèces , les seuls qu'on puisse prendre pour des ovaires sont des corps hémisphériques ou coniques, adhérens à la tunique charnue , au nombre de plus de cinquante, et disposés sur huit rangs, qui cor- respondent à peu près aux huit plis du sac branchial. Ils sont formés d'un amas de grains semblables aux oeufs de quelques autres espèces,

•DES ASCIDIES SIMPLES. 97

très-serrés, et dont l'ensemble imite exactement une baie composée soutenue par un calice à cinq divisions. Ces ovaires , vrais ou faux, n'ont entre eux aucune communication visible, et paraissent ne posséder d'oviductus ni communs ni parti- culiers; ils sont accompagnés à leur base de vé- sicules gélatineuses, transparentes, sub-pédicu- lées : l'état de vacuité leur donne à eux-mêmes cette apparence vésiculeuse, La Cjnthia papil- lata ^ qui appartient à la première tribu, m'a ofiert aussi plusieurs rangées de vésicules gélati- neuses, ridées, demi-transparentes, qui correspon- dent aux plis des branchies , et sont attachées à la base de leurs principaux ligamens , sur la tunique charnue (a). Ces vésicules, non moins isolées que les corps précédens, ont quelques vaisseaux sanguins, et paraissent organisées. On ne peut néanmoins les confondre avec les vérilables ovaires , qui en sont ici très-distincts. Dans la C. microcosmus , les ovaires , dont la nature n'est pas douteuse, se composent de lobes géla- tineux séparés comme les grains d'une grappe j et après l'émission des œufs, ces lobes flétris deviennent difficiles à distinguer des vésicules ridées de la C. papillata. Je suis même porté à croire que ce sont les ovaires flétris du Micro- cosmus, que M. Cuvier, ne sachant quelle orga- nisation leur attribuer, a pris pour des pro-

(a) Voyez planche vi, Cg. -i , a.

98 5* MÉMOIRE. DESCRIPTIOîf

visions de substance nutritive, comparables à la graisse des autres animaux {a).

Quelles que soient les fonctions de ces diverses parties, on doit se garder de confondre des cor];s si régulièrement organisés et disposés, avec cei- taines excroissances spongieuses ou charnues qui pullulent sans ordre sur les parois de la tu- nique, et jusque sur les intestins et les ovaires de quelques espèces. J'ai trouvé de semblables excroissances à une variété de la Çynthia clau^ dicans , dont elles enveloppaient entièrement l'inlestin 5 j'en ai même trouvé à la C. Canopus , qui fait partie de cette troisième tribu , et je les . ai fait dessiner (è). Au reste^ toutes ces pro- ductions paraissent étrangères aux espèces de la quatrième tribu , et elles ne se représentent plug dans les genres suivans.

Quatrième exemple (c).

Cynthia mytiligera, solearis, cinerea.

Lesdeux orifices sont plus ou moins sillonnés; ils ne s'épanouissent néanmoins qu'en quatre festons, indiqués par quatre angles intérieurs. Les filets tentaculaires sont très -simples; la

(rt) Mém, précit., pag, 28.

(è) Voyez planche viii, fig. i. / , J?.

(c) Planche vm. ^

DES ASCIDIES SIMPLES. GjQ

cavité branchiale pourvue de huit plis, quel- quefois Irès-superliciels; le tissu respiratoire essentiellement conformé commeclans la première tribu; Testomac feuilleté au-declans, sans aucun foie à l'extérieur; l'intestin petit, glanduleux , jnuni à l'intérieur d'une côte qui s'étend du .pylore à l'anus. Tous ces caractères se trouvent déjà réunis dans les espèces de la troisième tribu , dont celles ci ne diffèrent en effet qlie par l'unité de l'ovaire, et sa situation dans l'anse intestinal qui l'embrasse exactement. C'est une différence de quelque valeur , parce qu'en séparant ces espèces à branchies peu plissées, et les isolant i dans leur division, elle les rapproche en même j temps de la division suivante , l'ovaire est toujours unique et étroitement embrassé par l'intestin.

Dans cette tribu, l'ovaire se présente sous^la forme d'une poche membraneuse, qui fournit des points d'attache aux branchies, et qui se fixe elle-même à la tunique et au pourtour de l'anse intestinale. Je n'y ai jamais aperçu que quelques grains ronds et épars, assez semblables à d'autres grains qui tapissent la tunique et le dehors de l'intestin; mais ces derniers ne sont que de petites glandes généralement très-noires. ! Cette poche envoie un prolongement qui s'at- j tache au rectum, mais si frisé, si irrégulier, si mince , que je n'ose le donner pour un ovid uctus.

iOO D*^ MÉMOIRE. DESCRll'TrON

Les espèces en question sont celles dont les viscères abdominaux tiennent le moins déplace. Leur intestin est très-petit et très-maigre ; le sac branchial est généralement d'un tissu ferme, fortifié par des ligamens fibreux très-compactes, et attaché à la tunique charnue par des brides ou des expansions prolongées de ces mêmes- ligamens (a). On voit qu'en se contractant il pourrait se réduire à un petit volume , et laisser entre les côtés de la tunique et lui un assez grand espace, auquel l'orifice de l'anus ménagerait faci- lement quelque communication au-dehors. L'eau pénétrerait-elle ainsi dans cet intervalle , qui est souvent rempli de graviers assez gros, sans qu'il se manifeste aucune lésion au tissu des bran- chies (b) ? Des observateurs si dignes de foi [c] ont vu les Ascidies lancer l'eau en deux jets séparés , qu'on ne peut guère douter que ce fluide ne soit quelquefois absorbé et rejeté par l'oscule intestinal.

(a) Le sac branchial des Ascidies n'adhère immédiate- ment à la tunique que par ses deux arêtes antérieure et postérieure.

(b) On pourrait s'en assurer en injectant quelque liquide "* par l'orifice anal ; essai que l'état des individus que je pos- sède ne m'a pas permis de tenter.

(c) Diquemare, Bruguiere, MùUer, Bosc, et plus an- ciennement Rondelet.

l)i:S ASCIDIES SIMPLES. 101

Genre Phallusfa.

On sait déjà que ce genre diffère desprécédens par ses branchies non plissées et tendues. A ce premier caractère elles en joignent un second plus difficile à observer : c'est que les mailles de leur tissu sont pourvues à chaque angle de petites bourses ou papilles coniques , qui mar- quent la jonction des vaisseaux longitudinaux aux vaisseaux transverses. Ces mailles sont d'ailleurs interceptées, comme à l'ordinaire, par d'autres vaisseaux longitudinaux 1res -déliés. Quant aux papilles , elles sont analogues aux filets qui bordent la veine branchiale dans beau- coup d'Ascidies, tant simples que composées, et qui indiquent aussi la réunion des vaisseaux transverses à cette veine.

Il semble d'abord que ce genre ne puisse se subdiviser aussi facilement que le précédent : des filets tentaculaires toujours simples ; des branchies toujours tendues, et dont les mailles sont toujours essenliellement les mêmes; un ovaire toujours unique; jamais de foie à l'es- tomac : cette annexe ne doit plus reparaître , mais une côte intestinale qui s'étend toujours du py- lore à lanus. Il y a donc ici un grand fond d'uniformité; mais ce fond est varié par des coui- binaisons absolument étrangères aux deux pre-

J02 5' MI MOIRE. DESCRIPTION

niiers genres, et qui permettent d'établir dans celui-ci trois tribus naturelles très-distincies : c'est ce que je vais démontrer par autant d'exemples.

Premier exemple [a).

Phallusia sulcata , nigra , arabica , turcica.

L'enveloppe de ces quatre espèces est deuû- cartilagineuse , arrosée par des ramifications Tcineuses et artérielles très-visibles. Ces petits vaisseaux proviennent d'un double tronc qui sort de la partie moyenne et postérieure du corps. Le^pharynx n'est pas situé précisément au fond du sac branchial, mais plus liaut^ vers son tiers ou son quart inférieur. Il conduit à un estomac horizontal et simple dans les trois pre- mières espèces, mais vertical et garni de feuillets trcs-minces dans la Fhallusia turcica. L'intestin est peu glanduleux; il forme une anse pkis élevée que dans le genre précédent, et plus inclinée sur le rectum. L'ovaire ne s'est trouvé visible et rempli d'œufs que sur la première espèce, Ph, sulcata : sa masse principale est comprise entre le rectum et l'anse intestinale, dans laquelle

(a) planches n , ix et :i.

TiES ASCIDIES SIMPLES, Io3

son tube se plonge pour suivie le contour infé- rieur de l'inleslin jusqu'à l'anus.

Au premier aperçu , la Phallus ia turcica semble une espèce anomale dans celte tribu : son tissu branchial ne représente point un ré- seau dont les mailles seraient interceptées par des iils plus lins ; les vaisseaux longitudinaux y sont tous très-fins et très- égaux; mais les principaux d'entre eux n'en sont pas moins distingués des autres par la position des papilles; et il est cer- tain que, dans la plupart des espèces, le dia- mètre apparent des vaisseaux est plus ou moins augmenté par les ligamens qui les fortifient , ligamens qui sont ici d'une transparence par- fiite. A y bien regarder, cette anomalie est donc à peu près nulle; mais il s'en trouve une plus embarrassante dans la disposition des intestins. En effet, c'est une règle générale parmi les Ascidies, que la cavité branchiale occupe le côté gauche, et la cavité abdominale le côté droit du corps(<2). La Ph. turcicadéroge incontestablement à celte loi : son tube alimentaire est situé à gauche du sac branchial. Une autre règle est que l'in- testin , après s'être éloigné du pylore, se recourbe en devant pour se rapprocher du bord supérieur de l'estomac avant de se porter à l'anus. Dans la

(a) Il ne faut pas oublier que la droite des Ascidies- répond à la gauche des Bivalves.

lo4 5' MÉMOIRE. DESCRIPTION

Phallusia turclca , l'intestin se courbe au con- traire en arrière, et embrasse l'estomac par- dessous avant de donner le rectum. Cette double singularilé, observée sur une seule espèce et sur un seul individu, m'ayaut paru suspecte, j'ai voulu rechercher si d'autres espèces ne présente- raient pasquelquefois des dérangemensanalogues. J'en ai, en effet, trouvé un dans la Cynthia Mo- mus y qui est plus extraordinaire encore (a), et qu'il me paraît utile de noter ici. Le tube alimen- taire était de même à gauche; mais, par une in ter- version presque inexplicable, le pharynx avait quitté la base antérieure du sac branchial, et s'était placé à son sommet postérieur; l'intestin descendait jusqu'au fond de la tunique , se repliait en avant, et remontait parallèlement à lui-même pour se terni<iner vis-à-vis du pharynx ; de sorte que l'anus et le pharynx s'ouvraient également sous l'orifice branchial. Quant à l'orifice anal , il entrait dans les bran- chies, et leur procurait une seconde issue au- dehors. Cet individu avait des ovaires garnis d'œufs. II paraissait néanmoins supporter celte organisation mo-nstrueuse avec peine. Ses bran- chies , remplies de Crevettes , attestaient son état de faiblesse; et ce même état m'a paru dé- celé dans la Pli. turcica p;tr le grand nombre d'Entomostraccs (jui en peuj)]aient l'intérieur.

(a) Voyez planche vi^, lU;. i. j.

DKS ASCIDIES SIMPLTtS. lOj

Une troisième différence, mais assez légère, se remarque sur la tunique, dont les muscles longitudinaux sont courts et terminés brusque- ment dans la Pliallusie en question , tandis qu'ils se prolongent et s'épanouissent dans les trois autres.

Second exemple (a).

Phallusia monachus, mamillata.

Quelque variée que soit l'organisation des div^ers groupes d'Ascidies que nous avons exa- minés, ils se ressemblent tous par la forme gé- nérale du corps et les proportions relatives de ses parties principales. Ce corps est toujours droit ; la cavité branchiale descend jusqu'au bout de la tunique ; l'intestin n'est point sensi- blement dépassé par le fond de cette cavité, et lui-même il ne la dépasse point. Une conforma- tion si constante jusqu'ici disparaîtra tout à coup ; bientôt nous ne trouverons que des Ascidies dont les intestins s'éloignent du sac branchial, et dont l'abdomen abandonne pour ainsi dire le thorax. Mais avant de suivre celte voie qu'elle ne doit plus quitter, la nature semble se détourner brus- quement et faire quelques pas en sens inverse, Dos Ascidies de cette tribu n'ont pas seulement

(«) Iianclie s.

'A

I06 O^ MKBIOIRE. DESCRIPTION

le sac branchial de la longueur de l'abdomen ; il se prolonge au-delà en se recourbant en arrière , et semble forcer la tunique à se prêter à ce mou- vement- il y force en quelque sorte l'abdomen lui-même, car Testomac est réellement relevé et replié sur l'anse de l'intestin.

L'enveloppe extérieure a la même consistance demi-cartilagineuse que nous lui avons vue dans la tribu précédente, et montre les mêmes rami- fications vasculaires. Le corps qu'elle contient parvenu à son fond , se recourbe à droite et en arrière pour remonter vers son milieu ; elle se moule sur ce repli, et, pénétrant dans Tinter- ^ valle que les deux parties laissent entre elles , fl elle les maintient dans leur position respective. " C'est au-dessus de ce septum que l'enveloppe leçoit du corps son principal vaisseau. La tu- 1 nique a des trousseaux de fibres très,-divisés. Le sac branchial a, comme on le pense bien, beau- coup d'étendue ; il est allongé, et se j^ecourbe immédiatement au-dessous du pharynx : mais, comme l'entrée de la courbure est vaste, le pha- rynx ne laisse pas que d'être éloigné de la base de l'enveloppe 5 circonstance qui permet à l'es- tomac de se tenir au-dessous dans une ligne absolument verticale. Cet estomac, retourné sur l'intestin , a pris une situation inverse de celle ([u'il affecte communément, c'est-à-dire, que son bord antérieur et inférieur est devenu supérieur

r

DES ASCIDIES SIMPLES. lOJ

et postérieur. Quoi qu'il en soit, sa cavité est; relevée de gros plis qui convergent, comme à l'ordiuaire , du cardia au pylore il est très- glanduleux, ainsi que tout ^intestin, dont l'anse est disposée comme dans la première tribu. Je jn'ai point trouvé d'ovaire; les petits grains dis- séminés dans la masse des viscères sont évidem- ment des glandes. M. Cuvicr indique cependant le conduit excréteur de la génération; mais, en examinant la figure qu'il en a donnée , je crains qu'il n'ait pris pour tel , l'extrémité de la côte intestinale. Cette côte semble formée d'un paquet de petit tuyaux qui, partant du pylore, vont aboutir à l'anus, et s'y terminer par une sorte de pavillon frisé. Je passe aux Pliallusies de la troisième tribu.

TroisièîTie exemple {a).

Phai/Lusia intestinalis.

C'est maintenant que l'abdomen des Ascidies ' commence visiblement à descendre et à se sépa- rer du thorax (b). Cette nouvelle et importante

(«) Planche xi , fig. i.

(Z>) En un certain sens, l'abdomen ne descend pas ; il ' monte , et en voici la pi^euve. Une Ascid ie , dans sa jîosition naturelle^ représente un Mollusque bivalve aussi dans sa

Io8 5* MÉMOIRE. DESCRIPTION

iiiodilîcalion semble annoncer que la nature va passer des Ascidies simples aux Ascidies com- posées. On ne peut toutefois la considérer encore que comme le lien organique qui unit ce genre au suivant.

L'enveloppe de la Phallusie intestinale est gé- latineuse , transparente , cylindrique , et d'une forme qui indique qu'elle se prête à l'allongement des viscères. Elle n'a point de ramifications vas- culaires visibles ; les vaisseaux incolores qu'elle reçoit lui viennent de la partie inférieure du corps. Son épidémie est légèrement velouté; les festons de ses orifices sont séparés par de gros points calleux, caractère dont on pourra tirer meilleur parti dans la suite , si on le trouve exclusivement propre k cette tribu. Les fibres longitudinales de la tunique descendent par

position naturelle, et ce dernier un Mollusque gastéro- pode, une Patelle, par exemple, la tête en bas, et dans une situation renversée. 11 résulte de que les parties qui descendent relativement à l'Ascidie, montent relativement au Gastéropode. Ainsi une Ascidie dont les intestins et l'ovaire se sont prolonj^és au-dessons du thorax, ne peut plus être comparée qu'à un Gastéropode dont les viscères abdominaux se seraient déroulés en avant de la tête, et qui n'aurait conservé, dans la position habituelle de l'ab- domen , que les branchies et l'anus.

Ceci complète , en quelque sorte , l'inversion des expres- sions que j'ai fait remarquer ci-devant, page 6 , note «.

Î>ES ASCIDIES SIMPLiiS. lOQ

faisceaux réguliers qui vont s'épanouir à sa base. La cavité brancliiale est très - allongée , et le pharynx presque contigu à son fond , qui est ainsi facilement dépassé par l'abdomen. L'es- tomac , auquel conduit un court œsophage , descend obliquement en arrière j il est pourvu de quelques feuillets en dedans, et en dehors de glandes assez saillantes : on observe de semblables glandes sur une portion de l'intestin. L'anse de celui-ci est un anneau qui remonte à peine jus- qu'aux branchies , mais qui est immédiatement suivi d'un long rectum. La masse de l'ovaire est comprise dans l'anneau intestinal; son fond s'attache à l'œsophage ; son tube monte avec le rectum^ et le dépasse. Il est à remarquer que, dans cette espèce , le péritoine commence à prendre plus de consistance , et fournit une voûte membraneuse qui circonscrit et protège en dessus la cavité abdominale.

Genre Clavelina.

Exemple (a). Cl-avelina borealis i^Ascîdia clavata Cuv. ).

Quoique le genre des Phallusies comprenne quelques espèces dont la masse des viscères se

(a) Planches i et xi , fîg. a.

IIO ù' MEMOIllE. BESCRIPTIOIM'

concentre entre le fond de la tunique et celui du sac branchial, ce dernier, très-allongé, leur sert encore de point d'appui, et l'on peut dire que toutes les Phallusies ont l'abdomen plus ou moins latéral. Il n'en est pas ainsi des Clave- lines : leur sac branchial ou leur thorax est fort petit; leur abdomen est très-allongé et absolu- ment inférieur; le pédicule qui le supporte le fait paraître encore plus long. Au reste, les pro- portions de ce prolongement , qui n'est rempli que par une production muqueuse delà tunique, peuventvarier ; et je pense qu'on doit considérer V^scidia lepadiformis de Miiller comme une es- pèce de Claveline dont le pédicule est fort court.* L'existence du pédicule établit entre les Cla- vélines et les Boltenies une sorte de conformilé extérieure qui tend à les faire confondre. Mais si l'on fait attention au point d'où part ce support, on trouvera bientôt que le caractère qui semblait rapprocher les deux genres est précisément celui qui les éloigne, et qui oblige de les placer aux deux bouts de la série des Ascidies simples.

Les véritables rapports des Clavelines sont avec les Phallusies. Néanmoins, aux différences que l'on connaît s'ajoutent des considérations } moins importantes peut - être , mais dont la réunion me semble justifier pleinement l'éta- blissement du genre. L'orifice branchial paraît ' privé de rayons ; il est garni au - dedans de filets

DES ASCIDILS SIMPLES. 111

disposés sur deux rangs bien séparés. Le réseau de ]a cavité n'a point de bourses ou papilles vasculaires ; il se compose de gros vaisseaux transverses unis par des vaisseaux longitudinaux très -fins et très -égaux. L'œsophage est long et grêle; il descend tout droit, et aboutit à un estomac perpendiculaire qui a quelques feuillets au-dcdans , mais qui n'est pas glanduleux. Ou ne voit point ici celte côte cylindrique qui , dans les Pliallusies , s'étend du pylore au bout du rectum. Toute la portion de l'intestin inférieure à l'estomac est remplie de petites glandes piri- formes, qui ont la couleur jaunâtre ou verdâtre des tubes hépatiques ; elles sont contenues dans l'épaisseur des parois intestinales , et ne font aucune saillie. Au sortir du pylore, l'intestin ne se relève pas pour former un anneau plus ou moins vertical ; il descend au contraire perpen- diculairement jusqu'au pédicule, et ne se re- courbe que pour remonter directement vers l'anus en passant sur l'estomac ; exactement comme dans la plupart des Ascidies sociales, avec lesquelles celle-ci a , par les pioportions et le groupement de ses viscères, des analogies que M. Cuvier a très-bien remarquées.

La position de l'ovaire dans le repli de l'in- testin, quoique semblable à celle que présente la Phallusie intestinale, ne vient point infirmer les conséquences précédentes, parce que celle

H'2. Ù*^ MÉMOIRE. DESCRlPTIOPf

position est encore à peu près la même dans les genres Diazona et Distoma, qui sont des Asci- dies sociales.

On peut prévoir des rapports de la Claveline avec ces deux derniers genres , qu'en se bor- nant à considérer l'organisation individuelle, il ne se présentera aucune distinction réelle entie les Ascidies simples et les Ascidies composées. Et en effet, plus on les compare entre elles, plus les difï'é renées s'évanouissent. Hormis les distinctions qui caractérisent les genres chacun dans sa division, on peut dire que toutes les autres modifications leur sont communes (a); il y en a même qui, après avoir disparu dans les unes, se montrent de nouveau dans les autres. Ainsi, les petites bourses papilliformes des bran- chies du genre Phallusia reparaissent dans le genre Diazona ^ les ovaires doubles et appliqués contre les branchies des Cynthies se retrouvent dans les Botrylles ; la position très-relevée de l'abdomen, si complètement étrangère h. la Cla- veline, revient jusqu'à un certain point dans ces mêmes Botrylles et dans les Eucélies : il y a même de très-insignifians ou très -minutieux détails d'organisation dont l'existence se soutient dans toute la série. Aussi les Botrylles, les Si-

{a) Les Abeilles solitaires ne ressemblent pas davantage aux Abeilles sociales. «r

DES Ascrnits simples. ii3

glllincs et les autres Ascidies sociales dont nous connaissons les lilets tenlaculaires, les ont tou- jours montré de longueur inégale, les plus petits séparant les plus grands, et alternant avec eux, La même combinaison se retrouve dans les As- cidies simples; et si elle n'y est pas toujours aussi régulière, on voit que cela tient à la mnl- tiplicité des filets qui en gêne et contrarie plus ou moins le développement.

Mais cette conformité dans les organes que nous avons examinés jusqu'ici, ne serait-elle qu'un masque commun sous lequel existeraient des natures réellement difierentes? Il est d'autres organes, en effet, que les zoologistes regardent comme plus essentiels, et dont l'absence, la pré- sence ou certaines modifications décident, sui- vant eux , du mode d'existence accordé aux divers animaux. Le cœur a été trouvé dans les Ascidies simples : existe-t-il dans les Ascidies composées? Je puis répondre à cette question par l'affirmative; mais, pour arriver aune démons- tration complète, il est nécessaire que j'examine la forme sous laquelle les Ascidies ordinaires présentent cet organe.

Dans toutes, le cœur est un renflement peu musculeux, oblong ou fusiforme, dont les deux extrémités opposées se prolongent en deux vais- seaux d'un diamètre presque égal au sien : un de ces vaisseaux reçoit, à ce qu'on croit, tout le

8

1 \ ![ 0*^ MÉMOIRE. DESCRIPTIO?r

sang des branchies; il prend le nom de i^eine pulmojiaire. L'autre, beaucoup plus long, est Vaorte qui distribue le sang aux diverses parties du corps (a). Cet appareil est renfermé dans un double fourreau membraneux.

Dans toutes encore , le cœur est situé fort près de l'estomac. La veine pulmonaire se porte d'abord vers le cardia, tandis que l'aojte se di- rige en sens contraire. Il y a ensuite des variétés qu'il importe de connaître.

La Cyntliie 2:)apilleuse (b) a le cœur placé horizontalement entre le fond de la tunique et le foie. La veine pulmonaire suit le bord infé^ rieur et antérieur de l'estomac jusqu'au cardia, lieu paraît toujours s'établir la communica- tion de cette veine avec les branchies. L'aorle se recourbe d'abord brusquement, passe sous le cœur, revient sur elle-même, et monte quelque temps parallèlement aux artères branchiales avant de se diviser.

La Pliallusie cannelée (c) , première tribu ,

(«) (c L'Ascidie n'a , comme les Gastéi'opodes et les )> Acéphales , qu'un ventricule gauche ou aortique , et il r> n'y a point de ventricule sur la réunion de la veine- J) cave et des artères pulmonaires». Cuv. Mèm. préciU pag. 2t. \

ib) Planche vi^ fig. 4. 7,4. .2.

(e) Planche \x . (ig. 2. /.

DES ASCIDIES SIMPLES. I I 5

a le cœur silué plus en avant , mais toujours liorizontalcment et sous le bord inférieur de l'estomac , que la veine pulmonaire remonte jusqu'à l'œsopliage, tandis que l'aorte se porte immédiatement du côté opposé, en suivant les artères branchiales , qu'elle abandonne vers le milieu de leur longueur pour aller distribuer le sang à l'enveloppe. Dans tout ce trajet, elle est accompagnée d'un autre gros vaisseau qui rap- porte ce sang au corps.

Dans la Phallusia monachus {a) , seconde tribu , le cœur est situé un peu obliquement derrière le pylore. Comme l'estomac est retourné sur Finlestin , et que son bord inférieur est devenu supérieur, la yeine pulmonaire se ré- fléchit pour suivre ce môme bord jusqu'au car- dia. Quant à l'aorte, elle monte, comme dans l'espèce précédente, parallèlement aux artères branchiales , dont elle ne s'éloigne que pour arroser l'enveloppe et d'autres parties.

Le cœur de la Phallusie intestinale (è), troi- sième tribu , diflere des précédens par sa di- rection ; il est situé presque perpendiculairement un peu au-dessus de l'estomac, à gauche, du côté opposé à l'ovaire. La veine pulmonaire contourne l'estomac pour parvenir à l'œsophage. L'aorte

{à) Planche x, fig. 2. 4 , ^. 5. (b) Plancliexij fig. 1. 2, 1 . j.

Ïl6 3*^ MÉMOII'.E. DLSCIllPTION'

s'élève (l'abord , et fonue, en revenant sur elle- même, une pelile anse verticale qui dépasse un peu celle de l'intestin; elle continue de des- cendre, mais dans une direction opposée à celle de la veine pulmonaire , et finit par se diviser en deux ou trois branches qui se rendent à l'enveloppe et aux autres parties.

Le cœur de la Claveline boréale («) est per- pendiculaire comme le précédent , et situé de même du côté opposé à l'ovaire; mais la chute complète de l'anse intestinale l'a entraîné un peu au-dessous de l'estomac. La veine pulmo- naire s'élève vers le cardia; l'aorte descend pa- rallèlement à Fintestin, et se divise près de sa courbure. L'ensemble représente un gros vais- seau tout droit.

Voilà les diverses positions que m'a fait voir le cœur des Ascidies proprement dites. Dicque- mare, qui a observé cet organe datis l'Ascidie intestinale, sans toutefois le reconnaître, dit qu'il s'allonge et se raccourcit alternativement avec beaucoup de vivacilé (Z>). On ne peut donc douter de sa nature et de ses fonctions. C'est , par conséquent , ce même organe qu'il s'agit de retrouver dans les Ascidies sociales.

Le genre Diazona en présente un tout sem-

[a) Plaiiclie xi , fig. i. /.

{h) Journal de F hy^iique , au. 1777, pag. ]38.

dt:s Asciniis simples. iin

tl.'tble («). Il est, coiiiiiie dans la Claveline, situé perpendiculairement au-dessous du pylore, du colé opposé l'ovaire, La veine pulmonaire monte de même à la base de l'œsophage. L'aorte descend vers le fond de la tunique, puis elle se recourbe et s'élève en montant du côté du rec- tum : elle se divise néanmoins avant d'atteindre le pédicule de l'abdomen.

Je n'ai examiné le cœur que sur cette Ascidie composée ; la petitesse des autres m'a détourné d'une telle reclicrclie; mais il ne serait pas plus raisonnable de leur contester cet organe que de balancer à l'accorder à tant de petits Mollusques céphalopodes ou gastéropodes dans lesquels on ne l'a pas observé, et vraisemblablement on ne le cherchera jamais.

Ainsi les Ascidies sociales ont un cœur, un centre de circulation semblable à celui des Asci- dies solitaires. Elles leur ressemblent encore pur la place qu'occupe le centre principal des sensa- tions. M. Cuvier a fait voir que le gros ganglion des Ascidies oLtlinaires était placé entre les pro- ductions de la tunique, moins près cependant de l'orifice branchial que de l'anal (b). Il est

(a) Planclie xii , fii;. i. ^ , i. 4-

(S) (c Ce ganglion, dit M. Cuvier, donne des branches » (juc l'on suit aisément, parmi lesquelles on en distingue, D dans les grandes espèces , deux qui se rendent à l'ocso-

Il8 5' MÉMOIItE. DESCP.IPTIOiy

iillongé, et donne à cliaqiie bout deux branches qui envoient des rameaux aux yiscères, mais dont les divisions principales se portent très- visiblement aux deux orifices.

Pour expliquer cette distribution des fîlels nerveux, il faut se représenter que l'Ascidie, emprisonnée sous une écorce à peu près insen- sible et souvent incrustée de corps étrangers , n'a de communications et de sensations directes à l'extérieur que par les deux orifices. Il paraît \ même que celui de l'anus, ordinairement plus rapproché du ganglion , est le siège d'une sensi- J bilité plus vive. Les mouvemens de dilatation et de contraction qu'il laisse apercevoir sont si souvent répétés, que Miiller a cru qu'il était employé à prendre la nourriture, et que le su- périeur servait uniquement à rejeter l'eau.

Les Ascidies sociales offrent la même orça- nisalion et les mêmes phénomènes. J'ai parlé ailleurs de leur gros ganglion , et je ne reviendrai pas sur ce sujet. Je me contenterai de lemarquer que, quoique l'agrégation des enveloppes parti- culières soit complète et intime, la communauté

5) phage et l'entourent cVun anneau. L'analogie ne permet 3) pas de douter que cet anneau ne soit le cerveau. Le 3) ganglion répond à celui qu'on trouve dans les Bivalves, 3) entre les lirajicliies, et vers l'origine du tube ([ui amène 3) l'eau ». Jflé/ii. précil. , pag. 24.

nrs ASCIDIES suiplls. ik)

fies seiisalious semble n^cxisler que par les orifices (le l'anus. On les voit tendre constamment à se rapprocher, à se mettre en contact; et quand ils parviennent à s'unir, on les voit se ciéer un centre nerveux , et produire par leur expansion un nouA^el organe, qui est celui de la sensibilité et de la volonté générales (a). Le Botrylle, qui réunit toutes les conditions précédentes, jouit

(a) Si l'on irrite un oscille à la circonférence d'un sys- tème de Botrylle, cet oscule se contracte seul; si on irrite le milieu de la cavité centrale du système , tous les oscules se contiactent à la fois. Conservé dans l'eau filtrée etépiiisé par un long jeûne, l'animal élève davantage le limbe dé- licat qui entoure la cavité centrale ; il lui donne la forme d'une trompe conique, et cherche, en l'agitant, à exciter un tourbillon plus étendu ou plus rapide. S'il a pris et digéré de la nourriture, il retire à lui le limbe tout entier ; les orifices intérieurs lancent alors lesexcrémens par petits grains avec tant de vivacité, qu'ils leur font dépasser la cavité centrale d'un seul jet. « Irntato osculo exteruo » dacfyli , illud unice contrahitur , immotis persislen- « tihits reliquis , sed in^itata parte centrali stellœ, oînnia )> oscilla sij}iiil claudufitur. In aqiia marina filtrata » detentinn , et longa inedia vexatinn animal , singiilœ )) Stella" limhum centraient in conian apiceperviiim [seu y) infundibuliun^ e tenerrima et diaphana mevihrana y) formatnm erigit , fortioris sine diibio et ampUoris vor- )) ticis excitandi gratiâ ; contra alvum deponens retrahit 5) limbiim illuin , ut vix ejus supersit vestigium, atqiie D tune ex foixnnine lu terno davtylorum granulatœ J aces

J'JO O*' MÉMOIRE, DESCRIPTION

au plus haut degré des prérogatives de i'animiil composé. L'analomie était en quelque sorte né- cessaiie pour dév'oiler sa vraie nature; et l'on peut dire que, sans elle, les animaux dont se forme chaque étoile du Botrylle eussent toujours été coiisitlérés comme un seul animal (a).

On voit aussi que si un degré trop élevé dans l'organisation s'oppose à la réunion matérielle de plusieurs individus en un seul être, un degré moyen pourrait bien lui être favorable, puisque le sys'ème nerveux des Ascidies, loin de nuire aux facultés de l'animal composé par elles, lui en procure d'innninentes qu'on chercherait peut- être vainement dans les classes inférieures.

Le propre, l'essence des Ascidies composées réside donc dans la convergence et dans l'union plus ou moins directe des orifices de l'anus, union qui établit la réciprocité de certaines impressions

» tanta vi exploduntur, ut ingeiiti saltii opposituin fove,œ ?naT'gifiem tranniUanty). G.ertn. apud Pall. Spicii. Zool. ^ fa.'C. Xj pag. 58.

(a) Pallas se faisait une idée singulière de ces étoiles ; il les regardait coninie des animaux pourvus de plusieurs têtes, et qui en acquéraient tous les jours de nouvelle.-;. « Quis en'un e Gœrtneri ohservationibus non conchidal . ■» singulccm liujus crustœ Zioophytœ slellani ?ion iniiiin » cs&e jlosculum seu laiicum capiit , sed Polypiun qucisi » ?niilticipitem j et subnasceiitibits cofitinno novia capl- 5) tihus puUulantem » ? Spicii. Zool.^ fasc. x^ pag. 35.

DES ASCiniES SIMPLES. 121

cl la société la vie cominune. Voilà le ca- ractère qui résulte de leurs qualités actuelles et positives. Quant à l'origine de ces qualités , il faut la chercher dans la composition même de l'œuf; car il est évident que le dépôt successif de plusieurs germes indépendans, quelque ré- gulier et symétrique qu'on le suppose, ne pro- duirait jamais que des groupes analogues à ceux de l'Ascidie rameuse ou de l'Ascidie lépadiforme, dont les individus s'attachent les uns aux autres sans que ce rapprochement puisse établir entre eux aucune véritable liaison organique.

Nous avons déjà prouvé l'existence de ces germes composés, cjui seuls excluent les suppo- sitions cju'on pourrait faire à l'aide de germes simples. Je conviens que le nombre apparent des embryons particuliers est très -borné dans chac|ue œuf. Celui d'un Pyrosome , qui aura quelques milliers d'individus, n'en olîre cjue quatre; et je n'oserais assurer que ceux des Bo- trylles et des autres Ascidies sociales en montrent autant de bien distincts [a). Mais ne doit-on pas supposer que l'accroissement antérieur de ces fœtus visibles, est nécessaire à l'apparition et aux premiers veloppemens des fœtus invisibles, qui profitent de leur nourriture, et c[ui, s'alimentant

(a) J'ai fait l'eprésenter l'œuf du Ilotrylle plandie xxi, fis i.-t.

152 5*^ MÉMOIRE. DESCRIPTION

bientôt eux-mêmes, provoquent à leur- tour l'apparilion de nouveaux embryons ; de sorte que l'accroissement de l'être total s'opère suc- cessivement, mais dans une progression toujours accélérée, et ne s'arrête qu'au dernier germe contenu dans l'œuf; car lenombre des embryons, quoique varié, n'est jamais infini : un système de Synoïcum peut se composer de dix individus , mais non de cinquante; un système de Bolrylle de trente individus , et non de cent; et quoique ^ 1 dans certaines espèces de Pyrosomes , le nombie des individus paraisse s'élever à plusieurs mil- liers , ces grands asseuiblages ont des limites ^ qu'ils ne dépassent j>oint; circonstance qui con- i court à prouver que l'accroissement ne se fait I point par une addition indéfinie de nouveaux germes, mais par le développement gradué et successif des seuls germes contenus primitive- ment dans le même œuf.

Ce développement s'opère dans l'intérieur même de l'être, entre les individus plus grands qui le composent, et souvent loin de la surface extérieure {a). On peut l'observer jusqu'à un certain point, et je ne doute pas qu'avec le temps on ne parvienne à en déterminer rigoureusement le mode pour chaque genre. Il suffira ici de rc- jnarquer que ce mode doit varier en raison de la

[ci) Voyez planche xix , lig. 3. j , et pi. xxiii , fig. i . io.

DES ASCIDIES SniPIIS. lia

forme du système, et qu'il ne peut être exacte- ment le même pour celui du Botrylle, qui ne s'étend qu'en circonférence, et pour celui du Pyrosome , qui croît en circonférence et en liauteur. Cet accroissement en tout sens devient absolument inexplicable par la juxta-posilioii, et achève de l'exclure , du moins pour les corps, qui, comme les Pyrosomes, sont formés d'un seul système.

Quant à ceux cjui le sont de plusieurs, comme ces divers systèmes n'ont pas de centre commun, on peut supposer que des germes fortuitement rapprochés se sont confondus en un seul corps. Néanmoins, si l'on fliit attention que les germes ne grossissent et ne sortent que quelque temps l'un après l'autre, et que, dans les corps en question, l'organisation est continue (a) et uni- forme dans toute la masse , on sera porté à donner à ces agrégations plus compliquées la même ori- gine qu'à celles qui le sont moins, et à croire que , s'il existe des oeufs composés, il en existe aussi de surcomposés.

(a) M. Renier observe que , lorsqu'on irrite très-vive- ment le bord de l'envelopjjc gélatineuse d'un Botrylle, le système voisin du point irrité ne se contracte pas seul , mais que tous les autres auxquels l'impression se commu- nique de proche en proche se contractent de même succes- sivement.

1^4 O" MÉMOIRE. PESCr.IPTION

L'Ascidie sociale apporte donc, en naissant, les propriétés qui la distinguent de l'Ascidie solitaire; elle les possédait déjà dans l'œuf, et je ne sais s'il peut en être autrement de tout animal véritablement composé. On doit supposer qu'il existe quelque chose d'analoifue dans les Biphores, autres sortes d'Ascidies dont les asso- ciations forment de longues chaînes flottantes très -remarquables et très- nombreuses sur cer- taines mers.

Désirant vérifier sur la nature même les rap- ports connus des Biphores avec les Ascidies, je ane suis adressé à M. Cuvier, qui m'a permis de disposer des nombreuses espèces de sa collection. Je me suis borné à examiner les Salpa octofora et cylindrica , dont la connaissance suffisait à mon objet {a).

Ce cjui m'a d'abord frappé le plus, ce sont les quatre petits cordons mous et colorés de la cavité branchiale. Leur existence ne m'a pas sju'pris chez des êtres que M. Cuvier a placés si près des Ascidies {h). Ils y sont également renfermés dans nn sillon dorsal, qui aboutit d'un côté à l'ou- verture par entre l'eau, et de l'autre au fond

{a) Voyez la planche xxiv.

{h) Voyez le Mémoire sur les Salpa, Annal, du Mus, d'hist. nat.^ tom. ir, pag. 36o_, et le Mémoire sur les Ascidies, ci-devant cité.

DES ASCIDIES SIMPLES. 125

des brancllics, non loin du pharynx. Leur aspect est le même que clans le Pyrosome, et rien ne porte a croire que leurs autres relations soient changées. Les observations qui suivent sont ré- digées dans cette hypothèse.

{ i". Les Biphores ont le corps déprimé. L'ori- fice branchial n'est ni tubuleux ni rayonné. C'est une fente grande et transverse qui termine le corps par un bout , tandis que l'orifice anal, qui n'est pas moins grand , s'ouvre à l'autre bout , soit qu'il Je termine, soit qu'il se fiisse jour en dessous Le premier n'a point de filets ni de membrane festonnée à l'intérieur, mais il est pourvu d'une valvule mince, formée par un repli de la lèvre supérieure ou dorsale ; valvule dont l'objet est de forcer l'eau absorbée par cet orifice de s'écouler par l'orifice opposé.

1^. La tunique intérieure est garnie de larges bandes musculaires , généralement transverses. Elle est unie de tous côtés à l'enveloppe exté- rieure, qui est mince, gélatineuse , d'une trans- parence parfaite, et qu'elle doit forcer d'obéir à ses mouvemens , mais dont elle paraît plus propre à iaire varier le diamètre transversal que la longueur.

^ 3°. Le sac des branchies adhère intimement à la tunique, ou plutôt se confond avec elle. Il est entièrement ouvert aux deux bouts. Son entrée, privée, comme je l'ai dit, de fdcls, ne se dis-

IlG j'^ MiÎMOlRE. DliSCRlPTIOTT

tiiigue que par un petit cercle arlériel. Son autre issue laisse au-dessus d'elle la cavité abdominale. Le tissu vasculaire ne s'étend pas sur les parois de ce sac; il n'occupe que le bord de deux replis ou feuillets longitudinaux d'inégale longueur. Le principal feuillet est opposé au sillon dorsal, et par conséquent obligé de traverser le diamètre de la cavité du sac d'avant en arrière et de bas en haut j pour arriver au pharynx : il n'est ainsi fixé que par les extrémités. L'autre feuillet est si petit, que personne, je crois, ne l'a encore remarqué ; il s'étend de la base du précédent au sillon du dos. Il peut donc prendre le nom de branchie supérieure ou postérieure^ et le plus grand celui de branchie inférieure ou antérieure ; dénominations qui ne pourraient convenir aux organes analogues de l'Ascidie qui tapissent les parois latérales de leur cavité. Quelque dispro- ])ortionnées que soient les branchies des Bi- phores, elles sont symétriques relativement au corps entier dont elles occupent la ligne longi- tudinale moyenne , tandis que les branchies égales de l'Ascidie, symétriques relativement à leur cavité propre , ne le deviennent à l'égard du corps que lorsque l'abdomen descend au-dessous d'elles.

4°. La surface respiratoire est principalement composée de vaisseaux transverses. 11 n'y en a qu'un, seul rang de chaque côté des feuillets dans

l^JiS ASCIDILS SIMPLES, 1 2 -J

la Salpa cjUndrica, mais clans la S. octofora il y en a plusieurs rangs, ce qui suppose l'exislence de plusieurs vaisseaux longitudinaux, et rapproclie ce tissu branchial de celui des Ascidies.

5°. La cavité abdominale , souvent très-cir- conscrite , est située en arrière des branchies , dans la partie supérieure du corps , c'est-à-dire , dans le dos et sur sa ligne moyenile, position déterminée par la seconde ouverture du sac branchial. Les intestins y sont ramassés en peloton. La bouche, percée entre les deux bran- chies , ne diflere en rien de celle des Ascidies : il en est de même de l'extrémité du rectum , qui, dans les espèces dont il s'agit particuliè- rement , est libre et tournée directemeut vers l'orifice anal.

6^. Le cœur , logé dans un péricarde mem- braneux, s'observe derrière le fond du sac bran- chial , entre la tunique et l'intestin ; situation analogue à celle qu'il présente dans les Ascidies, et spécialement dans la Phallusia intestinalis .

7°, On n'aperçoit distinctement ni ganglion, ni filets nerveux; mais derrière un petit anneau vasculaire qui marque la naissance de la grande l)rancliie, on voit très- bien le tubercule qui, dans les Ascidies, est contigu au gros ganglion. Il a l'opacité et la couleur jaunâtre de celui des Pyrosomes.

Au ré.Humé, l'organisation des Blpliores, la

128 5"-" MtMOIIlE. DESCRIPTION

même pour le fond que celle des Ascidies, pos- sède cependant en propre quelques points faciles à remarquer, tels que la direction opposée des ouvertures et la clôture de l'une d'elles par une valvule, l'adhérence de la tunique intérieure au sac extérieur, les deux issues de la cavité respiratoire, l'inégalité des branchies, la réduc- tion du résc'au branchial, etc. La plus impor- tante de ces particularités ne paraît pas être l'op- position des oriilces que les Pyrosomes montrent également ; je ne la vois même pas dans la singu- lière conformation des brancliies : je croirais plu- tôt que l'adhérence complète de la tunique mus- culaire, ou de l'organe spécial du mouvement, à la tunique gélatineuse, a déterminé les autres modifications. En effet, l'enveloppe extérieure, obligée de se prêter au jeu des muscles dans l'inspiration et l'expiration de l'eau ^ devait être mince et délicate {a) ; et ces premières qualités lui en procuraient nécessairement une autre, que

{et) Quoiojue les Ascidies , en général , se renflent quand elles absoibent l'eau , s'affaissent ^ se rident quand elles la rejettent, les diverses circonstances l'on trouve ces animaux prouvent que les mouvemens de l'enveloppe extérieure ne sont pas absolument nécessaires à ceux de la tunique charnue. On est obligé de penser que celle-ci peut se contracter seule, sans néanmoins pouvoir décider quelle est la substance qui s'interpose entre elle et l'en- veloppe lorsque cette contraction a lieu.

DES ASCIDIES SIMPLES. 1 20

ses relations plus inliiiies avec les viscères ne pouvaient que favoriser : je veux dire une sorte de sensibilité que le test plus compacte ou plus épais des Ascidies ne paraît pas avoir (a). Cette sensibilité du corps à la surface était incompatible avec la privation totale de la locomotion. Com- ment imaginer des êtres exposés sans cesse aux impressions des agens extérieurs, et dans l'im- possibilité absolue d'en éviter aucune? Les Bi- pliores ont donc obtenu les moyens de changer de lieu; et l'on ne peut qu'admirer ceux qu'ils ont iTçus d'une organisation si simple , et en apparence si peu propre à les fournir [b). De sont venues la conformation , la situation des deux orifices, et vraisemblablement celles des branchies, qui, étendues sur les parois de la tunique intérieure, eussent suppoiié avec peine des contractions trop souvent répétées. Mais ce n'est pas sur les seuls individus , c'est encore

(a) Les Ascidies très - gélatineuses , comme Yydscidia intestuialis , sont plus sensibles à l'extérieur que les autres ; inais elles jouissent de la faculté de faire rentrer et de mettre à couvert les parties proéminentes et déli- cates de leur enveloppe. Au reste , tout ce paragraphe suppose certaines restrictions ; si j'omets d'en noter quel- ques-unes, j'espère que le lecteur y suppléera.

{]}) On sait qu'ils avancent en absorbant l'eau par ( l'ouverture branchiale , et la rejetant aA ec violence par l'ouverture anale. Koyez Forskaol , Boîc, Péron , etc.

I 9

l3o 3* Ml'îVfOIP.E. T)i:SCRIPTIO.V

sur leurs agrégations que l'aclliérence des deux sortes de tuniques a exercé son inévitable in- fluence. Les tuniques extérieures ne pouvaient plus se toucher par tons les points et confondre leur substance. Cette liaison générale des enve- loppes, s'opposant à leurs mouvemens particu- liers , eut équivalu pour chacune à la plus grande rigidité, et eût de même arrêté tous les phé- nomènes do Fabsorplion et de l'expulsion de l'eau (a). Les agrégations des Biphores devaient donc différer beaucoup de celles des Ascidies; Aussi ces Mollusques ne tiennent-ils les uns aux autres que par quelques protubérances gélati- neuses, disposées de manière à ne point gêner les mouvemens des muscles ; leur union n'est même que temporaire. « A un certain Age, dit )) M. Pérou, ces animaux se séparent- tous les » grands individus sont solitaires ». Le même voyageur pense que les chaînes de Biphores viennent au jour toutes formées : il paraît , suivant d'autres , qu'elles sont constamment composées d'individus de même âge et de taille égale. Si ce dernier fait est exact , il prouve combien ces associations conservent peu d'ana-

(a) Pour admettre le contraire, il faudrait supposer que, dans les Ascidies intimement agrégées, les mouve- mens individuels d'inspiration ou d'expiration sont par- faitement simultanés et isoclirones ; supposition à laquelle les faits connus ne conduisent pas.

i

DES ASCIDIES SIMPLES. 101

logie avec celles des Ascidies , dont les sys- tèmes naissent tout formés, mais continuent de s'accroitre par l'apparition et le dévelop- pement successif de nouveaux animaux, et se composent long-temps d'individus de toute grandeur. Ajoutez que la disposition symétrique des unes et celle des autres ne se ressemblent aucunement. Les Biphores, soit qu'ils s'éten- dent en chaîne, soit qu'ils se rassemblent en cercle , sont toujours placés dos à dos. En gé- néral , les chaînes sont composées de deux rangs d'individus tellement combinés , que chaque Biphoie répond à deux autres du rang adossé au sien : ceux de tout un rang ont l'orifice branchial tourné d'un côté de la chaîne; ceux de l'autre rang l'ont du côté opposé. Cet arran- gement suppose des moyens de communication que nous neconnaissons point, moyens qui exis- tent toutefois , si , comme les observateurs l'assu- rent , les mouvemens individuels sont si bien coordonnés , qu'une chaîne de quelques centaines d'animaux n'en représente réellement qu'un.

Quelles que soient, au reste, les connexions de l'enveloppe extérieure avec les parties in- ternes , sa nature , dans les Ascidies et les Bi- phores, reste la même. Elle est toujours souple, humide et distinctement organisée; et c'est par ces qualités qu'elle continue de faciliter les agré- gations singulières que nous avons cherché à faira

iZl 3* MKi.T. DliSCRlPT. IM'ii ASCIDILS SIAÏ?>LES.

connaître. C'est en ijuoi elle diffèie beaucoup de l'enveloppe des Conques ou Mollusques bivalves, dont le test pierreux , sans fluides ni vais- seaux apparens, semble exclure toute possibilité d'une pareille liaison organique. Remarquons, de plus, que la nature a donné à ces derniers Mollusques un organe de la locomotion appro- prié à leur pesanteur, une sorte de pied mus- culeuxqui non-seulement manque aux Bipliores et aux Ascidies, mais que leur organisation ne comporte point. Son existence dans les Conques est, au contraire, favorisée par la division du test en deux valves mobiles , par l'ouverture du manteau , et la position symétrique des branchies aux deux côtés du corps, sur lequel il fait aisément saillie. Je ne parlerai pas des autres distinctions qui accompagnent celles-ci, et qui cependant marqueraient encore mieux la distance qui sépareles Bivalves des Ascidies et des ^ Biphores; il me suffit d'avoir exposé les carac- tères qui rapprochent ces derniers animaux , ceux qui les éloignent, et d'avoir montré que, si leui: commune structure et leur comnnnie propension à former des êtres composés exigent qu'on les réunisse dans une même classe, ils conservent néanmoins encore assez de différences entre eux pour constituer dans cette petite, mais impor- tante division des invertébrés , deux ordres distincts.

TABLEAU

SYSTÉMATIQUE

DES ASCIDIES,

TANT SIMPLES QUE COMPOSÉES,

MENTIONNÉES DANS LES TROIS MEMOIRES PRÉcÉDENS ,

Offrant les caractères des Ordres ^ Famdles et Genres, la description complète ou supplémentaire des Espèces, leur habitation , leur sjnonjmie, etc.

Nota. Ce Tableau ne contient point les genres de l'Ordre des Biphores , ASCIDIyE THALIDES , dont la publication est remise à une autre époque.

Observation. La classe des ASCIDIES a été instituée par M. de Lamarck, dans son Cours de 1816 , sous le nom de classe des TUNICIERS, TUNICATA.

ANIMAUX INVERTEBRES,

NON ARTICULÉS.

MOLLUSQUES HERMAPHRODITES ET ACÉPHALES.

CLASSE.

LES ASCIDIES. ASCIDIE.

Test mou , constitué par une enveloppe extérieure distinctement organisée , pourvue de deux ouvertures , l'une branchiale, l'autre anale.

Manteau ïoYiïi^ni une tunique intérieure, pourvue également de deux ouvertures correspondantes et adhérentes à celles du test.

Branchies occupant en tout ou en partie la surface d'une cavité membraneuse attachée aux parois intérieures du manteau.

Bouche dépourvue de feuillets labiaux, et placée vers le fond de la cavité res- piratoire entre les deux branchies.

/\,

ORDRE I.

ASCIDIES T É T II Y D E S. ASCIDIiE TETHYDES.

Tunique {nianteau) n^adhérant à Venpeloppe (au test) que par les deux orifices.

Branchies égales, larges, constituant les deux parois latérales de la cavité respiratoire.

Orifice branchial garni en dedans d^un an- neau membraneux et dentelé j ou d'un cercle de filets.

ORDRE IL

ASCIDIES THALIDES^ ASCIDIE THALIDES.

Tunique adhérant de toutes parts à Venve" loppe.

Branchies inégales , étroites , consistant en deux feuillets attachés à la paroi anté- rieure et à la paroi postérieure de la cavité respiratoire.

Orifice branchial garni à son entrée d'une valvule.

ASCIDIES TÉTHYDES.

PREMIERE FAMILLE. LES TÉTHYES. TETHY^E.

Corps fixé.

Orifices non opposés , ne communiquant pas entre eux par la cavité des branchies.

Cavité branchiale ouverte à la seule extrémité supérieure, dont l'entrée est garnie de filets tentaculaires.

Branchies réunies d'un côté.

I. TÉTHYES SIMPLES.

1" Section. Orifices à quatre rayons.

1. BoLTENiA. Corps pédicule.

2. Cynthia. Corps sessile.

2* Section. Orifices à plus de quatre rayons, ou sani rayons distincts.

3. Phallusia. Corps sessile.

4. Clavelina. Corps pédicule.

Ij5 SYSTJÎME

II. TÉTHYES COMPOSÉES,

3" Section. Orifices ayant tous deux six rayons ré- guliers.

5. DiAzoNA. Corps sessile, orbiculaire; un seul système.

6. DisTOMA. Corps sessile , polymorphe ; plu- sieurs systèmes.

7. SiGiLLiNA. Co/yjs pédicule, conique, vertical; un seul système.

4' Section. Orifice branchial ayant seul six rayon» réguliers.

8. Synoïcum. Corps pédicule, cylindrique, ver- tical ; un seul système.

9. Aplidium. Corps sessile , polymorphe ; sys- tèmes sans cavités centrales.

10. PoLYCLiNUM. Corps sessile , polymorphe ; systèmes avec cavités centrales.

11. DiDEMNUM. Cor/js sessile, fongueux, incrus- tant; systèmes sans cavités centrales.

5" Section. Orifices dépourvus tous deux de rayons,

12. EuccELiUM. Corps incrustant; systèmes sans , cavités centrales.

i5. lioTRYLLUS. Corps incrustant ; systèmes pourvus de cavités centrales.

DlilS ASCiniKS. i39

SECONDE FAMILLE. LES LUCIE S. LUCI^.

Coj'ps flottant.

Orifices diamétralement opposés, et communi- quant ensemble par la cavité des branchies.

Capité branchiale ouverte aux deux extrémités; l'entrée supérieure dépourvue de filets ten- taculaires , mais précédée par un anneau dentelé.

Branchies séparées.

I. LU Cl ES SIMPLES.

II. LUCIES COMPOSEES.

i4. Pyrosoma. Corps en tube, fermé par un bout; un seul système.

l40 STSTKME

PREMIÈRE FAMILLE.

LES TÉTHYES. TETHY/E.

I. T È T H Y E $ SIMPLES.

Genre I. Boltenia.

Corps pédicule par le sommet , à test coriace. Orifice branchial fendu en quatre rayons j Y intestinal de même.

Sac branchial plissé longitudinalement , sur- monté d'un cercle àe filets tentaculaires com- posés \ mailles du tissu respiratoire dépourvues de bourses ou de papilles.

Abdomen latéral. Foie nul.

Ovaire raiultiple.

Espèces.

1, Boltenia ovifera. Bolténie ovifère,

^ Méra. , pag. 88. PI. i, fig. j , et pi. v, fig. i.

Aiiimal-planla. Edw. Ois., lab. 556. Vorlicella ovifera. LiNN.Syst. nat.^ éd. 12, iom. \,p. iSig, i4. Ascidia pedunculata. Bru G. Encjclop» meth. , iz, pi. 65 ,^1^. 12, i5.

Ascidia pedimciû^ia. Shji fF, 31iscel. Zool., lom.'jj lab. 2D9.

DLS ASCI 01 ES. l4ï

Corps ovoïde, d'un cendré roux, enlièrement garni de poils courts, roides et serrés; pédicule grêle, inséré un peu laléraleinent. Orifices peu saillans, écartés. (L'orifice branchial est entier dans la ligure d'Edwards.) Longueur totale, i pied \ pouce 6 lignes ; pédicule seul , 1 1 pouces.

Habile TOcéan américain, Edw., et se fixe fortement aux rochers. Communiquée par M. Cuvier.

£■^7^ e/o/jpesub-pellucide, blanchâtre et nacrée intérieu- remenl. Tunique mince, à muscles longitudinaux et circulaires très-étroits, les premiers se portant d'un orifice à l'autre, et formant, en se croisant avec les seconds, des mailles carrées. Filets len- taculaires , quinze à vingt , inégaux , laciniés, BrancJiies à mailles lâches et très-visibles. Esto- mac ovoïde , sans feuillets intérieurs apparens. Intestin à anse prolongée jusqu'au pédicule, oblon- gue, longitudinale, ouverte. Anus échancré et lan- gueté. Ovaires f deux, allongés, lobés, ondulés, situés de chaque côté du corps, et dirigés immé- diatement vers l'orifice anal ; l'ovaire droit compris entre les deux branches de l'intestin ; le gauche plus grand du double , et s'étendant parallèlement à la carène dorsale. QSufs arrondis.

2. BoLTENiA fusiformis. BoUénie fusiforme.

* Mém. , pag. 89.

Zoophytonim genus novum. Frib. Bolten. ad Car. a Linti. epist> Amstelod. 1771, cuui tab.

l4'2 SYSTl'ME

col. Vorlicella Bolteni. LiNN. Mantlss. plant, alt.fpag. 552. Ascidia clavala. ShJWj Mise. Zcol., vol. V, tah. i54.

Observée par Bolten et Shaw. Velue comme la pré- cédente j à corps oblong , aminci aux deux bouts.

Habite le détroit de Davis au 69* degré, attachée et peut-être suspendue aux rochers. \-i' Ascidia clavata d'Othon Fabricius, Faun. Groenland., 225, et de Millier, Zool. dan. Prodroni., n°i']^o, paraît se rapprocher de cette espèce.

Genre II. Cynthia.

Corps sessile , à test coriace. Orifice branchial s'oLivrant en quatre rayons ; Vanal de même, ou fendu en travers.

Sac branchial plissé longitudinalement , sur- monté d'un cercle àe filets tentaculaires ordi- nairement composés; mailles du tissu respira- toire dépourvues de papilles.

Abdomen latéral. Foie distinct dans la plupart des espèces.

Oçaire généralement multiple.

Espèces.

r* Tribu. CyntHI.E SIMPLTCES.

Sac branchial marqué de plus de huit plis (de douze h dix-neut), à réseau non interrompu. Filets tentacu- laires composés.

DES ASCIDIES. 1 l\3

Foie distinct , enveloppant plus ou moins l'eslomac. Point de côte intestinale.

Ovaires, plusieurs 5 un , au moins , de chaque côté du corps.

1. Cynthia Momus. Çynthie Momus.

" Mem., pag. 90. PI. i, fig. 2, et pi. VI, fig. j.

Corps sphiriqiie, finement verruqueux, blanc, ou orangé, ou couleur de chair. Orifices saillans eu tubes cylindriques, marqués de quatre cannelures, et s'ouvrant à leur sommet en quatre rayons d'un rouge vif. Grandeur, 1 à 2 pouces.

Habile le golfe de Suez. Elle s'attache aux Fucus par groupes composés de quatre à cinq individus, qui de celte manière flottent, voyagent même a la sur- face de la mer. Son sac branchial contient souvent de petits Crustacés, tels que Pinnothères, Crevet- tes, elc, et il n'est pas rare de le trouver très-altéré.

Enveloppe mince , demi-pellucide , blanchâtre au- dedans. Tunique pourvue à sa partie supérieure de laisceaux musculaires séparés et très- distincts, d'ailleurs presque membraneuse, garnie de fibrilles capillaires, courtes, croisées en tous sens , et comme feutrées. Filets tenlaculaires , douze ou environ, ramifiés, sub-bipinnés, très-inégaux, six générale- ment plus grands que les autres, et alternant avec eux (a). Tubercule antérieur on voisin du ganglion

■■ ..— ^. , . , , , -■■■ I , , M

(a) J'ai déjà fait remarqu'?r , pag. ii'J, <jne Its Jilas teritacu*

l44 SYSTKiVii: '■ I'

à deux spires involulées. 6ac branchial marqué de dix-huit plis, neuf de chaque côté, les phs anté- rieurs fort courts 5 réseau très-fin et très-délicat, | à vaisseaux principaux peu saillans. freine hran- dilale hordée de petits filets. (Esophage très-court. \ Estotnac très-petit, mince, sans feuillets intérieurs. Foie finement grenu, divisé en trois lobes, dont un séparé des autres par le bord des branchies, et situé sur le côté gauche du corps; le lobe intei'raédiaire Ij'ès-petit. Rectiun presque horizontal, ne s'atta- cliant point à l'œsophage , et laissant l'anse intesti- nale ouverte. Anus découpé en plusieurs languettes. Ovaires, deux, oblongs , ondulés, transverses, dirigés directement vers l'orifice de l'abdoaien, ter- minés chacun par un cornet membraneux , duquel sort le bout du tube d'émission; l'ovaire droit attaché au rectum et compris dans l'anse intestinale.

2. CynthiA microcosmus. Cfnihie petii-monde.

" Mém., pag. 90, 97. PI. 11, fig. 1, et pi. vi, fig. 2.

Microcosmus. Redi, Opusc, tom. 0 , tah. 22, fig. 1.

Tethya. Rond. Hist. des Poiss., part. 2 , pag. 87.

Mentula marina informis. Planc Conclu min.not., pag. 109, A pp., tab. Jifig- A y D. E, F; et Comm» Ronon, tom. ^,pag. 2*5, tab. 2 , fig. 4-7.

liiùcs étiiient toujours inégaux, cl alloriialivfuiem plus longs et plus courts : c'est un caractère que je ne répéterai plus.

mis ASCIDIES. 14 J

A.scidia sulcafa. Coqueb. Ballet, des Se. , ai-'ril 1797, tub. x.fig. 1.

Ascldia microcosmus. Cvv. Méni. du IMiis. d'/ûst, nctf. , to/n. 2 , pi. 1 ,Jig' i-C.

Corps irrëgulier, plus ou moins arrondi, conique ou réniforme , ridé profondément et inégalement en travers, glabre, d'un gris jaune ou safrané. Orifices porléssur des mamelons gros et poilus, à ouverture petite , fendue en quatre dents, et rayée à l'intérieur de bleu el de vioiel. Longueur, 2 à 6 pouces.

Habite les côtes de France et de l'Italie. Surface sou-

\ent incrustée de Corallines, Serlulaires, Vers à

tuyaux, Coquillages, Fucus et autres corps marins

dont l'assemblage présente l'aspect d"uii petit monde ,

microcosmus. Communiquée par M. Cuvier.

Enveloppe épaisse, dure, sans transparence, d'un, blanc mat en dedans. Tunique complètement et presque uniformément musculeuse , à faisceaux distincts. Filets tentaculaires , vingt -quatre à vingt-huit , aplatis , fourchus , ou rameux, ou sub- pinnés , très - inégaux , surmontés d'un aiuieau membraneux , légèrement festonné. Tuhfrcule voisin du ganglion très-grand , à deux spirales involulées. Cavité branchiale garnie de quatorze plis, sept de chaque côté. Veine brancJiiale bordée de petits filets. (Esophage plus long que dans l'espèce précédente. Foie divisé en deux masses composées de plu.sieiu\s lobes grenus ; la moins

10

1/^iè SYSITMK

grande des deux masses engagée dans le côlé gauche du corps, et comme hors de l'abdomen. Estomac médiocre , sans feuillets remarquables. Rectum jjresque horizontal, ne s'appuyant point sur Toeso- phage, et laissant Tanse intestinale ouverte. Anus légèrement dentelé. Ovaires , trois , dont un à droite, profondément lobés, d'une apparence géla- tineuse, quand ils ne contiennent point d'oeufs, et pourvus chacun d'un seul orifice ; l'ovaire du côté droit embrassé par l'anse de l'intestin, et peu ou point courbé; les deux autres rapprochés et paral- lèles près de Fouverlure anale, séparés et courbés en sens contraire à leur autre extrémité.

5. Cynthia pantex. Cynthie alpine,

* Mém., pag. 90. PI. vi, fig. 5. Corps irrégulièrement arrondi, glabre, ridé en tout sens, d'un jaune safrané, réticulé par des sillons plus pâles. Orifices écartés , portés sur de gros mamelons, et fendus en croix, à ouverture petite et purpurine. Grandeur, 1 à 2 pouces. Habite la mer Rouge , fixée aux rochers, aux Madré- pores, etc.

Enveloppe épaisse , ferme , presque opaque , d'ua blanc nacré en dedans. Tunique complètement et presque uniformément musculeuse, à trousseaux de fibres distincts. Filets tentaculaires , vingt- quatre à vingt-huit, allongés, lancéolés, pinnés très- régulièrement, à pinnules alternes, courbées. Tubercule voisin du ganglion petit, à deux spi-

DES ASCiniIîS. f47

raies révolulées. Cavité branchiale pourvue de ijuiilorzc plis, sept de cliaque côté. Veine bran- vhinle bordée de petits filets. (Bsophage très-court. Foie montant presque jusqu'au pharynx, divisé en beaucoup de lobes grenus, dont quelques-uns sont séparés des autres, et placés sur le côlé gauche du corps. Estomac petit et peu plissé. Rectum ne «'appliquant point sur l'oesophage, et laissant l'anse intestinale ouverte. Anus dentelé. Ovaires , deux , en forme de grappes, composés de plusieurs lobes gélatineux, qui sont attachés à un canal d'émission commun ouvert par un seul bout ; l'ovaire droit compris dans l'anse de l'intestin; l'ovaire gauche plus grand, recourbé en arc prolongé perpendicu- lairement à sa partie postérieure.

4. Cynthia. Gaugelion. Cyntdie Gangélion. * Mém., pag. 90.

Corps oblong, ridé inégalement, glabre, d'un gris jaunâtre ou livide. Orifices peu sflillans , très- écartés, fendus tous deux en croix, à ouverture petite, purpurine. Grandeur, 1 ^ pouce.

Habite le golfe de Suez, attachée aux Madrépores, etc.

Enveloppe épaisse, nacrée en dedans. Tunique en- tièrement musculeuse , à trousseaux de fibres assez distincts. Filets tentaculaires , vinqt-quatre envi- ron ,. lancéolés , pinnés. Tubercule voisin du gan- glion à deux spires involutées. Sac branchial marqué de douze plis, six de chaque coté. Veine

l48 SySTKIVTK

branchiale boidtîe de lilels. I^oie grenu , divisé par petits lobes distincts et épars, situés en partie de l'autre côté du corps. Intestin s'élevant presque à la hauteur du collier des branchies. Rectum n'adhérant point à Toesophage , et laissant l'anse intestinale ouverle. Anus à trois divisions tron- quées, non dentées. Ovaire droit semblable à celui de la Cynthia pantex ^ et compris de même dans l'anse intestinale : le gauche n'a pu être observé. Quelques excroissances éparses sur la tunique et l'inleslin.

5. Cynthia papillata. Cynthie papilleuse.

, * Mém., pag. 90, 92, ii4. PI. VI, fig. 4.

Telhyum coriaceum , asperum , coccineum , orga- nornm orificiis setis exiguis, minutis. Bohadsch. de Annn. marin. ^ cap. 7, §• 2, tah. ïO, Jîg. 1.

Ascidia papillosa. LiNN. Sysl. nat. ed, 12, tom. 1, gen. 287, n" \.

Ascidia papillosa. Cuv.Mém. du Mus. d'hist. nat., tom. 2,p/. '2,Jig. 1-5.

Corps oblong- ovale, ventru à la base, non ride, roussàtie , uniformément recouvert de tubercules très -petits, durs, serrés, terminés par un gros poil. Orifices portés sur des mamelons cylindri- ques , très-hispides ; V orifice branchial ou supérieur divisé en quatre rayons ; Vanal fendu transversa- lement. — Grandeur, 2 \ pouces.

Habile les côtes de la France , la mer Adriatique.

DES ASCIDIES. l^C)

Enveloppe mince, ferme, un peu sèclie, presque opaque, grise en dedans. Tunique complèleraent et assez uniformément musculeuse, à faisceaux peu distincts. Filets tentaculaires , vingt-six environ, correspondant aux plis inférieurs de l'orifice, iné- gaux et alternes de même que ces plis , épaissis à la base, allongés, bipiunés. Tubercule voisin du ganglion à deux spires involutées. Sac branchial pourvus de seize plis, huit de chaque côté, à vais- seaux longitudinaux très - saillans. Freine bran- chiale garnie de filets, ainsi que l'extrémité infé-

. rieure des plis. Estomac renflé , à parois épaisses , celluleuses , donnant à l'intérieur des lames ou feuillets, dont deux se prolongent au-delà du py- lore. Foie composé de plusieurs lobes grenus , agglomérés en une masse qui est faiblement divisée en trois autres ; il est éloigné de l'œsophage, et placé obliquement sur la base de l'estomac. Intestin dé- crivant une anse arrondie et fermée par l'adhé- rence de la base du rectum au pharynx. Rectum s'élevant verticalement. Anus dentelé , bifide. Ovaires , deux , presque égaux , sinués , grêles , courbés en arc profond, dont chaque bout a son canal d'émission ou son oviductus ; l'ovaire du côté droit reçu dans l'anse de l'intestin , ses deux extrémités passant sur cetle anse pour se rapprocher de l'orifice anal. (Eufs fort petits , plutôt polygones que globuleux. Des vésicules gélatineuses , demi - transparentes , irrégulières , sessiles ou sub-pédiculées , correspondant aux li- gamens des branchies , et attachées près de leur

IDO SYSTEME

insertion à la tunique, sans communication «vec les ovaires.

6. Cynthia claudicans. Cynthie boiteuse.

* Méra., pag. 90. PI. 11, fig. 1.

Corps très-irrégulier, plus ou moins arrondi, sillonné et ridé en tous sens, couvert d'un poil ras, fin et serré, d'un loux grisâtre, ou cendré, ou tirant sur le brun. Orifices petits, portés sur des mamelons coniques et peu saillans , tous deux fendus en croix et rougeâlres. Grandeur, 6 à 12 lignes.

Habite les cotes de France ; très-commune sur les Huîtres qu'on apporte à Paris. Elle est souvent in- crustée de grains de sable et de petits coquillages.

Enveloppe assez épaisse, opaque, d'un blanc nacré en dedans. Tw^/^^/e complètement musculeuse, à trousseaux de fibres peu distincts. Filets tenlaculai- res , quatorze à seize , ovales , semblables à de larges feuilles bipinnées. Tubercule voisin du ganglion I à deux spires involutées. Sac brauchial marqué de dix-sept plis, huit à droite ou du côté des in- testins, neuf à gauche : il y a quelquefois neuf plis à droite , et dix à gauche ; mais le nombre n'est jamais égal des deux côtés, freine branchiale simple et sans filets. Estomac mince. Foie divisé en deux lobes principaux, plutôt lamelleux que grenus, hérissés de points saillans, et contenus l'un et l'autre dans la cavité générale de l'abdomen. Intestin formant une anse arrondie, et fermée par

DES ASCrOIES. l5l

l'adhérence de la base du rectum à l'estomac et à l'œsophage. Anus simple. Ouaires , deux , presque égaux, légèrement lobés, peu ou point courbés, transverses; l'ovaire droit appuyant son fond sur l'anse intestinale , et le prolongeant quelquefois au-delà.

Variété. Filets tentaculaîres ^ quatorze, sub-bipin- nés. Sac branchial garni de dix-sept plis, huit à droite, neuf à gauche; le pli antérieur de chaque côté double supérieurement. Ovaires très-gros, presque orbiculaires. (Eufs sphériques , entourés d'un cercle pellucide. Des corpuscules plus gros que les œufs, charnus, polygones, enveloppant l'intestin, pullulant aussi parmi les œufs et entre la tunique et les ovaires. Individu plus grand que les précédens , n'en différant d'ailleurs par aucun autre caractère extérieur.

. Cynthia pupa. Cyntliie poupée,

* Mém., pag. 90. PI. v, fig. 2.

Corps irrégulier, un peu ovoïde, ridé, blanchâtre. Orifices éloignés, petits, peu saillans, fendus tous deux en croix. Grandeur, 6 lignes.

Habile le golfe de Suez. Individu unique, incrusté de fibrilles de Couferves.

^Enveloppe mince, presque opaque, nacrée en dedans. Tunique complètement musculeuse , à trousseaux défibres tant longitudinaux que circulaires, séparés

j53 système

et pavfailcmcnt dislincls. Filets tentaculaires , quatorze à seize, grêles, bipiimés, porlés par un anneau membraneux. Tubercule voisin du ganglion très-petit, à deux spires involutées. Sac branchial marqué de quatorze plis, sept de chaque côté, à tissu ferme, freine branchiale très-simple. Esto- mac médiocre, feuilleté en dedans. Foie divisé en deux lobes principaux, non séparés, plutôt la- melleux que grenus, se prolongeant un peu au-delà du pylore. Intestin formant une anse très-étroite > c'est-à-dire, revenant en s'appuyant sur lui-même, adhérant à l'estomac et à l'œsophage. Rectum vertical, et terminé par un anus très -entier. Ovaires, deux, lobés, transverses, presque égaux; l'ovaire droit recouvrant de son fond l'anse intes- tinale.

IP Tribu. Cynthi^ C(BSIRjE.

Sac branchial marqué de plus de huit plis (de quatorze principaux qui en ont un égal nombre de fixés à leur base) j réseau interrompu , et dessinant sur le bord flottant des plis principaux une suite de festons. Filets tentaculaires composés.

Foie distinct, enveloppant l'estomac. Point de côte in- testinale.

Ovaires j plusieurs*, un au moins de chaque côté du corps.

DES ASCIDIES. I 55

8. CynthiA Dione. Cynthie Dioné.

* Mëm. , pag. 95. PL vu, fig. 1.

Ascidia quadridentata. FORSK. Icon. rer. natur. , tab, 27 ifig- E.

Corps spliérique , uni , blanchâtre , communément sablé à sa surface. Orifices prolongés en tubes cy- lindriques, divergens, s'ouvrant en quatre festons frangés par de petits filets. Grandeur, 12 à i5 lig.

Habile la mer Rouge , fixée sur le sable, etc.

Enveloppe sub-gélatineuse , demi-pellucide , blan- châtre intérieurement. Tunique membraneuse , mince , un peu brune , diaphane , garnie de chaque côté, entre les deux orifices, de deux groupes de faisceaux musculaires assez courts , convergens, et épaissis par le bout. Filets tenta- culai'res ramifiés, sub-bipinnés, très-inégaux, neuf à douze grands j autant de petits, quelques-uns presque imperceptibles; leur insertion commune surmontée d'une large membrane circulaire. Tu- bercule voisin du ganglion petit, à deux spires roulées en sens contraire. Sac branchial pourvu de quatorze plis doubles , sept de chaque côté, tous bordés par de larges vaisseaux. Veine bran- chiale offrant un feuillet très-simple. (Bsopliage très -court. Estomac mince, enveloppé dans le foie , qui présente une seule masse cannelée eu travers. Intestin long , s'étendant beaucoup en

l54 SYSTÈME

arrière , formant en revenant et s'appuyant sur lui-même une anse très - allongée , très-étroite, recourbée et entièrement fermée. iîec/;//7i adhérent à l'estomac et à l'œsophage. Anus bifide. Ovaires, deux, épais, peu sinués : l'ovaire droit sous«orbi- culaire^ non compris dans l'anse intestinale, mais reçu dans sa courbure supérieure j l'ovaire gauche plus petit, transverse.

IIP Tribu. Cynthi^ StyeLjE.

Sac branchial marqué seulement de huit plis f quatre de chaque côlé), à réseau continu. Filets tentacu" laites simples. ,,

i^oie nul ou non distinct. Une côte cylindrique s'étendant du pylore à l'anus.

Ovaires , plusieurs ; un au moins de chaque côté du corps. *

9. Cynthia Canopus. CyntJiie Canope.

* Mém., pag. 95. PI. VIII, fig. 1.

Corps ovale-oblong, plus ou moins renflé, ridé pro- fondément et irrégulièrement, scabre, d'un gris livide ou jaunâtre. Orifices portés sur de courts mamelons, rapprochés, plissés, ouverts tous deux en croix , et teints de violet à l'intérieur. Gran- deur, 18 lignes.

Habile le golfe de Suez, fixée sur les Madrépores, sur le sable ou sur d'autres Ascidies. Trouvée attachée à la Phalliisia nigra.

DES ASCIDIES. l55

Enveloppe é^sàssQ f presque opaque , d'un blanc nacré en dedans. Tunique complètement et uniformé- ment rausculeuse, sans trousseaux distincts. Ori- Jîce branchial très-plissé. Filets teniaculaires , vingt-quatre, renflés à la base, subulés, recourbés, huit plus grands, alternant avec les seize autres. Sac branchial à plis antérieurs longs, à vaisseaux transverses allernatîveraent plus et moins déliés. Pleine branchiale simple. (Esopliage recourbé près du cardia. Estomac ascendant , très-grand , cylindrique, marqué à l'extérieur d'une vingtaine de stries qui correspondent à un égal nombre de fauillels intérieurs. Intestin formant une anse courte , descendant ensuite , en s'appliquant sur l'estomac et y adhérant. jRec^//;/z très-long, presque vertical, terminé par un anus découpé en plusieurs fdels. Ovaires au nombre de deux de chaque côlé,

. petits, allongés, siuués, presque égaux. Les ovaires du côté droit supérieurs à l'anse de l'intestin , r.ip- prochés par leurs orifices, et appuyés contre le rectum; ceux du côté gauche un peu écartés, parallèles, sub-transverses.

Un individu, qui n'avait pas six lignes de long, ne possédait de chaque côté qu'un ovaire, le supé- rieur. Du reste, il ne différait des précédons que par sa forme plus arrondie, et par le peu d'épaisseur de son enveloppe.

Tous offraient de petites excroissances spon- gieuses, ojJlaques, polymorphes, simples ou four- chues, pullulant sur les deux côtés de la tunique.

l56 SYSTi':ME.

aux environs des ovaires, sans s'attacher néanmoins ni ù ceux-ci , ni à l'intestin.

10. Cynthia pomaria. Cynthie fruitière.

* Mém., pag. 95. PI. II, fig. I, et pi. vu, fig. 2.

Cor/>5 un peu ovale, ventru, finement et irrégulière- ment ridé, d'un gris-brun livide, sans poils. Orz- Jices petits^ un peu écartés, portés sur de courts mamelons, et fendus tous deux en croix. Gran- deur, 7 à 8 lignes.

Habile les côles de France; attachée à la Cynthia microcosmus. Communiquée par M. Cuvier.

Enveloppe peu épaisse, sub-pellucide, blanchâtre et légèrement nacrée en dedans. Tunique complète- ment et uniformément musculeuse, sans bandelettes distinctes. Filets tentaculaires longs , fins et très- serrés. Tubercule voisin du ganglion à deux spires involutées. Branchies à tissu lâche, freine bran- chiale simple. Estomac petit, elliptique, ayant à l'extérieur dix à douze cannehires, et à l'intérieur autant de feuillets saillans, pourvu d'un cœcum près du pylore. Intestin court , ne s'attachant ni à l'estomac, ni à l'œsophage, mais formant, en se repliant, une anse très-petite et ouverte. Anus bi- fide et faiblement dentelé. Ovaires paraissant con- sister en huit rangs longitudinaux de corps vésicu- leux sphériques ou coniques, correspondant aux huit plis des branchies, et contenant, dans leur ■substance , une multitude de grains , la plupart

DKS A.sriDIES. l5']

hexagones, dont l'agrt'galion représente ù Texlé- rieur une mûre ou baie composée, soutenue par un calice fendu en cinq parties. Ces ovaires ayant presque tous à leur base une autre vésicule gélati- neuse, transparente, sub-pédiculée 5 aucun ovi- ductus visible.

Un second individu, un peu moins grand que le précédent , n'offrait que des vésicules transparentes , sans aucun vestige de grains ou d'œufs.

11. Cynthia polycarpa. Cynthie fertile,

* Mém., pag. gS.

Corps un peu court , irrégulier , sillonné de rides profondes qui se croisent en tous sens, ventru, poilu, d'un jaune ferrugineux. Orifices très- petits, bruns, écartés, et portés sur des mamelons peu saillans; le branchial fenda en croix; Vanal transverse. Grandeur, 18 lignes.

Habite la mer Rouge. Trouvée sur la Cyntliia so- learis.

Enveloppe très-épaisse, ferme, opaque, blanchâtre en dedans. Tunique épaisse, uniformément mus- culeuse , sans faisceaux séparés. Filets tentacu- laires, vingt-quatre environ, épaissis à la base, subulés , moins longs et moins déliés que dans la Cyntliia pomaria. Branchies à réseau très- lâche, offrant des vaisseaux transverses plus appa- rens que les gros vaisseaux longitudinaux. Estomac et intestin conformés comme dans l'espèce précé- dente. Oi^aires de même, du moins à ce qu'il

l58 SYSTÈME

paraît ; car je ne les ai viisque flélris, et transformés en vésicules gélatineuses et ridées.

IV^ Tribu. Cynthite Pandocije.

Sac branchial marqué seulement de huit plis, à réseau

continu. Filets tenlaculaires simples. Foie nul. Une côte cylindrique s'étendant du pylore à

l'anus. Oi^aire unique, situé du côté de l'abdomen, et compris

dans l'anse intestinale.

12. Cynthia. rayliligera. Cynthie porte-moules. * Mém., pag. 98. PI. viii , fig. 2. Ascidia concliilega. Bru G. Encjcl. mètlu, iom.. 1 ,

Corps irrégulier, sub-elliptique, comprimé, plus ou moins ridé, d'un brun livide. Orifices peu ou point proéminens, l'inférieur assez éloigné du supérieur, tous deux cannelés en rayons, et s'ouvranten quatre festons bleuâtres. Grandeur, 1 à 3 pouces.

Habite la mer Rouge, fixée sur les fonds de sable. Son enveloppe sert d'hôtellerie à quantité de petits co- quillages de la famille des Moules, et de l'espèce . nommée par Linné Mytilus discors , qui se logent dans sa substance , et souvent y pénètrent de ma- nière à ne laisser apertevoir que l'extrémité bâil- lante de leurs valves [a).

(rt) Ou trouve ce même coquillage, mais en moindre uoin])re , sur d'autres Ascidies.

DES ASCIDIES. iSq

^ Enveloppe très-épaisse, sub-gélatiiieuse , blanchâtre et nacrée intérieurement. Tunique très-muscu- leuse, mais d'un tissu uniforme et sans distinction de trousseaux , opaque , fort épaisse, d'un brun gri- sâtre et brillant ; tous les viscères du même brun que la tunique. Filets tentaculaires longs, grêles, et au nombre de vingt-cinq à trente. Tubercule voisin du ganglion à spirales multipliées. Sac branchial \xn peu courbé, à réseau ferme et pourvu de forts ligamens. freine branchiale offrant un feuillet simple. Estomac médiocre, presque cylin~ drique, strié à l'extérieur, feuilleté au-dedans, garni d'une large valvule au pylore. Intestin petit , formant une anse arrondie, un peu ouverte. Rec- tum vertical, s'appuyaiit à sa base sur l'estomac sans y adhérer, terminé par un anus lunule, entier ou irrégulièrement dentelé. Ovaire paraissant con- sister en une poche membraneuse fixée dans l'anse intestinale.

l3. Cynthia solearis. Cynthie soléaire.

* Mém., pag. 98.

Corps très-aplati, plus long que large, obtus aux deux bouts, sub-réniforme, ridé longitudinalement, à rides raboteuses , sinueuses , profomJes , revêtues d'un épiderme brun noirâtre, et semées de quelques gros poils. Orr/t tf.s non proéminens, marqués de nombreux sillons , mais s'ouvrant tous deux en quatre divisions principales. Cette espèce, longue de trois pouces et demi, et large de plus de deux

îOo SYSTEME

jDouces , n'c» pas , après la mort , quatre ligues d'épaisseur. Habite le golfe de Suez, fixée ordinairement sur le sable^

EniJeloppe opaque , ayant la consistance et la ténacité du cuir, d'un brun nacré à l'intérieur. Tunique uniformément musculeuse, opaque, et d'un brun noir, ainsi que le sac branchial et tous les viscères, qui sont d'ailleurs conformés et disposés comme dans l'espèce précédente. On remarque seulement que les plis des branchies sont moins saillans, leur réseau moins ferme et moins distinct. Le corps, qui ne remplit pas à beaucoup près la cavité de l'enveloppe, a une ligne au plus d'épaisseur.

i4. Cynthia cinerea. Cynthle cejidrée.

* Mém., pag. 98.

Corps ovale, renflé à la base, régulier et uni à sa surface, complètement couvert d"uu poil ras et serré , d'un gris cendré. Orifices non saillans , l'inférieur un peu éloigné du supérieur, tous deux petits, bruns, cannelés , s'entr'ouvraut eu quatre rayons Grandeur, 1 pouce.

Habite le golfe de Suez , fixée sur des coquillages, etc.

Enveloppe mince , sub-pellucide , blanchâtre inté- rieurement. Tunique d'un gris rougeâtre, uni- formément musculeuse, sans trousseaux séparés. Filets tentaculaires , seize ou enviion , courts,

I)£S ASCIDIES. 16 I

subuk's, à peu près égaux , adliérant par leur base ù un anneau membraneux, qui est situé immédia- tement au-dessus. Tubercule voisin du ganglion tiès-gros, à spirales multipliées. Branvh'es à réijeau ferme et frès-distinct. freine branchiale simple. Viscères de l'abdomen exactement disposés comme dans les deux espèces précédentes. ÏSanus est très- régulièrement crénelé.

Genre III. Phallusia.

Corps sessile , à enveloppe gélatineuse ou carti- lagineuse. Orifice branchial s'ouvrant d'ordi- naire en huit à neuf rayons; Vanal en six.

Sac branchial non plissé, parvenant au fond ou presque au fond de la tunique , surmonté d'un cercle àefdets tentaculaires toujours simples; les mailles du tissu respiratoire pourvues à chaque angle de bourses en forme de papdles.

Abdomen plus ou moins latéral. Foie nul. Une côle cylindrique s'étendant du pylore à l'anus.

Ovaire unique, situé dans l'abdomen.

Espèces. p Tribu. Phallusi-E P/lî^iV^.

Tunique droite.

5ac branchial droit , de la longueur de la tunique ,

XI

162 SYSTl^ME

ne dépassant que peu ou point les viscères de l'ab- domen. Estomac non retourné et non appliqué sur l'intestin.

1. Phallusia sulcata. Phallusie cannelée.

* Mém. , pag. 102, ii4. PI. ix^ fig. 2,

Alcyonium phusca. Forsk. Icon, rer. natur, , lab. 27 ,